Mois : décembre 2004

Rufus Wainwright

Quel immense talent a ce très intense auteur-compositeur-interprète-musicien et personnage! Impressionant, à tout le moins! Je l’ai découvert l’an dernier à Christiane Charette, un peu par hasard. C’est là aussi que j’ai réalisé que je le connaissais déjà, en fait! (je l’avais déjà entendu, mais sans trop accrocher). Et c’est «Want One» qui me l’a révélé, dans toute sa splendeur, sa folie, sa profondeur, sa mélancolie aussi (pas étonnant, dans ce dernier cas, puisque le cd est -de son propre aveu- le témoin ou le résultat de son changement radical de vie, après cure de désintoxication et tout).
Quel GRAND album! MA-GNI-FI-QUE! J’aime l’ensemble du cd, mais j’avoue un attachement plus spécial pour «Beautiful Child» (vraiment ma préférée), et aussi pour «Natasha», «Vibrate», «Harvester of Hearts», «14th street», «Oh what a world». La musique est tellement chargée d’émotions… difficile sinon impossible de rester indifférent-e. Mais on peut ne pas aimer le genre (ce que j’ai peine à imaginer, quand même!). Quand j’écoute cet album, «je pars» littéralement, je plonge toute entière dans son univers. C’est vraiment spécial comme sentiment. Enveloppant.
Après avoir craqué pour «Want One», je suis revenue à ses cds précédents («Poses» et «Rufus Wainwright»), le redécouvrant sous un tout nouveau jour. Je les ai bien aimés, de façon rétroactive en quelque sorte! Avec quelques pièces que je retiens plus particulièrement, comme «Greek Song», «Cigarettes and Chocolate Milk», «Poses», «Across the Universe», «Foolish love», «Matinee Idol». Ainsi que quelques chansons très spéciales (des reprises) qu’il a faites et qui me bouleversent littéralement à chaque fois: «Complainte de la Butte» et «Alleluia». Que d’intensité, ciel!, que d’émotions…
Même si j’avais manqué son show (avec grand regret) à l’automne 2003, je me suis reprise au printemps 2004. Ça en valait largement l’attente! Un formidable show (encore un gros merci à Viet – et quel beau souvenir avec Val!). Il était toujours aussi intense, entouré de bons musiciens, avec une mise en scène éclatée mais soignée à la fois. Je le trouve très attachant et émouvant, tant sur album que sur scène. Et (re-joie!), sa mère, sa tante (les sœurs Kate et Anna McGarrigle) et sa petite sœur sont venues lui prêter talent, voix et mains fortes pour quelques pièces. De très beaux moments, qu’il a enregistrés «live» devant et avec nous.
Toute cette intensité et surtout cette mélancolie peuvent par contre devenir un peu lourdes, parfois. Alors on laisse passer un peu de temps, pour mieux y revenir par la suite… avec une joie toute renouvelée!
J’ai très hâte au petit congé de Noël, afin de me procurer et de m’imprégner de «Want two», le deuxième de la série qui vient de sortir ici. Ça promet! Je vous en reparle assurément.
«Want One», 2003 – «Poses», 2002 ou 2001 (plus sûre!) et «Rufus Wainwright», 1998, les 3 sur Étiquette Dreamworks.

Tapeo

Hier soir, c’était fête au village! Nous sommes allés célébrer Noël -avec des petites compagnies partenaires et amies- (beau bonjour à Julie et Alex en passant!) de très très bonne manière, à ce resto.
Un tout petit endroit, très sympathique, très chaleureux. Un peu petit, finalement, beaucoup de proximité, mais c’est pas grave, incitation à la fête! J’y ai même revu tout à fait par hasard un ancien collègue de travail, Yvon (aaaah! ces surprises si agréables que la vie nous réserve parfois!).
Le personnel est jeune, un peu maladroit ou naïf parfois?, mais ils sont enthousiastes et connaissent bien leur menu. C’est un resto de tapas, ces petits plats d’origine espagnole, tous plus attirants les uns que les autres et qu’il est spécialement agréable de déguster et partager entre amis (et/ou famille).
On commande l’équivalent de 2-3 plats par personne (ratio), qui nous sont servis à un rythme agréable qui nous permet de savourer sans trop attendre entre chacun.
Nous nous sommes laissés tenter par (la carte au complet, ou presque!, finalement!!!), soit: les champignons sauvages poêlés (bon), les calmars frits avec sauce aïoli (TRÈS TRÈS BON – j’ai dû me retenir de voler ceux de la table voisine par la suite!), les pétoncles aux lardons avec épinards et purée (ça aussi, savoureux! CERTAINS en ont même repris!), le poulet de grain en sauce crémeuse et légèrement parfumée à la moutarde (très bon), les tomates confites avec chèvre frais (très bon), le thon en croûte (TRÈS TRÈS BON), les crevettes sautées (bon – mais pas décortiquées, ce qui est un peu plus difficile à apprécier), les pommes de terres farcies au chorizo (Alex… je ne prendrai pas un SECOND pari avec toi!, mais mon dictionnaire m’informe de façon surprenante que le «ch» se prononce apparemment «tch» et le «z», comme un «s»…!!!) avec sauce tomate et les chorizos sautés avec rapinis. Ouf! Il est aussi incroyable d’en dresser la liste aujourd’hui, qu’il fut formidable de les savourer hier… (si j’en oublie je m’en excuse!).
Je me dois également de mentionner le pain, à qui nous avons goulûment fait honneur! Frais, croustillant à l’extérieur, tendre et moelleux à l’intérieur. Vous vous demandez comment nous avons pu s’empiffrer de la sorte? Ne vous en faites pas, je n’ai pas terminé! Nous avions gardé un tout petit peu de place (hihihi! c’est fin, c’est fin, ça se mange sans faim, comme dirait l’autre!) pour les desserts, des incontournables à mon humble avis: le délicieux trio de crèmes (mousse chocolat, brûlée au café et brûlée à la vanille) et les beignets (de longues frites de pâtes, en fait) un peu trop sucrées mais bonnes, que l’on trempe tout simplement dans une bonne sauce au chocolat. Et s’il en reste, on peut même la boire, cette sauce, par la suite. Ce qui ne se fait probablement pas «normalement» dans la vie et surtout dans un resto, mais je ne regrette rien, pas même la gêne que j’ai certainement provoquée chez mes comparses. Moi, je suis gourmande et je m’assume, bon!
Le tout, arrosé d’un bon rouge espagnol, ça va de soi, un Torres / Gran Coronas. Très bon choix qui accompagnait à merveille tous ces petits plats, nous aidant même dans notre dégustatiion il m’a vaguement semblé! Honnêtement, ça peut sembler beaucoup, mais comme il s’agit de petites portions à la fois, on en ressort totalement contentés mais pas lourds du tout.
Un très bon resto, donc, à la formule conviviale vraiment intéressante. Et pas prétentieux, ce qui ajoute certainement au plaisir de la chose! Les prix sont raisonnables, même avec le vin.
511 rue Villeray, près de St-Denis.

Mariages

Celui-là, je l’ai vu au FFM cet été, avec ma bonne copine Martine. On a passé un bon moment, on a bien rigolé! C’est le deuxième film de cette réalisatrice (elle a fait auparavant «Monique», que je ne connais pas), avec une impressionnante horde de comédien-nes: Miou-Miou, Mathilde Seigner, Jean Dujardin, Didier Bezace, Alexis Loret, Chloe Lambert, Lio, etc.
Un canevas de départ assez simple, mais déjà porteur de toute la complexité qu’il contient inévitablement (et telle une bombe à retardement): une journée, celle du mariage d’un tout jeune couple (dans la vingtaine), pendant lequel plusieurs autres couples explosent, se questionnent (dans la trentaine), se résignent ou tentent de se réconcilier (dans la quarantaine). Toute une journée, je vous le confirme! Prétexte aux règlements de compte, aux coups (en bas et en haut de la ceinture), aux bilans, aux changements de toutes sortes…
Les dialogues sont drôles et savoureux, avec plusieurs perles, dont une qui nous a fait vraiment rire (venant de Micky, jouée par Lio): «… Haaaa! la crise de la mi-trentaine: qui suis-je, où vais-je, qui suçais-je?»! Jean Dujardin est incroyable en trouble-fête désillusionné qui ne croit plus (ou n’a jamais osé croire?) à l’amour, avec ses maximes toutes plus grinçantes les unes que les autres. La bande-annonce et le générique d’ouverture en témoignent joliment. Mathilde Seigner (sa conjointe dans le film), lui donne solidement la réplique -et le change-.
Il y a beaucoup d’action dans la maison! (version internationale de «beaucoup de chicane dans la cabane»!) L’histoire se déroule principalement à la résidence de campagne de la mère de la mariée (jouée par Miou-Miou). C’est filmé de façon toute simple mais efficace. Tour à tour, on rit, on réfléchit, on compatit, on s’indigne (un peu!).
Seul (gros) bémol: la fin. En fait, l’avant-fin! Parce que la fin-fin, la dernière minute, c’est ok! Ouverture sur l’avenir, croisée des chemins, ça va. Mais les 10 minutes qui précèdent, ça dérape grave, c’est n’importe quoi! Comme le film sort cette semaine, je ne vous raconterai pas cette fin, mais quelle déception. Moi, j’aurais terminé le film avec l’aube, très simplement. Sans revirement de situation. Mais visiblement, la réalisatrice ne partage pas cet avis! Tant pis!
Réal.: Valérie Guignabodet, France, 2003.

Soiree C’est Extra

Oui, ça l’est! (encore et encore!!!). Les soirées de musique française au Cabaret du Musée Juste pour rire. Ça doit bien faire à peu près 7-8 ans que ça existe (?), que j’y vais (mais beaucoup moins régulièrement maintenant) et c’est toujours un grand plaisir. J’y suis retournée ce week-end avec des amis, et pour l’initiation en règle de deux Français, rien de moins!
C’est d’abord une très belle salle pour un événement du genre. Avec la scène au fond et le grand plancher de danse au mileu, entouré d’un bar et de petits accotoirs. Et un petit balcon qui fait le tour, avec tables et chaises. Quand il y a trop de monde, par contre, c’est un peu difficile de danser (parfois même déplaisant) par moment. Ça joue du coude, ça pousse! Et j’avoue que moi, devoir me battre pour avoir du plaisir et danser à mon aise, ce n’est pas mon fort. Samedi, sur ce point, c’était gé-nial. Peut-être à cause de la température? Qui sait! Mais il y avait juste assez de monde pour un gros party, tout en pouvant s’exécuter en paix et en harmonie!
Ce qui est vraiment formidable, c’est l’espèce de sentiment de joie et de bonheur qui émane de la foule et des chansons. Genre: tout le monde il est beau, tout le monde il est heureux! Ça fait du bien de se retrouver comme ça à danser entre amis. On peut aussi se défouler, y aller gaiement, l’ambiance porte définitivement à la fête. Il y a aussi quelques prestations de participants inspirés et engagés, c’est très drôle.
Certains détestent ce genre de musique, moi j’adore. C’est tellement vivant, emballant, stimulant! Les Françoise Hardy, Jacques Dutronc, Joe Dassin, Dalida, Aznavour, Michel Fuguain, même la Cie créole, je vous dis! Et plein d’autres. You-hou! Ils ont ajouté depuis un an ou deux, des chansons québécoises. Des vieilles tounes de Ginette Reno, de Nanette, de Boule Noire, de Renée Martel. C’est féérique! Jamais je n’aurais imaginé danser un jour sur ces chansons là… Eh bien c’est fait! Ce fut de plus un grand plaisir. Et une réussite: les deux Français -j’ai nommé Viet et Loïc- ont apparemment bien aimé leur expérience. Et je vous confirme qu’il s’agit également d’un plus pour la soirée et les habitué(e)s, car ce sont d’énergiques et formidables danseurs et participants!
Petit bémol: c’est un peu cher. 8$ l’entrée et presque 2$ le vestiaire, l’alcool au prix normal. Mais quand on y danse intensément quelques heures, ça vaut la peine!
Au Cabaret du Musée Juste pour rire, 2111 rue St-Laurent près de Sherbrooke. cabaretmusichall.com pour l’horaire.

La face cachée de la lune

J’ai vu ce film l’année dernière à Ex-Centris et j’avais (depuis) très envie de le revoir. Ce qui est déjà un très bon signe, non? (hihihi!)
Je me suis donc trouvé un petit moment en fin de semaine pour m’exécuter. Quel bon et surtout quel beau film. Les films de Robert Lepage sont toujours très élaborés et un peu complexes. Celui-ci (probablement mon préféré, mais j’aime pas mal tous ses films) est beaucoup plus qu’un film, c’est une œuvre. Du début à la fin.
Depuis le tout premier plan de l’intro, les images de la Lune, les parallèles avec l’homme et les repères historiques, j’étais sous son charme. Il y a une très belle histoire, celle de deux frères et de leur relation (ou plutôt manque de relation). Ça parle de contrastes, de recherche de soi, de mort, d’évolution, de différence, de rapprochement et d’acceptation. Et en même temps, de la Terre, de la Lune, de l’Univers, de la place que chacun occupe. Tout au long du film, les plans se succèdent, chaque fois différents, faisant le pont de façon magifique entre deux idées, deux séquences d’images. Le film est ainsi une suite de tableaux, tout en conservant le fil de l’histoire et nous guidant à travers elle. RL utilise tout plein d’icônes ou objets pour ce faire, comme la forme de la Lune, le hublot d’une fusée, celui d’une machine à laver, la lumière, les étoiles, etc. Il y a même plusieurs effets visuels assez réussis. C’est très beau et très recherché. Je suis convaincue que chaque plan a fait l’objet d’un grand travail, d’une recherche, du souci total du détail. Et le résultat est à la hauteur, tout comme la trame sonore qui complète bien le film.
C’est très drôle. Un humour tantôt absurde, souvent auto-dérisoire, caustique. RL joue les deux rôles principaux de façon magistrale. Je suis tellement impressionnée par tout le talent de cet artiste, c’est incroyable. Il campe aussi bien le frère aîné, éternel étudiant un peu déconnecté que son cadet, un homosexuel parvenu, égocentrique et menteur. Les dialogues, surtout ceux entre les deux frères, sont délicieux. Je n’ai pas vu la pièce de théâtre (malheureusement), mais je suis certaine que c’est une transposition vraiment réussie).
Les couleurs sont très belles, très vives. Et il joue à l’occasion avec le noir et blanc des (fausses) images d’archives versus la réalité. Mais chaque fois c’est pertinent, disons. Et c’est ce qui rend l’ensemble vraiment bon et intéressant.
Histoire apparemment en grande partie autobiographique. Je rie encore juste à penser au plus jeune frère, et sa célèbre «Je parle fort, et je ne suis pas ridicule»! (J’aimerais tellement que ça fasse partie des choses tirées de la réalité!!!).
Réal.: Robert Lepage, Canada, 2003.