Catégorie : Decouverte

Citation

« La plume est la langue de l’âme ».
C’est joli, non?
C’est Miguel de Cervantes -l’auteur du célèbre Don Quichotte-, qui l’a dit!
(et moi, je le sais car c’est Renaud-Bray qui me l’a répété).
Je sais que c’est un peu commercial et même quétaine, ce genre de carte-citation, mais moi, parfois, ça me touche, ça me parle, ça me fait même réfléchir.
Et celle-là, je la trouve belle et tellement représentative de ce que je ressens.
Dans mon très profond. Bon!
Sauf que, contrairement à l’habitude, je dois donc conclure avoir la « langue » fatiguée (à terre?!?), ce soir, car là s’arrête apparemment mon inspiration…

Noi Albinoi

Voici un synopsis potentiel: « Un jeune homme de 17 ans habite avec sa grand-mère. Il est désillusionné, désabusé, seul ET solitaire. Il tourne en rond, la plupart du temps. Il fréquente l’école comme on fréquente l’ennui, par obligation. Il y est d’ailleurs un peu victime de son intelligence au-dessus de la moyenne. Il vit en Islande, terre arride et froide (en pratique comme en théorie) ».
Maintenant, je vous propose la critique suivante : « Un film surprenant, cousu d’humour et de silences, tellement intéressant, avec des acteurs-amateurs incroyables. J’y ai connu un de mes plus gros fou rire –à vie-!».
Enfin… est-ce que je vous surprend si je vous précise que cette critique s’applique au film tiré du synopsis qui la précède!?! HAAAA ! (que je vous surprenne ou non, fallait que ça sorte, bon !). Si je ne vous ai pas surpris : tant mieux ! Si oui : ce n’est qu’UN des exemples de tous les formidables -mais méconnus/undergrounds- films qui font régulièrement mon plus grand bonheur!
Plusieurs amis/membres de ma famille me taquinent au sujet de mes goûts (douteux, oseront même certains!?) pour les films serbo-croates sous-titrés en deux langues (au choix!). Voici donc la meilleure démonstration que je puisse faire pour appuyer/expliquer mon point. Ce qui ne veut certes pas dire que tous partagent les mêmes goûts et/ou que je vais nécessairement rallier une majorité de gens. Mais qu’il ne faut pas TOUJOURS se fier aux apparences, aussi ardues soient-elles!?!
Noi Albinoi, c’est un petit bijou de découverte que j’ai fait il y a un peu plus d’un an (je vous le donne en mille: au FCMM). Dès la première séquence, l’humour très particulier s’installe. Un heureux mélange d’autodérision, d’ironie, de sarcasme et même de gags un peu plus « faciles », si je peux m’exprimer ainsi. Tourné en 35mm, sans décors (du vrai, que du vrai), avec très peu de moyens. Éclairage faible et naturel, qui contraste avec la froideur éblouissante de la neige.
C’est l’histoire de ce jeune homme, de son quotidien entre une grand-mère attachante et quelque peu excentrique, un père alcoolique et complètement raté, un ami qui n’en est pas un, une école avec son directeur complètement dépassé… mais aussi une rencontre avec une jeune fille travaillant à la station-service du coin.
Sujet vraiment banal, pour un très bon film. L’art de filmer l’ennui, de façon intéressante et drôle, sur fond tragique. Un défi, quand même, non ?
Je dis simplement : Bravo ! (surtout pour un premier long métage de ce réalisateur).
Nòi Albinòi – Réal.: Dagur Kàri, Islande/Danemark/Allemagne/Royaume-Uni, 2003.

Thomas est amoureux

Eh non! Ce n’est pas un genre de «film de filles» pour garçons! Au contraire! Malgré son titre un peu «rose», je dirais, c’est un film virtuellement innovateur, original et très intéressant. HA!
Un autre qui a quelque peu modifié mes horizons cinématographiques. Et que j’ai découvert au FCMM il y a quelques années. Un bonheur arrive rarement seul…
L’histoire de cette comédie virtuelle et quelque peu dramatique est relativement simple. Mais c’est la façon dont le film est tourné et monté qui en fait une découverte vraiment intéressante. Un film qui se passe dans le futur (qui n’est peut-être pas si loin?). Thomas est un homme dans la jeune trentaine qui est agoraphobe. Dès lors il ne sort plus de chez lui et vit… autrement!!!
C’est toute cette vie que l’on découvre, avec ses limites, ses contraintes mais aussi ses immenses et virtuelles possibilités. On découvre sa mère, son psy, ses rencontres, ses peurs, ses quêtes aussi. Et on assiste à sa lente évolution.
Dès les premières images, on est surpris, déstabilisé. Puis on entre dans son monde et on partage littéralement son quotidien (une partie de celui-ci). C’est un film au point de vue complètement subjectif (celui de Thomas). Qui nous fait vivre toutes ses émotions/ses frustrations. Qui nous propose une société inventée, différente, et qui modifie certains standards techniques du cinéma (traditionnel).
Un film en apparence froid et statique. Qui parle d’Internet et de cybernétique. Mais qui est tellement humain, en fait. Parlant d’individualisme, de société, de solitude aussi. Et abordant l’éternel enjeu qu’est l’amour et sa place ou son importance dans la vie de chacun.
Moi je suis tombée complètement sous le charme. Je l’ai même revu après avec des amis, tellement j’avais aimé. De belles découvertes qui nous amènent complètement ailleurs et semblent nous ouvrir à plein de choses. À ce moment, j’avais été fascinée de voir que des gens pouvaient imaginer un tel film. Je le suis enocre, finalement!
Réal.: Pierre-Paul Renders, Belgique, 2000.

La vie la vie

En discutant avec une amie récemment (à qui j’ai prêté les dvds), toute la série m’est revenue en mémoire, avec toute sa simplicité et toute sa splendeur.
À mon avis, une des meilleures séries télévisuelles québécoises, sinon LA meilleure. Ce ne fut certes pas un énorme succès populaire (ce qui, dans mon cas personnel, est généralement rassurant) mais une belle série, bien écrite, bien tournée et merveilleusement bien réalisée.
Stéphane Bourguignon a signé les textes. Un petit projet tout simple à la base. Celui de parler de sa génération (et donc de la mienne – yé!), de ce que l’on vit, de ce qui nous préoccupe, de ce qui nous tient à coeur et nous fait peur. De ce qui nous fait envie aussi et même parfois rêver. Notre vie globale et notre vie quotidienne. Beaucoup de simplicité et d’authenticité à travers tout ça. Avec comme noyau un groupe d’amis, début trentaine: un couple/Marie et Simon, leurs amis Claire, Vincent et Jacques (un homosexuel qui est également le frère de Marie). Ça parle des vraies choses. Des joies, des peines, des remises en questions, des doutes, des erreurs et des bons coups. Ça fait du bien…
À travers les épisode et les saisons, j’ai ri -beaucoup!-, j’ai réfléchi, j’ai pleuré. Je me suis également et régulièrement identifiée, reconnue dans ces histoires et j’en ai été très soulagée. Et le plus important: je me suis sentie tellement moins seule, parfois, dans ce que je vivais ou ce que j’avais vécu. J’y ai redécouvert (ou découvert) des comédiens si justes, si talentueux. Si crédibles. Des rôles sur mesure, on croirait. Je me suis tant attachée à ces personnages et à leurs vies (une première dans mon cas!) que quand la série a pris fin, j’ai vécu comme un petit deuil! Du moins, un petit chagrin. Assez spécial comme sentiment…
La musique originale et toute la trame sonore sont vraiment très belles, admirablement bien adaptées à la série et nous restent en tête longtemps après. La mise en scène est éclatée, sans cesse différente, renouvelée, toujours si bien intégrée avec le sujet, les thèmes, l’humour. Beaucoup d’humour. Montage inventif, renouvelé, extrêmement bien fait, plein de surprises, de clins d’oeil. De magnifiques images, tant des personnages et de leur environnement que de Montréal toute entière.
Une formidable tranche de vie sur une génération qui se cherche et se trouve parfois! (parfois même souvent!), qui aspire à beaucoup, qui est tantôt déçue mais qui se relève chaque fois pour affronter de nouveaux projets ou défis. Sur son rapport avec le travail. Sur ses liens avec la famille, les amis et l’amour. Sur la place que prend chacun, au quotidien. Sur la richesse et sa nouvelle définition, propre à chacun. Mais qui se réfère bien souvent davantage à notre vie entière, au temps que nous avons, aux gens et aux relations qui nous entourent, qu’à de simples considérations monétaires.
Réal.: Patrice Sauvé. Co-produit par Nicole Robert.

Pierre Lapointe – Prise 1 de 2

Et quelle découverte! Je me souviens encore du moment précis où je l’ai entendu pour la première fois, à la radio. J’étais saisie. Sur le coup, je ne savais trop quoi en penser. J’avais spontanément été séduite par la voix mais trouvé le style musical très particulier. Un mélange de Brel (un peu), de rythme de cabaret/comédie musicale, de mélodies parfois très nostalgiques, très théâtrales, avec des textes denses et souvent lourds de sens… sonorité assez originale, somme toute! Avec sa voix -et son talent- qui sont vraiment uniques.
Les artistes comme Pierre Lapointe me fascinent. J’ai parfois l’impression que je ne saurais que faire (ou comment?) de tout ce talent réuni en une seule personne! Magnifique don mais aussi énorme responsabilité – celle de l’exploiter complètement, entièrement, toujours plus loin. Il signe les paroles, la musique, plusieurs arrangements, toutes les voix et même le piano de cet album. Fascinant, je le répète! Et il semble si jeune.
Je suis consciente de me prêter ici -et bêtement- à comparer des pruneaux secs avec des mangues juteuses et bien mûres, mais quand je pense à des artistes comme lui qui doivent travailler si fort pour gagner (je l’espère!) leur vie et ce, malgré tout leur talent, puis que je fais le parallèle avec les succès-instantanés-populaires à la Star-machin… j’en ressens une profonde tristesse! Et une grande lassitude, empreinte de futilité (en tant que membre -même involontaire!- de ce peuple amateur de facilité et de superficialité, disons). Mais ça, c’est une toute autre histoire! Ciel que je suis parfois «engagée», disons!
J’aime beaucoup PL, et j’aime son cd. Je n’aime pas toutes les chansons, mais j’en aime plusieurs. J’ai plus de difficultés avec celles qui ont des airs très sombres, disons. Une certaine lourdeur s’en dégage pour moi (par exemple «Debout sur ma tête» ou «Étoile étiolée»). À l’inverse, je suis tombée follement amoureuse avec «Poitant le nord», un petit bijou de chanson qui me fait pleurer d’émotion à chaque fois (ce qui n’est pas très pratique, par contre!). Cette chanson-là me touche tellement. Et le plus bizarre est que je ne peux pas VRAIMENT expliquer pourquoi (à part que je la trouve enlevante et magnifique), car c’est une autre particularité de cet album/de PL: (je vous fait ici ma première confidence de 2005 – et sûrement pas la dernière!) j’avoue humblement ne pas toujours bien saisir quelques-uns de ses textes (ou du moins en avoir la forte impression). C’est probablement ce qui explique que, si les mélodies et les airs me restent longuement en tête, les paroles, elles, ne font souvent que passer. Elle me reviennent ensuite «en direct» quand je les écoute, mais je n’arrive pas bien à les retenir. Poésie complexe et désarmante. Ou peut-être un peu trop loin de moi?
«Le colombarium», «Place des Abesses», «Hyacinthe la jolie» (sûrement les plus connues) sont comme des petites fêtes d’été rafraîchissantes, malgré la gravité de leurs sujets. Ça s’écoute si bien! À nouveau, je pense que ce sont les mélodies très théatrales qui me donnent cette impression.
Ce vendredi, je vais voir son spectacle (grâce à mon amie Julie L – encore merci ma belle fille!). J’ai très hâte et en même temps je me sens un peu fébrile. Sentiment d’anticipation un peu obscur. Je vous en reparle donc, en prise 2!
Pierre Lapointe – album éponyme, Étiquette Audiogramme, 2004.