Catégorie : Grand moment de…

Little Miss Sunshine

…délire, et de rire! Vraiment, je ne me souviens pas avoir autant ri, et de si bon coeur, en regardant un film.
Un tout petit film tout simple, tout frais, mais d’une folie, d’un humour extraordinaires.
Un road movie qui rassemble spontanément plusieurs membres d’une même famille, mais qui sont aussi différents et opposés que la Chine, le Cameroun et le Moyen-Orient réunis le seraient, par exemple (mais là s’arrête l’analogie, je précise).
Une mère de famille divorcée, son frère homosexuel et suicidaire, son chum motivateur (presque qu’en faillite), le père de celui-ci, un viel obsédé très actif, ainsi que les deux enfants de la mère, un ado quelque peu «différent» qui ne dit mot et son exquise petite soeur (Olive), une mini « miss america » en devenir (et très originale).
L’histoire raconte donc le grand voyage qu’ils effectuent ensemble, par la force des choses, pour mener la petite Olive aux finales d’un concours de beauté. Et les conséquences, au fur et à mesure des événements qui surviennent en chemin. Tous plus improbables ou farfelus les uns que les autres. Mais auxquels on croit, et surtout, qu’on suit avec un intérêt soutenu et une curiosité certaine (du moins en ce qui me concerne).
Pas de morale, pas de jugement (sauf pour les personnages entre eux, bien sûr, et pour notre plus grand plaisir!), beaucoup de sentiments, bons et moins bons, beaucoup de tendresse, malgré tout, et des liens beaucoup plus profonds qu’il n’y parait. Sur toile de fond, une critique assez virulente du monde des concours de beauté. Ce qui n’est pas pour me déplaire et qui ajoute à l’intérêt de la chose.
Avec des comédiens fabuleux. Tous. En commençant par Toni Collette (la mère), que j’aime beaucoup. Mais aussi Abigail Breslin (Olive), Greg Kinnear (le motivateur), Paul Dano (le frère d’Olive), surprenant Alan Arkin (le grand-père) et Steve Carell, l’oncle homosexuel.
Ce genre de film me séduit, me ravit. Et je me demande ensuite comment les réalisateurs et scénaristes ont bien pu imaginer et produire un tel projet… mais en les remerciant intérieurement de l’avoir fait.

Coupe du Monde de soccer

Ou de foot, pour les Européens. En fait, à bien y penser, c’est eux qui ont raison, non??? Football, c’est vraiment ce que nous appelons le soccer (qui se joue avec les pieds). Anyway! Je parle de la Coupe qui s’est terminée hier, avec la victoire des Italiens. Après (on le sait tous!) un match normal, deux prolongations et les tirs au but. Je trouve ça tellement injuste de terminer un tel tournoi sur une séance de tirs au but, moi, non? Tellement pas à l’image du match, en plus, généralement.
Je n’ai pas vu tous les match (job oblige!), mais j’en ai vu quelques-uns. Et chaque fois, c’est excitant, c’est du beau sport, c’est vraiment intéressant.
Je me disais la semaine dernière que c’est un des rares sports qui demande autant d’effort (soutenu) et de forme physique pendant un match. Et où il n’y a pratiquement pas de «bataille», comme on dit. Mais il y a des frustrations, du mécontentement et des prises de becs… ou de tête, comme pour le malheureux Zidane, hier. Ciel! Que de tristesse! Et quelle fin en queue de poisson pour lui. Mais je m’arrête ici, tout a été dit. Et le pauvre Trezeguet, qui a raté son but, pauvre petit loup, quel fin ingrate, je vous dis!!! Je regardais les nouvelles à l’instant, et on voyait la rentrée somme toute glorieuse des Bleus dans leur pays. Et la cérémonie de Chirac en leur honneur. Et la foule, qui a applaudi leur équipe qui a vraiment bien joué, malgré l’ultime défaite. Et Trezeguet, qui a fondu en larmes, devant les applaudissements de la foule qui scandait son nom avec fierté. Et moi qui avait le «moton», trop heureuse de confirmer qu’un grand joueur ne se résume (quand même pas!) à un tir au but raté de justesse, non!?!
C’est également un des rares sports où les partisans le sont autant. My God! C’est fou! Dans mon coin, les jeunes s’habillent aux couleurs de leurs pays respectifs depuis le début du tournoi, portent des billes à ces couleurs dans leurs tresses (je le jure!), klaxonnent allègrement en faisant flotter leurs drapeaux, etc. Je me demande si c’est comme ça dans les autres pays??? J’ai de la difficulté à l’imaginer. Peut-être parce qu’on a pas une équipe à «nous», qui nous représente comme pays officiel? Sais pas…!
Et hier, hier, c’était l’apogée! J’ai eu de la difficulté à revenir chez moi, de l’Île des Soeurs. Je ne pensais pas habiter la petite Italie, mais j’avoue qu’aujourd’hui, j’ai des doutes!?! La rue Jean-Talon n’était que deux immenses files de voitures, à perte de vue, vers l’est comme vers l’ouest. Avec, à nouveau, les drapeaux, klaxons, enthousiastes partisans, c’était l’euphorie totale… jusqu’à passé minuit! C’est ce qu’on appelle de la joie, ça, non? (Je pense que oui!)
Moi, les Italiens, j’avoue avoir un faible un faible pour eux (surtout les hommes!), et leur pays, et leurs vins, et leur bouffe. Mais cette fois, ma tristesse et ma déception m’ont confirmé que j’avais vraiment «les Bleus» (les vrais, ceux de la France) tatoués sur le coeur. Et surtout mon beau Thierry Henri. Quel joueur! Et quel beau but lors du match où la France a éliminé le Brésil il y a une semaine.
Enfin… ainsi s’achève un beau tournoi rempli de surprises, de joies pour les uns, de déception pour les autres. Mais de beaux spectacles pour tous, je trouve. Et qui passe tellement vite. C’est fou!
On s’en reparle dans 4 ans?!?
Et je termine sur un petit clin d’oeil à Julie, ma copine de voyage en France il y a déjà quelques années. Et ses efforts pour me faire rire, à Rouen, si je ne m’abuse… je vois encore son bras en l’air et Jul qui le tourne en scandant «les Bleus, les Bleus»… merci Jul! Ça me fait encore rire, rien que d’y penser!

La foret des mal aimes

Je l’ai acheté dès sa sortie il y a plusieurs semaines déjà et, depuis la toute première écoute, je suis séduite. Ce qui est très rare, dans mon cas.
Pierre Lapointe est un incroyable musicien, compositeur et interprète (je l’ai sûrement déjà dit pour son premier album). Je le répète donc! Autant de talent dans une seule et même personne est fascinant. Vraiment.
J’adore ce deuxième album, que je ne me tanne pas d’écouter, d’explorer, d’apprécier. Et ce, malgré que les grandes attentes que m’avait imposées d’emblée le premier.
Cette fois-ci, sa musique est encore plus enlevante, plus harmonieuse, disons. Je pense qu’il n’y a qu’une chanson qui me plait un peu moins sur tout l’album («De glace»). Les mélodies sont tellement entraînantes et son style, toujours aussi théâtral.
Mon plus grand coup de coeur va pour la toute petite «Qu’en est-il de la chance». On dirait le thème d’un enivrant «road movie». Et j’aime aussi la chanson titre, ainsi que «Deux par deux rassemblés», «L’endomètre rebelle», les chansons à numéro (25-1-14-14), «Nous n’irons pas», «Au pays des fleurs de la transe», etc., etc. Elles sont toutes bonnes, et plusieurs sont tout simplement formidables.
C’est moi ou les textes sont un peu plus accessibles que sur le premier? Ou alors ce sont les mélodies plus légères qui nous donnent cette fausse impression… J’oserais un peu plus de transparence, peut-être, ou un peu moins de grande lourdeur. Mais il est toujours aussi intense et passionné.
C’est vraiment, vraiment, tout bon. Je me demande déjà à quoi va ressembler son prochain spectacle…
Sur étiquette Audiogram, Québec, 2006.

Encore une fois, si vous permettez

L’autre pièce de Michel Tremblay, présentée en ce moment à Montréal. Assurément une période très fructueuse pour ce dramaturge, si important à la culture québécoise.
D’abord, il faut que je vous fasse un aveu. Je savais que Louison Danis était une grande comédienne. Ce que je ne savais pas, c’est qu’elle était une très grande, une gigantesque comédienne. Fabuleuse de sincérité, de justesse, de talent. Certainement un rôle fait (presque) sur mesure pour elle. Drôle, sans être exagérée, généreuse, sans être gratuite, émouvante, sans être facile.
La pièce nous raconte la magnifique relation (autobiographique) entre l’auteur et celle de ses jours. La folie, la tendresse, la dérision et l’amour, tout l’amour, d’une mère pour son fils (et vice-versa). La proximité, aussi, dans une relation tellement spéciale, tellement empreinte de respect, de complicité, d’humour et d’imagination délirante et débordante. Et, apparemment et pour notre plus grand plaisir, héréditaire. Ou communicative?
Sur scène, tout doucement et tout en simplicité, la narration est faite en direct par le fils (très bon Daniel Simard), qui est aussi le plus grand «fan» et spectateur de cette immense icône que représente sa mère. De son enfance à l’âge adulte.
La mise en scène est toute simple, mais d’une efficacité formidable. Un coffre, un rideau, un tablier… et le tour est joué. Très, bien joué. De là, nous assistons à plusieurs moments forts, moments clés dans leur relation. De petits épisodes tour à tour comiques, intenses, dramatiques, tragiques, même. Ou tous ces attributs à la fois.
Un hommage des plus touchant, des plus fondamental, en même temps. Celui d’un fils pour sa mère, sa muse, son inspiration. Et, en retour, l’amour -plus qu’inconditionnel- d’une mère pour son fils, ses aspirations, ses peurs, ses rêves, ses souhaits les plus chers.
Banal, en théorie. Magnifique, en pratique. À voir, ou même revoir. En peu de mots, on récolte souvent ce que l’on sème… ou ceux que l’on aime.
Théâtre d’Aujourd’hui, texte de Michel Tremblay, mise en scène de Louise Laprade, avec Louison Danis et Daniel Simard.

Transamerica

Quand des critiques utilisent des expressions du genre «porter un film sur ses épaules», je me dis toujours que oui, bon, le ou la comédien(ne) est effectivement très talentueux(se)/très bon(ne) dans son rôle, mais qu’il ne faudrait quand même pas exagérer.
J’ai quelque peu changé d’idée en voyant ce film, porté largement sur les délicates mais ô combien solides épaules de la principale protagoniste, Felicity Huffman.
Elle est époustouflante dans ce rôle. Cette comédienne au demeurant si féminine, charmante, jolie (la maman des triplets hystériques dans «Desperate Housewives»), nous livre ici le rôle on ne peut plus convaincant d’un transexuel, une semaine avant son opération (qui complètera son changement de sexe masculin au féminin) et qui apprend tout à coup qu’il a un fils. Une nouvelle qui viendra tout chambouler ses plans mais aussi ses croyances et sa vision de la vie.
On ressent le malaise de l’homme pris dans son propre corps alors qu’il n’est et qu’il n’aspire qu’à être la femme qui est enfouie au plus profond de lui-même. Depuis si longtemps. Sa voix, sa maladresse, ses manières gauches, sa démarche inégale, tout est crédible. C’est vraiment une performance enlevante.
L’histoire n’est pas sensationnaliste, ni démesurée, ni spectaculaire. C’est un scénario qui se veut plutôt «ordinaire», pour un sujet qui ne l’est pas encore. Mais le traitement est sobre, intelligent, tellement humain. À quelques moments, les personnages sont un peu surréalistes (comme les parents de Stanley/Bree), mais le traitement sobre permet de ne jamais décrocher, d’y croire, de se laisser transporter.
Un film très touchant sur l’amour, l’amour propre, l’amour filial, le besoin et la recherche d’amour. Et sur l’acceptation et l’appartenance. Un «road movie» plein d’humour et de tendresse, qui fera voir du pays -et de toutes les couleurs- au «père» et son fils.
Réal.: Duncan Tucker, É.U., 2005.