Catégorie : Un bon film, un!

Casino Royale

Les films de James Bond sont un petit peu pour moi ce que Madonna est à la culture musicale populaire: une belle grosse machine, qui nous livre chaque fois tout un spectacle, technologie à l’appui, pour notre plus grand plaisir, celui de nos yeux et de nos oreilles. Des productions très professionnelles, faites par des artisans de métier –et de talent- qui en ont les (grands) moyens.
Au départ, je l’avoue, j’avais des préjugés, tout aussi négatifs que superficiels. Parce que, voyez-vous, je suis de celles qui affectionnent particulièrement l’homme à la chevelure et aux yeux d’ébène, à la carrure et à la taille disons généreuses et au charme/l’accent plutôt classiques. Alors le blondinet aux (ma-gni-fi-ques) yeux bleus, moi, vous comprendrez qu’il partait avec au moins une « prise » à son dossier (au sens très bucolique de « 3 strikes… you’re out! »).
Quelle ne fut donc pas mon étonnement, ma surprise et mon grand intérêt de découvrir ce nouveau chapitre!?! Le dernier en liste mais le premier en livre. Et où les choses vont beaucoup plus loin, sont traitées très différemment. Nous aprenons d’abord d’où nous viennent les deux «00» du célèbre agent, sa license, en quelque sorte. Nous le voyons faillir, pour mieux se reprendre bien sûr, mais faillir quand même. Nous entrevoyons un James Bond beaucoup plus humain – nous démontrant ainsi sa vulnérabilité (et le fait qu’il en ait déjà eue!) et ses sentiments, parce qu’il a du cœur, beaucoup de cœur, même s’il manquera de le perdre, par deux fois plutôt qu’une d’ailleurs! Et donc de mieux saisir le James que nous connaissions déjà.
Et c’est ce qui m’a d’abord plus. Probablement aussi parce que j’ai besoin de comprendre pour bien saisir/apprécier vraiment quelque chose et ensuite, parce que cela permet une soudaine et certaine proximité avec le personnage principal. Ça nous le rend plus accessible, disons.
Et en adepte de la conduite et des belles voitures, quel plaisir de le voir avec son petit bijou bleu acier (une Aston Martin DBS, rien de moins). My God! Oui, bon, quelle tristesse, aussi, quand on sait ce qu’il en adviendra mais peu importe, ça m’a fait plaisir… et rêver, l’espace d’un petit moment!
Avec de très bons comédiens, dont Daniel Craig, très convaincant dans le rôle-titre, la formidable Judi Dench (qui joue « M »), une des grandes dames/actrices anglaises, le téméraire Mads Mikkelsen, dans le rôle de « Le Chiffre » (qui m’avait tant chavirée dans « Open Hearts ») et la belle Eva Green, qui brisera plus d’un cœur, mine de (vraiment) rien, dans le rôle de Vesper Lynd.
Dernier point qui a vraiment retenu mon intérêt (à part la réalisation technique qui est, comme toujours, à la hauteur) : les cascades sont beaucoup plus impressionnantes et plus physiques/réelles, du moins en apparence (vs virtuelles/artificielles, disons).
Un film tout à fait dans le coup, une fois de plus, tournant autour d’une copieuse partie de poker, jeu de cartes très à la mode en ce moment. Mais bien sûr, quand il s’agit de James Bond, le jeu en vaut toujours le coup, ou plutôt les coups, qui sont toujours en quantité, mais aussi en qualité/originalité une fois de plus.
Morale de l’histoire/du film: même blond… toujours très Bon(d)!
Réal. : Martin Campbell, co-production É.U./Angleterre/Allemage/République Tchèque, 2006.

Running with scissors

Quel improbable mais formidable titre! Qui colle tout à fait au film: on ne sait jamais trop ce qui va se passer, on sait que le personnage principal court assurément quelques dangers, mais qui comportent également une certaine excitation, possiblement elle-même porteuse de promesse, s’il est un peu prudent chemin faisant! Pas sûre d’être claire… mais je pense que cela fait du sens si on a vu le film!?!
Un film qui parle de la recherche de notre identité, la recherche de notre (vraie) famille (peu importe celle-ci, puisqu’elle n’est pas toujours celle qui nous a choisi ni celle que l’on croit) et de façon plus large, notre capacité de survivre à des événements marquants de notre enfance, tous difficiles et troublants soient-ils.
J’aime beaucoup ce genre de film qui nous déstabilise, nous surprend, nous entraîne dans un complexe récit à la fois rempli d’humour, de délire, de drame, d’absurdité, d’ironie et de folie. Parfois un cocktail dangereux, pas nécessairement heureux, mais fort bien réussi dans ce cas-ci. Un peu dans la lignée de «The Royal Tenenbaums». Je parie que si vous aviez aimé ce film, vous aimerez également «Running with scissors». Et vice-versa!
Avec une brochette de comédien-nes aussi impressionnante que talentueuse: Annette Bening, Alex Baldwin, Gwyneth Palthrow, Brian Cox, Joseph Cross (pour ne nommer que ceux-ci).
L’histoire est inspirée des mémoires de Augusten Burroughs (dans les années 60/70), jeune garçon dont le père est alcoolique (Baldwin), la mère une poète ratée complètement mégalo et instable (Bening), et qui se fera adopter (de force!) par le psychiatre de cette dernière et son ô combien dysfonctionnelle, bizarre et excentrique famille. Des expériences et des découvertes qu’il fera, toutes plus surprenantes les unes que les autres. Et jusqu’où tout cela le mènera…
Un film très touchant, empreint d’une grande sensibilité, malgré ses excessives apparences.
Réal.: Ryan Murphy (qui a entre autre réalisé la série Nip/Tuck), É.U., 2006.

The Illusionist

Un film qui m’ingriguait depuis un moment. Je me suis finalement résolue à le louer, à ma plus grande satisfaction, puis-je affirmer un peu «linéairement» maintenant!
Un très bon scénario, à l’intrigue bien ficelée, avec une belle et intense histoire d’amour doublée de drame, de jalousie, de manipulation, de préjugés. Un habile jeu de mains et de pouvoir, à l’image des personnages en scène : une duchesse (Jessica Biel – magnifique) amoureuse d’un magicien et illusioniste (Edward Norton – également magnifique, dans tous les sens du terme…- et dans ce rôle qui semble écrit pour lui), eux-mêmes suivis de près par un policier (excellent Paul Giamatti) et son informel patron, prince aspirant à la couronne de Vienne et à une union matrimoniale avec la duchesse (très convaincant Rufus Sewell).
La caméra est très belle, très léchée, un mélange de sophistication visuelle, de traitement de couleur, d’effets d’ombre et de lumière. L’action se déroule au début des années 1900 en Autriche, et le traitement de l’image ainsi que les changements de plans nous rappellent les débuts du cinéma, avec couleurs foncées, riches, chaudes (dominance de sépia) et pleines de mystère, comme le sujet.
La musique est également très belle et omniprésente. Teintée de classique, très théâtrale, elle vient scander le rythme et appuyer l’action, devenant presque un personnage.
Le film est intéressant du début à la fin, intriguant, le rythme est soutenu. Bon équilibre entre le drame et l’humour, l’illusion et la réalité, le rêve et la désillusion…
Réal.: Neil Burger, É.U., 2006.

Le couperet

Une comédie de surface qui n’en est pas une au fond, où le drame est omniprésent mais traité avec une désopilante légèreté. On rit un peu jaune, mais on rit quand même. Et on se sent presque mal (ou complice?) de le faire… bruit de déglutition un peu difficile! (ok, ok, j’exagère un peu, c’est pour être marketing!!!)
Le comédien principal, José Garcia, est vraiment très bon. Il nous tient en haleine presque tout au long du film, ne sachant jamais trop sur quel pied il se mettra -ou non?- à danser. Casting impeccable, il a vraiment la gueule de l’emploi, sans jeu de mots déplacé! Sa partenaire et épouse, jouée par l’excellente Karin Viard, lui rend bien la réplique. Un peu surprenante dans ce rôle intense mais tout en douceur, en retenue.
Quelle histoire! Un cadre très expérimenté, biochimiste spécialisé dans l’industrie du papier se voit remercié de l’entreprise où il travaille lors de la restructuration de celle-ci et se retrouve, bien malgré lui, au chômage. Après une analyse profonde et plutôt drastique de la situation et de ses chances de retrouver un poste à la hauteur de ses compétences, il décide d’utiliser tous les moyens possibles pour y arriver… ça va très loin, pour paraphraser Anémone dans «Le Père Noël est une ordure»!
Costa-Gavras réussit à nous faire croire au sérieux de la situation et des événements tout en nous divertissant, ce qui n’est pas qu’une mince affaire dans ce contexte. Tourné en différents huit clos, un peu comme une pièce de théâtre, ce film nous démontre bien l’absurdité du marché du travail dans lequel nous évoluons et l’ampleur du pouvoir qui y est sous-jacent. Une habile satyre, quoique un peu longue par moments.
Réal.: Costa-Gavras, co-production France/Belgique/Espagne, 2005.

Bon cop, bad cop

Je savais que je le verrais, ce fameux «blockbuster» franco-anglo-canado-québécois, mais j’avais résolu que ce serait en location. Je m’attendais donc à un film rempli d’action et de cascades, à l’américaine, donc!, avec de bons comédiens.
Je me suis exécutée tout récemment, pendant le congé des Fêtes, en compagnie de ma soeur et de mon beau-frère.
Et effectivement, c’est vraiment un film d’action et de cascades, bien tourné et bien réalisé. Mais c’est aussi un film drôle, caricatural de nos «deux solitudes» et à l’humour intelligent. Et ce qui m’a vraiment plu, c’est la surprenante simplicité derrière cet ambitieux projet qui au fond, est un bon gros «trip de gars» et de gang, qui ne se prend pas trop au sérieux.
Tous les comédiens sont vraiment bons, en commençant par les deux rôles-titres, Patrick Huard et Colm Feore. Mais aussi Sylvain Marcel, Lucie Laurier, Sarah-Jeanne Labrosse (la fille de Huard et Laurier), Pierre Lebeau et même Louis-José Houde, formidable dans son tout petit rôle de grande composition.
Le fim raconte l’histoire de deux policiers, un québécois et un ontarien, appelés à enquêter sur un meurtre qui s’est produit sur la frontière même des deux provinces. Et qui prendra bien vite une toute autre tournure, tant en ampleur qu’en complexité pour les deux policiers qui y sont liés bien malgré eux.
Le scénario est peut-être un peu tiré par les cheveux, ou en fait je me suis demandée si il était suffisant pour justifier un tel deux heures de grands rebondissements? Mais le rythme est bon, les images sont très belles, la caméra est complice de l’intrigue.
Sur le dvd, il y a trois versions du film: anglaise sous-titrée en français, française sous-titrée en anglais et la version telle que produite, soit complètement bilingue. Cette dernière, quoique ambitieuse en théorie, est très bien faite et fonctionne parfaitement, tant au niveau de la compréhension que des clins d’oeil et de l’humour (à condition, bien évidemment, de parler et comprendre les deux langues!).
Il y a aussi quelques longueurs, mais au final, j’avoue avoir été agréablement surprise par ce film d’un genre plutôt rare pour une production québécoise, et somme toute assez réussi.
Réal.: Éric Canuel, Québec, 2006.