Catégorie : Un bon film, un!

Un long dimanche de fiancailles

Un autre beau et bon film à l’Ex-Centris, avec super Julie!
J’avais doublement hâte de le voir, celui-là. Parce que j’aime beaucoup Jean-Pierre Jeunet et que j’attendais son prochain avec hâte. Mais aussi parce que c’est l’adaptation d’un roman d’un de mes auteurs préférés, Japrisot. Et comme j’avais beaucoup aimé ce roman…
Au début, comme le soulignait Julie, il semble y avoir plusieurs similitudes avec la fameuse Amélie Poulain (en fait, dans l’intro du film et la mise en situation), mais cela s’estompe très vite. Parce que l’histoire en est une, ici, de longue quête, d’effroyable guerre, de multiples drames… sur trame de fond d’espoir et d’amour. L’histoire d’amour -depuis toujours- entre Mathilde et Manech, celle de la mort annoncée de ce dernier avec quatre de ses compatriotes et le refus de Mathilde de s’y résigner. Une belle histoire, mais très dure. La trame sonore et la musique contribuent fortement (dans les sens de «beaucoup» et de «haut niveau sonore») à l’atmosphère dramatique.
Les images, la caméra et plus particulièrement les couleurs sont toujours aussi belles. Bouleversantes. Beaucoup plus en nuances, faites de jaune, de sépia et d’un peu de vert. Des couleurs moins franches, plus diluées, diffuses, qui ajoutent à la reconstitution historique. Justement, de ce côté, c’est vraiment très bien réussi. Il est presque magique de retourner dans le Paris de la fin des années ’10, avec Audrey Tautou en plus!
Une autre magnifique prestation de Audrey en Mathilde, infatiguable amoureuse et héroïne malgré elle. Je souligne aussi les rôles de la tante et de l’oncle, formidablement rendus par Chantal Neuwirth et Dominique Pinon. Ils sont si gentils et attachants, on a envie de les avoir nous aussi dans notre vie! On a même une belle surprise en la personne de… je ne le dirai pas, pour ceux et celles que ça intéresse et qui ne le savent pas! (Ils devineront bien!). Nous assistons au dernier rôle de Ticky Holgado, décédé en janvier 2004. Une révérence qu’il nous tire de très belle façon.
C’est une grande fresque, majestueuse, émouvante, captivante. Ce n’est pas un film révolutionnaire (sans jeu de mot!), mais c’est un très bon long métrage, une réalisation impressionnante et soignée. Du vrai Jean-Pierre Jeunet.
Réal.: Jean-Pierre Jeunet, France, 2004.

Mariages

Celui-là, je l’ai vu au FFM cet été, avec ma bonne copine Martine. On a passé un bon moment, on a bien rigolé! C’est le deuxième film de cette réalisatrice (elle a fait auparavant «Monique», que je ne connais pas), avec une impressionnante horde de comédien-nes: Miou-Miou, Mathilde Seigner, Jean Dujardin, Didier Bezace, Alexis Loret, Chloe Lambert, Lio, etc.
Un canevas de départ assez simple, mais déjà porteur de toute la complexité qu’il contient inévitablement (et telle une bombe à retardement): une journée, celle du mariage d’un tout jeune couple (dans la vingtaine), pendant lequel plusieurs autres couples explosent, se questionnent (dans la trentaine), se résignent ou tentent de se réconcilier (dans la quarantaine). Toute une journée, je vous le confirme! Prétexte aux règlements de compte, aux coups (en bas et en haut de la ceinture), aux bilans, aux changements de toutes sortes…
Les dialogues sont drôles et savoureux, avec plusieurs perles, dont une qui nous a fait vraiment rire (venant de Micky, jouée par Lio): «… Haaaa! la crise de la mi-trentaine: qui suis-je, où vais-je, qui suçais-je?»! Jean Dujardin est incroyable en trouble-fête désillusionné qui ne croit plus (ou n’a jamais osé croire?) à l’amour, avec ses maximes toutes plus grinçantes les unes que les autres. La bande-annonce et le générique d’ouverture en témoignent joliment. Mathilde Seigner (sa conjointe dans le film), lui donne solidement la réplique -et le change-.
Il y a beaucoup d’action dans la maison! (version internationale de «beaucoup de chicane dans la cabane»!) L’histoire se déroule principalement à la résidence de campagne de la mère de la mariée (jouée par Miou-Miou). C’est filmé de façon toute simple mais efficace. Tour à tour, on rit, on réfléchit, on compatit, on s’indigne (un peu!).
Seul (gros) bémol: la fin. En fait, l’avant-fin! Parce que la fin-fin, la dernière minute, c’est ok! Ouverture sur l’avenir, croisée des chemins, ça va. Mais les 10 minutes qui précèdent, ça dérape grave, c’est n’importe quoi! Comme le film sort cette semaine, je ne vous raconterai pas cette fin, mais quelle déception. Moi, j’aurais terminé le film avec l’aube, très simplement. Sans revirement de situation. Mais visiblement, la réalisatrice ne partage pas cet avis! Tant pis!
Réal.: Valérie Guignabodet, France, 2003.

Mensonges et trahisons (et plus si affinites)

J’ai tout de suite été charmée (tout comme ma copine cinéphile Julie), par le générique du début. Magnifique! Des illustrations animées très design, très stylisées, dans des teintes de rose, de blanc, de gris, de noir. Au look très urbain et branché (je sais, je sais, quel mot utilisé à toutes les sauces et un peu vide, finalement… mais je n’ai pas trouvé mieux, spontanément!). Avec les noms qui apparaissent et disparaissent à travers les images qui défilent. Belle entrée en matière.
La suite est à la hauteur! (je blague!). Je dirais que l’intérêt premier du film réside dans le sujet (les relations amoureuses d’hommes et femmes dans la trentaine, les remises en question professionnelles, leur définition du bonheur et leur quête pour y arriver -ou non-) mais surtout dans la façon dont il est traité. Faute d’être original, donc, le sujet est présenté avec tellement d’humour, d’auto-dérision, de simplicité (dans les plans, le discours), de savoureux dialogues, et à l’aide de démonstrations inventives et rafraîchissantes, je trouve.
Et le tout repose en énorme partie sur Édouard Baer et sa formidable prestation en écrivain qui ne s’assume pas. C’est plus qu’un rôle à sa mesure, on peut presque dire que le film a été conçu pour lui. Marie-Josée Croze est très crédible (en architecte intègre et intransigeante) et donne une performance somme toute assez sobre et terre à terre. Le duo Kevin et Claire (Clovis Cornillac et Alice Taglioni), qui partagent la vedette avec les deux premiers, est également drôle et convaincant. Campant des rôles beaucoup moins réfléchis et beaucoup plus «droits au but», aux coudées franches! Tout le monde s’y retrouvera un peu, quelque part, soit à travers un personnage ou un autre, dans les travers d’un ou de plusieurs d’entre eux. Tellement universel, et c’est ce qui est drôle et attachant, qui nous rejoint et nous touche vraiment.
On parle de problématiques très sérieuses, mais de façon vraiment intéressante, très drôle, agréable même. Ce qui n’est pas toujours le cas, ça peut facilement verser dans la lourdeur. Et encore mieux: on ne se prend pas au sérieux. L’histoire avance sans qu’on sache jamais trop ce qui va arriver, un peu à la manière d’Édouard Baer et surtout propre à son personnage. La fin m’a plu. Une belle tournure d’événements. Et un peu d’optimisme sur l’avenir, ce qui est bienvenue. Le bonheur, faute de le vivre parfois, on a tous envie et même besoin d’y croire, non? Surtout quand c’est appuyé par la jolie voix de Carla Bruni…
Je retiens tout particulièrement l’explication ou plutôt l’origine de l’amour et des relations amoureuses selon Raphaël (EB). Caustiquement drôle comme théorie!
P.S. Valérie: tu me croiras si tu veux!, mais malgré le tout petit nombre de personnes présentes dans la salle pour la projection, Jul et moi nous sommes retrouvées assises derrière 2 jaseur-euse en puissance!!! incroyable (et de plus en plus!) mais vrai! soupir!!!
Réal.: Laurent Tirard, France, 2004.

The Incredibles

J’ai vu tout récemment le dernier gros film d’animation du genre (de la lignée des Toy Story, Bug’s Life, Monster Inc, etc.). C’est un de mes préférés. Quoique c’est souvent le cas pour ce genre de film: j’ai régulièrement un coup de foudre. Remarquez, j’ai vu y a pas très longtemps «Shark Tale/Gang de requins» et j’ai été déçue… mais passons! c’est une toute autre histoire!
«The Incredibles» porte très bien son titre. Ça l’est presque, incroyable! Tout en restant quand même «crédible», justement, puisque c’est en animation, c’est virtuel et donc «sky is the limit»! C’est ce qui m’a le plus accroché, je crois. Comme un «Spiderman» ou un «Superman», mais en tellement mieux, beaucoup plus beau aussi, et on ne risque pas de décrocher par l’invraisemblance puisque cette dimension n’y existe pas. J’ai vraiment embarqué dans l’histoire, qui est intéressante et je dirais même très élaborée pour ce genre de production.
Fait un peu bizarre aussi mais tout aussi positif: les personnages sont super bons (sans jeu de mots!), on croirait presque des comédiens qui tiennent des rôles, avec des personnages bien campés et assez définis. J’avoue que j’ai parfois eu la réelle impression qu’il s’agissait d’un «humain», comme dans le cas de la petit couturière haut de gamme, très technologique et assez basse sur pattes! Et l’ado frustré, même chose, on ne l’aime pas, on veut qu’il soit puni, faites-lui mal quelqu’un!. Aaaah! et puis tant pis!, je vous le dis, je vous fait un aveu: j’ai même trouvé Mr Incredible plutôt sexy! (quand il a retrouvé sa taille de super-héros, quand même!). Je suis incorrigible…
Cette fois-ci encore, j’ai été très impressionnée et presqu’éblouie par les «décors», l’animation, les couleurs. C’est tellement fascinant de voir le résultat et d’imaginer que tout ça a été créé de toutes pièces par de formidables imaginaires humains… wow! Et l’ouverture de la fin m’a fait très plaisir. J’ai déjà hâte!
The Incredibles, une production Disney/Pixar, 2004.

Memoires affectives

Hmmm! Toujours un peu difficile de parler d’un tel film… Parce que vraiment plusieurs constats forts différents se sont imposés pour moi. D’abord, les comédiens sont très bons, avec une mention spéciale pour la policière (Rosa Zacharie). Les images et la caméra sont vraiment très belles: teintées bleu-vert-de-gris, ce qui est très esthétique et qui ajoute au climat de mystère et de froideur de l’ensemble. Au risque de passer pour une macho, c’est la première fois que je trouve Roy Dupuis aussi intéressant dans un rôle mais surtout, aussi beau! Qu’est-ce que la quarantaine et les cheveux poivre et sel lui vont bien! De façon générale, j’ai bien aimé ce film. J’ai trouvé le scénario très intéressant, bien ficelé, l’atmosphère de mystère y est très bien rendue et nous découvrons en même temps que le personnage principal (RD) la vraie histoire de celui-ci, qui est complètement amnésique au début du film.
Mais c’est la fin -comme c’est souvent le cas- qui m’a laissée un peu perplexe. En fait, je vais vous faire un aveu: je déteste ce genre de fin, tentant probablement de «laisser au spectacteur le soin de se faire sa propre version ou sa propre conclusion»…. mais moi, ça m’énerve! J’en ressors perplexe et avec le sentiment d’être un peu nouille, finalement. Comme si je n’étais pas assez intelligente ou perspicace pour VRAIMENT comprendre ou alors, que c’est trop évident et/ou trop simpliste pour moi. Ce que j’aime, c’est de ressortir d’une projection en ayant compris ce que le réalisateur a voulu nous dire, et en ayant toujours le choix d’aimer, d’y adhérer, d’y croire ou non. Mais ça, c’est moi! Et dans ce cas-ci… ben ce que j’ai compris me laisse un peu sur ma faim et surtout, prend des directions un peu trop ésotériques à mon goût…
Réal.: Francis Leclerc, Canada, 2004.