Mois : mars 2021

La mammo

Je n’avais vraiment pas prévu écrire sur ce sujet. Mais en racontant ma dernière expérience à un ami, et devant son amusement empreint de curiosité spontanée, je me suis dit que ça pouvait être d’intérêt, et démystifier un peu la chose.

Une femme chanceuse passera sa première mammographie seulement à 50 ans, si elle adhère au très bon programme de dépistage gratuit du gouvernement.

J’en ai passé une ce matin. Pas de quoi écrire à sa mère, comme on dit, mais en même temps cela demeure une expérience quand même spéciale. Surtout en temps de pandémie, my god, comme si les gens qui travaillent dans le système de santé manquaient de défis… Mais vraiment, la clinique où je suis allée applique un protocole impeccable, doublé d’une grande efficacité. Ce qui n’est pas mince affaire.

J’ai toujours pensé que ce devait être plus difficile pour une femme ayant des seins très volumineux. Et c’est probablement souvent le cas. En fait, la technologue qui me l’a fait passer m’a confirmé que chaque femme vivait une situation particulière. Selon la grosseur de ses seins, bien sûr, son degré d’aisance, son niveau de sensibilité et évidemment aussi parfois, sa prédisposition la dite journée.

Ayant des seins au volume plus modeste, je me réjouissais à l’idée qu’il y avait quand même quelques avantages à ceci, dont assurément une mammo en deux temps trois mouvements. Quelle ne fut pas ma surprise, en réalisant que ce ne serait pas si simple, finalement. Là où le plantureux sein doit facilement s’installer, mais en baver de se voir ensuite coincé serré entre deux surfaces afin de bien se dévoiler l’intérieur, le plus petit, lui, doit à l’inverse donner tout ce qu’il a (ou n’a pas?) pour bien prendre sa place et la conserver, dans le même contexte. Autrement dit, il faut tout bien ramasser et étendre ce dernier, afin de le maintenir bien en vue. On se retrouve alors à faire littéralement corps avec la machine, le désagréable mais court temps de prendre la radio, de chaque côté, en deux angles différents.

Même si ce fut prenant pour moi, à tout le moins, c’est vraiment la technologue qui s’est donnée le plus, ai-je constaté avec surprise au final! C’est elle qui avait le délicat rôle de tout manipuler, placer, contrôler, sécuriser avant de partir prestement appuyer sur son bouton pendant qu’on retient son souffle! La mienne en avait de légères sueurs après les 4 clichés! Comme quoi, la grosseur n’est vraiment garante de rien, une fois de plus! Et petite précision importante (qui est également un certain défi) : quand un des seins souris pour la photo, l’autre doit absolument sortir du cadre, et vice-versa! Question de ne pas brouiller les clichés.

Fait que je ne savais pas non plus, on nous applique de petits collants métalliques sur le bout de chaque sein, ainsi que sur tout accro-cordon, afin d’éviter les erreurs d’interprétation ou les mauvais diagnostics. Cela fait un peu accessoire de film de science-fiction, mais à petit budget! haha!

Reste plus qu’à attendre les résultats. Là aussi, j’ai envie de me dire qu’il y a des avantages à ma situation, et que je l’aurais assurément senti s’il y avait quoi que ce soit qui clochait. L’avenir me le dira, mais je suis confiante, et je ne pense pas avoir de surprises, cette fois!

La perspective

Cela fait 3 ans aujourd’hui que tu nous a quittés, et pas une journée n’est passée sans qu’un air de musique, une chanson, un article, une question, un parallèle, que sais-je encore?, me ramène à toi.

Bien sûr, les grosses vagues laissées par ton départ si soudain et tragique se sont calmées. La véhémence du vide, aussi. Avec le temps qui a passé. Et les souvenirs ont repris leur place. Lentement, profondément.

Mais jamais je n’aurais imaginé me dire qu’il est préférable que tu sois partie. Et pourtant, c’est ce que la pandémie m’a fait réaliser. Comme quoi toute difficile puisse être une situation, elle entraîne inévitablement des conséquences ou des effets plus positifs.

Parce qu’il aurait été bien impossible pour toi de comprendre ce qui se passe, et complètement insoutenable pour moi de te savoir seule, d’être si impuissante devant les événements. Et parce que tu aurais assurément sombré encore plus profond, croyant à tort que nous t’avions abandonnée. J’ai peine -et mal- juste à y penser…

Mince consolation, mais qui en est quand même une. En fait, ce fut un apaisement, pour moi. Quelque chose qui permet de mieux accepter cette fatalité, toute triste et grande fut-elle.

Pas une journée non plus sans que je ne te fasse un clin d’oeil, que je te parle. Je ne sais pas ce qui se passe quand on meurt, je suis athée, mais j’ai quand même besoin ou envie de me dire que tu es là, pas loin, que tu m’entends, que tu veilles un peu sur nous. Et que tu as retrouvé tes propres parents, et ta petite soeur que tu aimais tant.

Tout ça pour te dire que tu me manques, que tu me manqueras toujours. Que c’est plus fort que moi, chaque année à cette période (et à d’autres, aussi), j’ai le cordon du coeur qui traine à terre. Mais je sais aussi maintenant que c’est en souvenir de tous les beaux moments que nous avons vécus, de tout ce que nous avons partagé aussi, même les choses les plus difficiles.

Parce que tu nous as tissés serrés, et nous le sommes toujours, même s’il manque notre maître d’oeuvre. Tu as laissé ta marque indélébile, et je t’en remercie beaucoup. C’est aussi pour cela que cette foutue pandémie me pèse tant, justement, parce que le reste de la famille me manque cruellement (ainsi que mes précieux amis). Qui aurait cru que nous vivrions ce genre de choses?

Mais je sais aussi que cela démontre à quel point je suis privilégiée. D’être si bien entourée. Et cela, je me le répète chaque jour, depuis presqu’un an maintenant. En fait, depuis toujours. C’est dans ma nature. Mais j’avoue que la dernière année me l’aura fait encore plus apprécier.

J’espère que tu es en paix. Je sais que c’est très égoïste (et assurément idéaliste), mais j’ai besoin de croire que nous existons toujours pour toi. Et comme j’aimerais que l’on puisse se serrer dans nos bras, en se tapant doucement le dos simultanément, et en t’entendant rigoler sur mon épaule. Je t’aime tant!