Grand moment d’émotion, de belle découverte, de simplicité efficace. J’aime beaucoup ce théâtre, tout petit, intime. Lieu par excellence pour faire vivre une belle histoire, même très dramatique. Celle de l’amour et d’une famille, s’aimant trop ou trop mal. Mais s’aimant tout de même (ça oui, comme dirait la grand-mère!).
Des performances vraiment impressionnantes, à commencer par Marie-Christine Lê-Huu, qui joue une petite fille de 7 ans et qui est aussi la narratrice en direct de l’histoire. Elle seule connait les événements et donc le dénouement, et les autres personnages, comme nous, l’apprennent au fur et à mesure que la pièce se déroule. C’est ingénieux, c’est bien fait et on entre complètement dans le récit avec elle. Au tout début (pour quelques minutes seulement), le ton enfantin que prend la comédienne m’a agacé. Mais très vite, la qualité des textes et le talent de cette comédienne ont pris le dessus et je suis littéralement plongée dans l’histoire.
Les textes de la petite narratrice sont fascinants de joliesse, de jeux de mots, de spontanéité d’enfant, comme autant de petites perles brillantes et très touchantes, et pouvant prendre plusieurs sens. Elle nous émeut et nous fait réfléchir en même temps. On dirait une toute petite «Sol», version féminine, naïve et à l’humour involontaire et certes inconscient. Presque impossible de décrocher tellement on est pris par le récit et l’intelligence de celui-ci.
Suzanne Clément, qui joue Véra, la maman de la petite fille et le personnage central de l’histoire (une amoureuse et l’objet d’admiration et de convoitise de tous/toutes) semble tellement naturelle dans son jeu. À quelques moments elle éclate, -de colère et de sanglots- et elle est d’une crédibilité admirable (comprendre: nous aussi, on a le moton!). Patrick Goyette est son amoureux, Zak. Si son accent est un peu bizarre, sa prestation est à la hauteur: sobre, intense.
Catherine Bégin est vraiment trop bonne dans son rôle de mère/grand-mère contrôlante, détestable, frustrée. Qu’est-ce qu’on en vient à la détester nous-même! Aubert Pallascio joue son mari. Un homme fondamentalement bon, d’une patience incroyable. Il est très convaincant dans ce rôle qui lui va si bien.
Le décor est minimaliste mais très beau et lui aussi, ingénieux. Le plancher et le fond de scène est recouvert de foin, représentant la petite maison à la campagne (qui est le lieu moteur de la pièce) et le champ qui verra les personnages défiler. Avec une grande toile faisant office de paysage, qui imite les jour et nuit au gré des éclairages. Joli. Les costumes sont très urbains et actuels, mais cela convient très bien car la mise en scène l’est tout autant.
Chapeau! Et merci encore à mon beau François pour la belle soirée.
Au Théâtre d’Aujourd’hui, texte et rôle principal: Marie-Christine Lê-Huu, Mise en scène: Robert Bellefeuille et Diane Martin.
Jouliks
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