Il y a des films qui vous intriguent. Des films qui retiennent complètement votre attention. D’autres qui vous dérangent. Celui-ci appartient aux trois catégories en même temps, et plus spécialement à la dernière. Et il vous rentre dedans (comme très peu l’ont fait pour moi).
Chassé-croisé d’histoires tragiques pour certains, et plus heureuses pour d’autres.
Mais chacune étant indissociablement liée, à la source ou la conséquence l’une de l’autre. Dans tous les cas, des situations extrêmement complexes et chargées d’émotions. Avec comme point de départ un accident, qui a des répercussions sur les vies de plusieurs personnes, de façon diamétralement opposée.
Le montage appuie et ajoute un certain suspense. C’est une lente découverte des événements, dans le désordre, mélange de temps réel et de retours en arrière.
Mais l’intérêt premier de ce film, pour moi, est ailleurs. Je garde en tête une scène, en particulier. Impossible pour moi de l’oublier. Fascinant exemple de réalisme, d’intensité et de l’atmosphère incroyablement trouble qui est maintenue tout au long du film. Je ne vous raconte pas l’histoire, ni le contexte. Sean Penn et Naomi Watts sont dans une cuisine et cette dernière éclate subitement, explose, n’en peut plus. Je ne me souviens pas de m’être sentie aussi mal à l’aise. Comme d’assister réellement à une telle scène et d’avoir juste envie de se retrouver aussitôt n’importe où, mais ailleurs.
Naomi Watts et Sean Penn y sont tous deux à couper le souffle. Je ne comprends d’ailleurs toujours pas pourquoi Sean Penn n’a pas reçu le Oscar de l’interprétation masculine pour ce rôle (au lieu de celui qu’il tenait dans Mystic River). Histoire de politique, certainement!
Benicio Del Toro est plus grand que nature, ce qui, avec son physique, ne laisse pas beaucoup de place à l’erreur. Il pourrait facilement tomber dans l’excès. Surtout en regard de son personnage, un genre de «Jesus freak» (excusez l’anglais). Il est étonnant, bouleversant. Et même attachant.
On apprendra au passage le pourquoi du titre. Détail intéressant qui vient boucler la boucle. Autre fait à mentionner: le côté très réaliste, très «cru» de ce film, qui est admirablement renforcé par la caméra, le plus souvent à l’épaule. Parfois dérangeant (beaucoup de mouvement), mais un effet très puissant sur le résultat final.
Réal.: Alejandro González Iñárritu (celui qui nous a donné, entre autres, «Amours chiennes/Amores perros»), É.U., 2003.

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