J’aime beaucoup le cinéma de François Ozon. J’ai vu celui-ci, son dernier, lors du FCMM à l’automne dernier. Qui n’a pas fait exception, même s’il est passablement différent de ses précédents films . Plus classique dans sa forme, disons, moins absurde ou provoquant. Mais avec un idée de base et un montage tout aussi intéressants que les autres (Sitcom, 8 Femmes, Sous le sable, Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, Swimming Pool).
Un bon scénario tout simple, à la base: on assiste, à reculons, à 5 moments marquants dans la vie d’un couple tout ce qu’il y a de «normal», disons. De la première scène, le divorce, on revient dans le temps jusqu’à la toute première rencontre. 5 moments choisis, représentatifs instants-charnières de leur histoire. On comprend de plus en plus ou de mieux en mieux, au fur et à mesure que le film avance… ou plutôt recule!
Ce qui est le plus intéressant, selon moi, c’est cette espèce de banalité du sujet, de réalité, qui nous laisse perplexe. On a l’impression qu’à tout moment, les choses auraient pu basculer dans un sens ou dans un autre. Mais en même temps, on a la certitude que leur destin était déjà tout tracé de par leurs natures respectives, écrit d’avance dès leur rencontre. Occultation volontaire de la mémoire ou incontournable réflexe humain et vital?
Valeria Bruni-Tedeschi et Stéphane Freiss campent les deux principaux protagonistes. Ils sont formidables de crédibilité et de vérité. Ils nous semblent presque familiers, par instants. Ils nous amènent avec eux dans leur histoire, comme on guide spontanément par la main, quelqu’un qu’on vient de rencontrer mais qui nous inspire confiance.
Ozon maîtrise cet art de l’ambivalence, du malaise vrai, des atmosphères opaques et troubles. 5 x 2 est probablement son film le plus personnel sur les relations, qui pose un regard assez lucide sur les couples d’aujourd’hui. C’est un film intelligent, froid, révélateur et sensible.
Réal.: François Ozon, France, 2004.

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