J’avais sûrement déjà vu quelques extraits de ce film. J’en gardais un souvenir un peu vague. Et j’étais un peu réticente ou hésitante à le revoir intégralement maintenant. Dans le sens de « j’avais l’impression que je n’apprécierais pas ce film qui me semblait, comme le principal protagoniste, un peu dépassé ». Je peux maintenant vous confirmer que j’étais complètement « à côté de la traque », comme on dit! Et que je me sens même quelque peu honteuse ou plutôt totalement inculte d’avoir même osé penser une pareille chose!
Modern Times raconte l’histoire du célèbre vagabond et ouvrier d’usine. Qui est complètement dépassé par ce travail et le concept d’industrialisation (à outrance). Qui se retrouve bientôt, encore!, sans emploi, sans le sous et qui se débat -pour survivre- avec les concepts de capitalisme et de modernité. Il fera la connaissance de quelques personnes, dont une jolie femme sans-abri (Paulette Goddard). Ça parle de courage, de contestation, de respect, de valeurs, d’amour et c’est (toujours) une critique sociale virulente. Ça déborde d’imagination!
Chaplin est un artiste complet. Un génie. Il signe non seulement le scénario, mais la réalisation, il en est bien sûr le principal protagoniste. Il signe également la musique et les « textes ». Je pense entre autres à la scène vers la fin où il interprète une chanson dans un restaurant. Les textes sont incompréhensibles et complètement inventés. Mais on a l’impression de comprendre quand même. Et c’est drôle, c’est brillant. Comme je l’ai visionné sur dvd, j’ai pu aller voir dans les extras et comprendre sa démarche. Ne voulant pas « faire parler » son personnage (muet jusqu’à présent à travers ses films), il a donc choisi cet amusant compromis.
De revoir un tel film, maintenant, m’a non seulement beaucoup intéressée mais certes touchée et m’a fait réfléchir longuement sur son côté avant-gardiste, visionnaire et même, nécessaire. Chapeau! Surtout quand on regarde ce que la technologie, le progrès sont en théorie et la lourdeur/réalité qu’ils signifient en pratique… sa vision était (et est) on ne peut plus pertinente. Pensons à la simplicité volontaire et au retour aux vraies valeurs… décidément, on ne réinvente vraiment pas la roue!!!
De plus, quand je pense aux moyens (ou au manque de moyens!) qu’il avait pour faire de telles productions vs l’impact de ses oeuvres, je suis plus qu’impressionnée. Surtout quand en comparaison avec les méga-productions d’aujourd’hui, à coups de centaines de millions maintenant, qui ont, me semble-t-il, bien peu d’impact socialement, culturellement et intellectuellement… On est probablement ce que l’on produit, et ce que l’on regarde, non?
Je me suis par la suite endormie en pensant au phénomène de télé/ciné-réalité et en me disant, tristement mais aussi en souriant, qu’il devait bien se retourner dans sa tombe, ces jours-ci, le pauvre!
Réal.: Charlie Chaplin, É.U., 1936.

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