D’entrée de jeu, la scène est intéressante. Très Michel Tremblay et son univers. Le décor un peu kitsch, vieillot, kétaine à souhait. Cette même scène, aux apparences un peu statiques, mais qui gagnera en intérêt -et même en déploiement- un peu plus tard.
Les deux comédiens, Benoît Brière et Normand D’Amour, sont très, très bons. Surtout dans de tels rôles de composition.
Le « vrai » Benoît Brière, on l’oublie complètement dès le départ, et on ne le verra apparaître que l’espace de quelques secondes, à un ou deux moments, pendant la pièce. Il créé et rend une magnifique Hosanna, dérisoire (et remplie d’auto-dérision), touchante, hautement et totalement quétaine. Formidable. Normand D’Amour nous livre un surprenant « Cuirette », vulnérable et dur à la fois, tendre et intransigeant.
C’est l’histoire de ces deux individus, en apparence si opposés par leurs natures respectives mais qui se rejoignent quand même et presque inévitablement dans la vie, dans leur relation si particulière et quasi « homme-femme ». Mais où l’homme n’est pas toujours celui que l’on pense, idem pour l’inverse. Beaucoup de nuances, de gris, de travers, aussi.
Mais c’est aussi beaucoup plus que ça. C’est une histoire d’amour, d’estime, de confiance, c’est une relation de couple à travers le temps et les événements. C’est une histoire de fragilité, d’acceptation de soi et de l’autre.
La mise en scène est simple et ingénieuse à la fois. De belles petites transitions, comme quand Hosanna est seule, au milieu de la nuit, et passe le temps. C’est habile et joli à la fois. L’utilisation de l’espace (dans ce petit décor presque clos) est bien faite. Des corps qui s’affrontent, s’opposent, se font face, au rythme des propos. Le ton, comme le rythme, est rapide, intense, souvent escessif, à l’image des personnages et de leur dynamique. Je pense que le mot est effectivement très approprié…
Il faut bien sûr aimer Michel Tremblay, pour apprécier.
Mon complice s’est demandé après coup si ce genre de pièce/sujet, ne contribuait pas encore et quelque part à maintenir un certain préjugé sur les couples homosexuels, de part son côté si gros, si caricatural, si excessif.
Moi, je préfère penser que non, puisqu’il s’agit de beaucoup plus que ça, d’abord, et qu’à mon sens ce couple n’est pas tant le symbole de l’homosexualité, que la représentation ou les témoins de la difficulté d’aimer, et d’être aimé en retour, à travers un couple.
au TNM, pièce de Michel Tremblay, mise en scène de Serge Denoncourt.

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