Malgré le troublant et délicat sujet (les événements du «Black September» durant les Jeux Olympiques de Munich en 1972), je suis restée à l’extérieur du récit, vraiment comme une spectatrice. Restée de glace, un peu figée. Probablement à cause du traitement du sujet, de la façon dont Spielberg l’a abordé.
Je pense qu’il voulait tellement garder une certaine objectivité, autant que cela se peut dans ce contexte, que, malgré l’intensité des événements et tout le tragique de ceux-ci, une certaine distance se créé nécessairement avec le spectateur. C’est mon interprétation, je la partage et je l’assume!
Mais le film est vraiment bien tourné, bien monté, la tension dramatique est incroyable. Elle augmente, doucement puis très intensément et est ainsi maintenue tout au long du film. Qui est d’ailleurs assez long (un peu plus de 2h30). Tout un défi, donc, habilement relevé.
La lumière (souvent sombre, en fait) et les couleurs (mélange de teintes tantôt un peu bleues, tantôt un peu grises -surtout dans les moments dramatiques- et tantôt encore tirant vers le sépia -lorsque les choses vont un peu mieux, il m’a semblé-… mais il se peut que je divague totalement, ou qu’il s’agisse de mon imagination débordante, après le fait!?!) sont somme toute très belles.
Les comédiens sont très convaincants, crédibles, à la difficile hauteur ou mesure de leurs rôles respectifs. Comme il devait être déchirant de jouer de tels personnages… Je dois une mention spéciale à Eric Bana, Geoffrey Rush et Mathieu Kassovitz, qui m’ont spécialement touchée. Le premier par sa prestation intense et constante, le 2e par sa témérité et sa froideur (quel bon comédien, qui ne cesse de m’impressionner) et le 3e, pour sa candeur et même sa naïveté, je dirais. Pas évidente pour un tueur à gages, faut l’avouer! Je ne me souvenais pas que Marie-Josée Croze jouait dans ce film. Tout petit rôle, à la durée inversement proportionnelle à l’impact de celui-ci dans le film.
Un film qui secoue, bien sûr. Surtout quand on sait que ces événements ont, en grande partie, réellement eu lieu. Même si parfois romancés ou disons «interprétés» par le réalisateur et les scénaristes (Tony Kushner et Eric Roth). C’est donc un document intéressant, historiquement. Et même s’ils se sont passés il n’y a pas si longtemps encore… c’est fou.
Au-delà des conflits israélo-palestiniens (malheureusement restés tellement d’actualité depuis), ce film traite avec justesse de loyauté, de conviction -religieuse et politique-, de courage mais aussi de lâcheté, de violence, de culpabilité et de paranoïa. Des thèmes vraiment percutants.
Réal.: Steven Spielberg, É.U., 2005.

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