Catégorie : Un bon film, un!

Sideways

Couronnée meilleure comédie aux Golden Globe cette année. Une comédie somme toute dramatique (au sens de «ça parle des vraies affaires»), avec de très bons acteurs. Thomas Haden Church et Paul Giamatti sont vraiment formidables dans leurs rôles respectifs d’acteur/tombeur qui est sur le point de se marier (Jack) et d’écrivain-amateur-de-vin-en-plein-divorce-et-crise-existentielle (Miles). Mention spéciale pour le 2e, qui porte en grande partie le récit -et le film- sur ses pauvres épaules déjà très chargées et même un peu tombantes (je parle de son personnage, bien sûr!).
Une semaine dans la vie de deux amis. Un «road movie» en terre fertile, avec croisée des chemins: la célèbre route des vins de cette région, l’amour du vin et des bonnes choses, l’amour tout court et finalement, l’amitié. Et la place de chacun dans la vie de ces deux hommes… et de deux femmes qu’ils rencontreront au passage (mais certes pas au hasard!). L’histoire est intéressante, mais un peu tirée par les cheveux, je trouve, ou disons un peu arrangée avec l’autre (le fameux gars des vues), parfois. Un sujet des plus réaliste, traité sans prétention.
Les dialogues sont vraiment drôles et intéressants. L’humour est bon et efficace. Sarcastique et ironique, comme je l’aime. Je me suis même esclaffée tout haut à quelques reprises… malgré ma Jani-de-copine, qui dormait allègrement sur le divan d’à côté! (est-ce que ça se peut, ça, dormir allègrement… je vous le demande!?!). Les paysages de Californie et les images de vignobles sont très belles.
Tout en douceur, on réfléchit, une fois de plus, puisqu’il s’agit de thèmes on ne peut plus récurrents actuellement au cinéma. Entendre les relations homme-femme, et plus particulièrement les problèmes ou les fins de relation. En passant par la fidélité et la loyauté. Ce qui peut s’appliquer tant à l’amour qu’à l’amitié, apparemment.
J’ai déjà mentionné ne pas aimer les fins qui n’en sont pas, qui nous laissent l’obligation de décider, comme si le réalisateur n’avait pu trancher lui-même, ou alors de façon trop obscure ou un peu «pseudo». Dans ce cas-ci, disons que l’ouverture est voulu, franche et même agréable. Du moins à mon humble avis!
Réal.: Alexander Payne, É.U., 2004.

Alfie

Je parle ici du «remake» récent et non de l’original qui mettait en vedette un Michael Caine encore tout jeune (mais que je suis maintenant très curieuse de voir aussi).
J’avais simplement envie de voir un petit film léger, drôle, un genre de «films de filles» qui se laisse regarder (surtout quand on a la grippe!). Je m’attendais à être un peu amusée et légèrement agacée, par des moments d’exagération et de banalité.
J’ai été agréablement surprise! Vraiment! L’adaptation contemporaine me semble réussie. Jude Law y est très bon, crédible, parfois détestable et cinglant, et parfois encore désolant, attachant et touchant (pas spécialement mon genre… mais tout de même beau garçon!). Il joue le rôle d’un jeune tombeur anglais (très tombeur), habitant le New York d’aujourd’hui, qui est chauffeur de limousine. Et qui s’amuse ferme dans la vie (et dans ses relations). Nous le suivons pendant un certain temps, avec les gens qui gravitent autour de lui. Nous assistons ainsi à une certaine évolution (obligée?), son cheminement à travers tout ça. Marisa Tomei et Susan Sarandon sont vraiment bien dans leurs rôles respectifs de mère monoparentale et femme d’affaires/d’expérience.
Malgré ce que j’avais imaginé, pas de grosse morale, pas de réponses toutes faites, pas de jugement grinçant ni de moments trop prévisibles. Faute d’être renversant ou révolutionnaire, c’est efficace et crédible, disons.
Ce qui est intéressant et provient également de l’original, c’est la narration que fait le personnage central (Alfie/Jude Law) tout au long du film en nous regardant (la caméra). C’est bien installé, ça nous permet d’être «dans le coup» tout en ayant un certain recul. Mais également d’assister à tout ce qu’il vit et même de ressentir un peu ses émotions, en étant au premier plan.
Pas un grand film d’auteur mais certainement un film bien joué, bien réalisé, avec un sujet intéressant qui s’ouvre sur plusieurs réalités et questionnements. La chanson-thème est interprétée par Mike Jagger (il a d’ailleurs gagné le Golden Globe de la meilleure chanson originale pour celle-ci, «Old habits die hard» qu’il a composée avec David A. Stewart). Je l’avais entendue sans vraiment l’entendre auparavant, mais depuis que j’ai vu le film, elle me trotte dans la tête et prend une toute autre perspective.
Réal: Charles Shyer, É.U./Angleterre, 2004 (l’original a été fait par Lewis Gilbert
en 1966, Angleterre).

La finestra di fronte (Facing windows)

J’aime qu’on me raconte des histoires (au sens noble, bien sûr). J’aime qu’on me raconte de belles histoires, tout doucement. J’aime qu’on me chuchote à l’oreille le récit de vies simples, de petites et grandes joies, de petits et grands malheurs (parce que la vie est ainsi faite…). J’aime aussi qu’on le fasse avec des moyens humbles, sans flafla, sans effets spéciaux, sans grand déploiement. J’aime quand les cultures, les langages et les réalités sont multiples et colorées. Et ce que j’aime encore davantage, c’est quand ces petites histoires à peine chuchotées me touchent d’autant plus.
Facing windows est l’histoire des membres d’une famille et de leur réalité, celle de leur interaction quotidienne, entre eux et avec leurs amis, avec le voisin d’en face (on l’aurait deviné!) et surtout, celle qu’ils développeront malgré eux avec un pur étranger ayant perdu chemin et mémoire.
J’ai trouvé ce film un peu par hasard. Je n’en avais pas entendu parler. Je l’ai beaucoup aimé. Ça m’a fait un peu rire, réfléchir, me projeter moi aussi dans diverses situations, ça m’a touchée, comme je disais, ça m’a intéressée et ça m’a émue.
Les comédien-nes sont spontanés, authentiques et sincères. Ce film est dédié au vieil étranger perdu -en fait au comédien qui a tenu ce rôle dans le film, Massimo Girotti-, qui est décédé après le tournage de celui-ci. J’ai réalisé cela à la fin du visionnement. Qu’est-ce que c’est «flyé», la vie, parfois.
Un film rempli de tendresse. Qui parle beaucoup de relations, de générations, de destins, de réactions, de choix et de conséquences, de différence. Qui donne le goût. Celui de faire et de manger de succulentes pâtisseries… comme celui d’aller vers les autres, de rencontrer des gens, de se faire, à nouveau, raconter d’autres histoires par d’autres personnes. Et que ça nous touche…
Réal.: Ferzan Ozpetek, co-production Italie/Portugal/Angleterre/Turquie, 2003.

Depuis qu’Otar est parti

Vous aimez déguster un cappuccino en regardant par la fenêtre d’un café, un jour pluvieux d’automne? La vue d’un enfant qui court vers son papa, en riant aux éclats? Une belle ondée rafraîchissante, après un après-midi de canicule? Vous aimez vous retrouver derrière un couple qui ressent subitement le besoin de s’enlacer et se donner un petit baiser, distraitement, sans raison apparente? Si vous avez répondu oui à l’une (ou plusieurs) de ces questions… je crois que vous aimerez ce film!
Quand on habite très loin, dans un petit coin tranquille et un peu perdu de Georgie, qu’on a pas grand-chose mais que ça nous suffit, puisque c’est comme ça, que le climat est plutôt arride et l’argent, trop rare… qu’est-ce qu’il nous reste? Il nous reste les liens, ceux d’amour et ceux du sang, les plus forts. Ceux de trois générations, en commençant par Ada, puis sa mère Marina et sa grand-mère, Eka. Des femmes simples, colorées, courageuses, généreuses, qui s’aiment beaucoup, même si elles se le démontrent parfois de drôle de façon. Mais tricotées serrées, comme on dit. Habitant toutes sous le même (petit) toit. Avec, entre elles, une tendresse infinie.
L’histoire est celle de ces trois femmes, dont l’oncle/le frère/le fils (Otar), parti gagner sa vie à Paris, envoit régulièrement des lettres, au plus grand bonheur de celles-ci et de Eka, plus particulièrement. Quand il meurt subitement, Ada et Marina décident de ne pas le dire à Eka, de peur qu’elle ne le supporte pas. Elle feront donc comme si. Jusqu’au jour où Eka décide d’aller à Paris voir son fils, une dernière fois. Improvisation et revirement de situation. Et comme le veut l’expression, les pommes ne tombent jamais bien loin de l’arbre, réalise-t-on!
Les trois comédiennes forment un fantastique trio. Elles sont merveilleuses, attachantes. On croirait presque un documentaire, par moment. L’aînée, qui joue Eka, a 88 ans. Elle est incroyable! On a envie de l’avoir pour grand-mère, nous aussi, même pour un instant!
La réalisation est simple, tout en douceur, réaliste, dénudée d’artifices mais remplie de sincérité, de tendresse, de spontanéité. Un projet sur mesure, on dirait, tant pour la réalisatrice que les comédiennes.
Réal.: Julie Bertuccelli, France/Belgique, 2003.
P.S. Si vous avez envie (et un peu de temps) après le film, regardez le «making of». Une histoire d’amour, remplie de portraits de famille, aussi jolie que le film lui-même…

Mar Adentro (La mer intérieure)

C’est le récit tiré de la vie de Ramón Sampedro, un espagnol qui passa 28 ans de sa vie cloué à son lit, suite à une mauvaise chute qui le laissa tétraplégique, en attendant et réclamant de toutes ses forces le droit au suicide assisté (de façon légale), puisqu’il ne pouvait vraisemblablement le faire lui-même. Il entama un long combat juridique pour lui-même, mais aussi pour aider tous ceux qui souffrent comme lui, sans issue possible, et choisissent de mourir. «La vie est un droit, pas une obligation. Comme la mort.», dira-t-il.
Un film, ou plutôt un hymne à la liberté totale et inconditionnelle, celle de vivre ou d’arrêter de vivre, dans la dignité, quand cette vie m’a plus de sens ou de signification propre.
Un hymne tout en douceur et en humanité. Qui ne prend pas partie mais qui raconte une histoire vraie, difficile et touchante, de magnifique façon. Les images sont belles à pleurer (pas seulement les images, soit dit en passant…!). La musique vient envelopper le récit et les paysages comme une brise toute chaude au retour de l’été.
Tous les acteurs sont formidables, criants de vérité et de simplicité. Ici, pas de chichi, pas de flafla, tout est dit simplement, ou à travers le regard. Bien sûr, j’ai une mention toute spéciale pour Ramón, le personnage principal joué par Javier Bardem (magistral), mais aussi pour son neveu et sa belle-soeur qui sont tellement vrais et émouvants.
Amant de la musique et de la poésie, ses seuls refuges, Ramón voyage dorénavant à travers celles-ci, nous entraînant avec lui. Le rythme lent, presqu’engourdi, un peu à l’image (obligée) du principal protagoniste, nous mène doucement à travers le film, comme la douloureuse mais obligatoire réflexion qu’il suscite sur ce grave débat.
J’ai beaucoup aimé qu’on ne juge pas, en nous présentant tous les déchirants côtés d’une si complexe médaille, si je peux m’exprimer ainsi. Personne n’a tort ni raison, chacun a une opinion et/ou respecte simplement celle de l’autre. Ou s’oppose, s’insurge, au nom de l’amour ou de la vie même. Peu importe en fait, ça nous fait réfléchir. Et c’est vraiment déchirant, bouleversant.
Réal.: Alejandro Amenábar, France/Espagne/Italie, 2004. C’est également lui qui signe la superbe musique et l’adaptation cinématographique de l’histoire.