Mois : mai 2005

Biographie de la faim

Lire cette jeune et très allumée écrivaine est pour moi un grand moment de plaisir. Chaque fois!
Quand je lis Amélie, j’ai l’impression d’être en territoire très familier. Un peu comme si elle ne s’adressait qu’à moi, ou alors comme si son écriture m’était si proche que je pourrais moi-même, parfois, en être l’auteur. C’est bizarre, c’est difficile à expliquer mais en gros, ça ressemble à peu près à ça!
Biographie de la faim a ceci de très intéressant que c’est comme un long «coq à l’âne», du début à la fin. Coq à l’âne au sens d’enchevêtrement des idées parfois un peu large, disons. Mais tout est logiquement et même factuellement relié, et on ne s’y perd pas. On se laisse guider à travers le récit. C’est diversifié, c’est coloré, c’est rempli de petites histoires intéressantes. Et pas banales, ça non!, mais traité bien simplement.
Un peu difficile à résumer, en fait. Partant de la prémisse que la faim est universelle, qu’elle revêt plusieurs formes, dont le manque de celle-ci, qui n’en est pas la moindre. Que chacune de ses formes comporte des conséquences pour ceux et celles qui la vivent et est à l’origine de plusieurs comportements. On nous raconte donc les faims de l’auteur/personnage principal, à travers ses différents voyages, lieux de résidence, pays d’adoption et ses expériences. À travers les âges, aussi. De la jeune enfant à la jeune adulte. En gros, c’est ça! Mais alors là en très, très gros!
C’est certainement son style libre, éclaté, vif qui me rejoint le plus. Avec son humour, qui me procure régulièrement un joyeux et libérateur fou rire (le seul hic étant quand ça m’arrive en pleine heure de pointe, dans le métro… passons!). Le choix des mots, en apparence si simple, les formulations de ses énoncés et de ses phrases sont rythmées et chaque fois tellement porteuses d’images. Les propos ou les thèmes sont souvent un peu lourds et même difficiles, mais la légèreté et le cynisme avec lesquels ils sont traités désamorcent chaque fois le tout, pour nous laisser l’essentiel, l’imagination et la folie derrière ceux-ci.
Un livre d’une profondeur nouvelle, m’a-t-il semblé, mais avec toute son énergie habituelle et sa façon d’expliquer et d’exprimer les choses qui lui est si propre (et si formidable). Moi, j’adore!
Amélie Nothomb, Éditions Albin Michel, France, 2004.

Roger et Roger BBQ

Aaaaaaah! Vive les Rogers! Des cousins bien agréables et non encore canonisés (ça c’est une «inside» et un clin d’oeil à Julie et François!).
Le premier, c’est le petit bar rue Beaubien. Pas trop grand, pas trop petit, joli endroit, relativement clair avec son mur de fenêtres qui s’ouvrent complètement le beau temps venu. Avec banquettes arrondies et petites tables. L’ambiance est agréable, plutôt relaxe, pas trop guindée. Mais les jeudi et vendredi le sont moins, parce que cet endroit est devenu, depuis quelques années, beaucoup plus populaire (et un peu trop, à mon goût!). Moi, faire la file pour aller prendre un verre… non merci! Les débuts de semaine demeurent agréables.
Le personnel est gentil et la musique diversifiée. Et après avoir siroté quelques verres et que l’appétit nous tiraille… on n’a qu’à traverser les portes vitrées tout au fond pour se retrouver chez le cousin BBQ. Et déguster de belles grillades plutôt savoureuses. Simples, mais bonnes. Formule conviviale, où on se choisit une viande ou une volaille grillée, qu’on agrémente d’un plat de légumes (ou deux) à partager (ou non!). Même quelques desserts sont grillés, comme les ananas avec crème chocolat.
Le décor est vraiment très beau. Un mélange de brique (ou de pierres?) beiges, avec du verre et du métal. C’est simple et c’est malgré tout relativement chaleureux. Ou alors, c’est la chaleur des grillades qui nous rejoint?! Un mélange qui tire de l’art déco, du rétro et du contemporain. Et il faut réserver les week-ends.
C’est bon et raisonnable, côté prix. Bravo à la chef Mélanie qui a elle-même élaboré la formule et le menu. Je le sais, parce que c’est notre amie commune, Jani, qui me l’a dit!!!
Bar Chez Roger (2300) et Chez Roger BBQ (2316) rue Beaubien est.

Ils se marierent et eurent beaucoup d’enfants

Le petit dernier de Yvan Attal, le mettant à nouveau en vedette, aux côtés de sa chérie, Charlotte Gainsbourg. Apparemment leur façon de faire maintenant. Selon ses propres aveux, il (lui) est toujours plus agréable de jouer avec des gens qu’il aime, parce que c’est plus vrai et que comme c’est généralement un projet difficile, de longue haleine, que de faire un film, c’est formidable d’être entouré de ces personnes.
Un film intéressant à plusieurs niveaux, mais qui manque un peu de crédibilité ici et là. Intéressant par son histoire, celle d’un couple (avec un enfant) en apparence tout ce qu’il y a de plus normal et de plus fonctionnel et qui, en réalité, vit les mêmes difficultés ou remises questions que la majorité des couples. Ce couple, c’est bien sûr Yvan et Charlotte. C’est d’ailleurs le premier point fort du film: on croit à cette relation, on sent que, malgré tout, ils s’aiment vraiment. D’ailleurs, les deux sont très convaincants dans leurs rôles respectifs. Je dois même avouer, moi qui ne l’aime pas beaucoup comme actrice habituellement, avoir trouvé Charlotte d’une sobriété et d’une justesse étonnantes.
Autour d’eux, on fait la connaissance de Géraldine, une copine de Charlotte mais surtout de deux amis du couple, joués par Alain Chabat et Alain Cohen. C’est là où, à mon sens, on perd un peu en crédibilité. Comme dirait mon papa-chéri, dans le cas de Cohen, qui joue un tombeur incroyable (au sens littéral: on n’y croit pas du tout!) et sans repos: il s’agit visiblement d’un «miscasting». Un homme presque harcelé par la gent féminine, tout ce qu’elle a de plus beau et de plus sexy. La beauté est invisible pour les yeux, peut-être, mais il ne faudrait tout de même pas exagérer! Cet homme n’est vraiment pas beau. Pas du tout! Et comme en plus, comme il est tout à fait macho et quelque peu déplacé… difficile d’y croire. Les jolies filles ne peuvent pas TOUTES être des grosses tartes, quand même!?! Enfin…!
J’ai bien aimé les scènes imaginées, anticipées (celle de la séparation, celle de l’ascenseur). J’ai moins aimé le méga trip de bouffe, qui m’apparait bien irréel et limite agressant. Pas très sexy non plus. Question de goût, ça doit!
J’ai apprécié que l’histoire soit assez réaliste. Qu’elle nous montre de façon plutôt froide ou banale, disons, que le fait d’être en couple, le fait d’aimer quelqu’un ne rend pas la vie magique et surtout, ne nous empêche pas de connaître -ensemble et chacun de notre côté- des hauts et des bas. Que la vie n’est jamais parfaite et que le fait d’être dans une relation stable ne nous rend pas complètement insensible aux autres, ni à de possibles attirances. Mais qu’au fond, nous faisons simplement des choix et nous les assumons, ou non.
Finalement, la trame musicale est très bonne, rythmée et puissante. Signée (entre autres) par Radiohead et Velvet Underground.
Scénario, réalisation (et rôle principal): Yvan Attal, France 2005.

Le Clafouti

J’avais connu ce charmant endroit quand je travaillais dans le Vieux-Montréal. Puis, ayant changé tant d’emploi que de région de la ville, je l’avais perdu et même un peu oublié. Mais récemment, je suis revenue au Centre-Ville et du coup, j’ai retrouvé ce petit endroit tout simple où il fait bon se ramasser un lunch pas compliqué, mais savoureux. Car il y en a donc un 2e, de Clafouti, rue Drummond celui-là! (Super!)
Les gens qui y travaillent sont si gentils. Je ne sais trop s’ils sont Vietnamiens ou Chinois (ou autre?), mais peu importe, ce sont des gens d’un calme et d’une patience exemplaires. Ils sont souriants, avenants et semblent toujours, malgré les looooooooooongues files quotidiennes à l’heure du lunch, heureux de nous servir. C’est très agréable.
J’aime spécialement leurs petites assiettes assorties: quelques morceaux de sandwichs sur baguette (différentes sortes), des légumes, de la trempette, un petit rouleau impérial avec sa sauce, petits morceaux de cheddar et de brie accompagnés de pomme et raisins. Vraiment, pour un petit lunch acheté tout fait, c’est dur à battre côté fraîcheur, qualité et prix. Ils font également n’importe quel sandwich sur demande. Ils ont un très grand choix de salades. De délicieuses petites soupes bien parfumées (wonton, thaï, etc.). Et des gros rouleaux de printemps (GROS!), avec légumes, herbes, vermicelles et poisson, accompagnés de tite sauce aux arachides.
Finalement, ils ont des petits gâteaux maison et des chocolats Côte d’Or. Mi-am! Même si le Côte d’Or n’est plus ce qu’il était, à mon très humble et personnel avis (ô tristesse!), ça reste une façon sucrée et sympathique de terminer un petit lunch relativement santé. Et bien sûr, de se faire croire que, du coup, on fait le plein d’énergie pour pousuivre sa journée avec entrain!
Qu’est-ce qu’on ne se fera pas croire, des fois, afin de se déculpabiliser tout en profitant des petites douceurs de la vie… (dans ce cas-ci, j’en ai bien peur et l’étrange impression, le «on» n’inclut QUE la personne qui signe, contrairement à l’expression populaire!).
2122 rue Drummond, entre Sherbrooke et Maisonneuve.

La pub – Indicatif Present

Entendu ce matin, dans ma voiture. Pendant la dernière partie de l’émission, où Marie-France Bazzo, l’animatrice, recevait Luc Dupont, professeur de communications à l’Université d’Ottawa et auteur du livre «1001 trucs publicitaires». Que je n’ai pas lu, mais dont l’auteur (et l’entevue) a vraiment beaucoup attiré mon attention.
Je suis bien évidemment très mal placée pour en parler, surtout objectivement. Parce que j’oeuvre dans le domaine depuis tant d’années. En même temps et à l’inverse, on pourrait prétendre qu’il est beaucoup plus aisé de parler de ce que l’on connait si bien et que ça n’empêche pas d’avoir un jugement éclairé ou éclairant. Disons donc que je connais relativement bien le sujet, mais que je suis un peu biaisée.
Luc Dupont, que j’écoutais distraitement (au début!), parlait de tentatives publicitaires quasi-incroyables (mais vraies!). Histoire de toujours pousser la chose plus loin, de repousser les limites de ce qui a été fait, probablement (les nôtres ou celle des annonceurs…!?!). Toujours est-il qu’il y a donc déjà eu le cas d’un annonceur qui a demandé à un joueur de la MBA de se TATOUER son logo sur une épaule, car c’était un champion et que ça serait une formidable pub, et payant pour lui et tout. Eh bien croyez-le ou non, comme il n’y avait à ce moment aucune loi empêchant ce genre de pratique, ils l’ont fait! Comme quoi, même notre corps ne nous appartient plus tout à fait (et désormais on ne parle pas seulement de notre tête!). C’est particulier, à mon avis. Inconcevable aussi pour moi.
Il parlait ensuite de l’espace, et plus particulièrement de la Lune. Cet astre qui m’est particulièrement cher, pour des raisons évidentes (et d’autres plus personnelles). Il existerait donc un projecteur assez puissant pour projeter des images sur la Lune et prendre avantage du fait qu’elle nous présente toujours la même face. Un annonceur pourrait donc s’y retrouver en permanence (du moins en fonction de son budget, j’imagine!). Très honnêtement, je peux juste affirmer qu’une telle idée me semble un peu triste et que j’espère de tout coeur que nous n’en viendrons pas là, en tant que société. Pas très féérique, tout ça!?! (je sais, je suis un peu simpliste et puriste, parfois!).
Apparemment, nous sommes maintenant sollicités (à Montréal, si je ne m’abuse/selon un sondage assez récent) des milliers de fois, quotidiennement. Les couleurs, comme on le sait sont analysées et associées à toutes sortes de conceptions assez précises et vérifiables. Le jaune, pour des produits de marques privées, par exemple, est associé a une connotation «bon marché» dans l’esprit des gens. Le sexe, quand à lui, serait rose et non rouge, etc.
Tout ça m’a fait beaucoup réfléchir et m’a rendue un peu perplexe. Parfois la pub me semble quelque chose de pertinent, de drôle, de bien fait. Quelque chose qui vient proposer une bonne marque ou un bon produit, ou encore, promouvoir une bonne cause. Parfois aussi, j’ai l’impression de ne pas bien en saisir toute la portée. Et qu’elle prend une place beaucoup trop importante (qu’on le réalise ou qu’on le pense) dans notre société.
Radio-Canada, 9 mai 2005, 11h00.