Le dernier film que j’ai vu dans ma cuvée 2005 du FNC.
Il s’agit d’abord de toute une prestation de la part de Romain Duris (Tom), surtout pour un premier rôle aussi dramatique et intense. Tom est un jeune homme dans la fin vingtaine qui est déchiré entre suivre les traces de son père et continuer ses magouilles dans le monde de l’immobilier et entreprendre une nouvelle carrière comme pianiste, à l’image de sa défunte mère qui lui a apparemment légué une bonne partie de son talent. Duris est tellement convaincant dans son rôle, il nous donne l’impression de le connaître, presque.
Le film est très violent. De la violence crue, car réaliste et remplie de proximité. J’ai souvent eu le réflexe de me fermer les yeux et même de me recroqueviller un peu, comme pour éviter un coup.
L’histoire est intéressante et nous accroche dès les premiers instants du film. La tension et l’atmosphère sont maintenues tout au long. On ne sait trop ce qui va arriver, et on craint le pire. Nous suivons Tom dans ses choix, ses déchirements et ses rêves.
Tous les comédiens sont bons. Niels Alestrup, qui joue le père de Romain Duris, est d’un pathétisme et d’une mauvaise foi navrante. Il nous démontre avec style (je ne peux utiliser le mot « grâce » dans les circonstances) qu’alors que certains vendraient leur mère pour un peu d’argent, d’autres, pourraient en faire tout autant, même avec leur progéniture chérie … Enfin! C’est MON interprétation! Les deux comparses et amis de Tom, Fabrice (Jonathan Zaccaï) et Sami (Gilles Cohen) lui donnent une réplique mordante et percutante, à l’image de leurs rôles respectifs.
J’ai particulièrement aimé les jeux de pouvoir, la fine ligne entre honnêteté et escroquerie, parfois, la volonté et le courage des individus qui peuvent être plus forts que leurs propres ambitions, même démesurées. Et la place de la vengeance -et de la loyauté- dans tout ça. La caméra suit simplement les acteurs dans leurs aventures. Le rythme y est soutenu, rapide, plein de mouvements et rebondissements. Efficace.
La musique tient également une grande place dans l’histoire, à travers Tom et son retour au piano, ce qui fait un formiable contraste à la dureté des propos et des événements. Idem pour sa professeure, une jeune virtuose chinoise récemment arrivée en France, et la relation qu’il entretiendra avec elle qui sera tout sauf facile, et à l’opposé de ce qu’il connait généralement.
Il s’agit d’un remake d’un film américain de 1978, « Fingers » de James Toback. Que je n’ai pas vu. Alors je n’aurai pas le loisir d’en dresser un parallèle, quel qu’il soit. Ce qui est tant mieux, ou tant pis, que sais-je moi?, dans les circonstances… Mais comme il est très rare que les remakes soient faits par des Français (vs des Américains, en plus), j’y vais d’un coup de dé -et d’une énorme généralité- en pariant que celui-ci est meilleur! Juste pour le plaisir de la chose!
Réal.: Jacques Audiard, France, 2005.

2 Comments on De battre mon cœur s’est arrete

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