Si je pouvais écrire en 165 points, avec une typo imitation d’ampoules argentées et faire clignoter le tout, voici ce que j’écrirais: ROBERT LEPAGE EST UN GÉNIE.
Bon! Cela dit et comme je ne peux donc m’exécuter, je me contenterai de l’affirmer, le plus simplement mais le plus sincèrement du monde. J’ai envie de me faire plaisir en ajoutant que, comme il est bien souvent vrai que l’intention vaut pour beaucoup, j’espère que l’hommage n’en sera pas moins grand. Et surtout, surtout, prière de ne pas s’arrêter à la forme ultra convenue et kitsch que j’aurais donné à ce témoignage (les ampoules clignotantes), l’effet recherché n’étant, au fond, que de clamer aussi haut et fort que possible (dans ce contexte) mon admiration profonde et absolue.
J’ai déjà assisté à quelques pièces de Lepage. Et chaque fois, C-H-A-Q-U-E F-O-I-S, je suis renversée par son imagination hallucinante et débordante, son génie de la mise en scène (désolée pour la redondance, mais c’est, à nouveau, LE mot approprié), son avant-gardisme, qui est bien souvent également empreint d’une efficace et surprenante simplicité.
Et quel fabuleux comédien…
Je me souviens de lui à la LNI il y a plusieurs années. Quel talent! Dans ses pièces (quoique le mot semble ici tellement réducteur) et au cinéma, il est tellement crédible, authentique, on dirait presque qu’il ne joue pas. C’est difficile à expliquer, mais c’est vraiment l’effet qu’il me donne, chaque fois. Comme si les personnages lui collent si bien à la peau qu’il semble les incarner, dans la vraie vie. En même temps, plusieurs de ces personnages sont à forte saveur autobiographique, me direz-vous… je sais, mais quand même!
Dans le projet Andersen, Lepage s’intéresse au célèbre écrivain Danois, qui nous donna d’encore plus célèbres contes pour enfants. À sa manière, il nous raconte autant la vie mouvementée et coloréee de cet homme, qu’il nous parle de ses contes et qu’il se sert de différents personnages plus ou moins fictifs pour nous dévoiler (nous raconter?) encore mieux l’homme derrière l’écrivain. Et il joue tous les rôles, bien sûr, de formidable façon. Que ce soit un écrivain albinos québécois ou un directeur d’opéra parisien, qu’il incarne réellement et parallèlement, ou les personnages qui gravitent autour d’eux et que nous comprenons/devinons par la projection qu’il en fait grâce à ses principaux protagonistes… c’est brillant!
Ce qui me fascine le plus chez Lepage, c’est l’attention portée à chaque détail, chaque sortie de scène, chaque entrée de scène, chaque façcon de représenter un objet, une 2e ou une 3e dimension, un effet quelconque, un contexte. Même un chien! Ceux qui auront vu la pièce vont se souvenir de ses délicieuses petites scènes dans les parcs de Paris, où l’écrivain va promener le chien dont il a la garde. Tellement drôle, visuel, ingénieux. Et tellement simple, en même temps, ce qui ajoute à mon humble avis à l’intérêt de la chose.
Lepage se sert de projections, d’accessoires anciens et nouveaux -qu’il actualise toujours-, de graffitis, d’effets sonores et visuels, d’enregistrements, de musique, d’ordinateur, et j’en passe (et sûrement, sûrement, des meilleurs).
Nous retrouvons, intacts, toute la passion et le romantisme de Lepage. Et son humour. Un humour qui me rejoint tellement, me ravit. Dérisoire, auto-dérisoire, absurde et cynique. Toujours drôle et intelligent. Lepage est aussi provocateur, parfois cru, parfois peut-être un peu déstabilisant, mais toujours pertinent.
Je vous laisse deviner ma conclusion… et je vous invite à partager vos impressions, par la suite, s’il y a lieu!
Au TNM, conception, mise en scène et interprété par Robert Lepage (2005).

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