Catégorie : De mes yeux vu

Peindre ou faire l’amour

Un autre film issu de ma cuvée 2005 du FNC. Dont le synopsis m’avait intriguée, et la liste des comédiens vraiment intéressée.
Avec de formidables comédiens-nes dans les rôles principaux: Sabine Azéma, Daniel Auteuil, Sergi Lopez. Ce dernier y est vraiment très bon, comme toujours. Cette fois-ci même un peu surprenant, dans le (convaincant) rôle d’un maire aveugle. Les deux autres sont également crédibles, mais j’ai trouvé leur jeu un peu convenu, disons. Ou ce sont leurs personnages respectifs qui le sont, peut-être?
L’histoire d’un couple dans la 50aine, à l’aube de la retraite, qui décide de s’acheter une (ô combien magnifique) demeure à la campagne, afin de profiter de la vie. Et d’eux-mêmes, ainsi que des voisins et de plusieurs autres personnes, puis-je ajouter.
Un drôle de scénario. Au sens de bizarre. Un film qui parle d’échangisme, sans vraiment l’assumer, on dirait. Une sensualité décevante, une atmosphère étrange et ambiguë. On reste en surface, malgré l’intensité apparente des situations. Les dialogues sont intéressants et l’intérêt est maintenu. On demeure curieux, on veut savoir où tout cela va mener. Et même si l’issue m’a -personnellement- déçue.
Les paysages et le décor sont vraiment superbes. On a envie d’y être, ne serait-ce qu’en simple touriste. En fait, c’est ce qui s’est passé pour moi: je ne suis pas vraiment entrée dans l’histoire. Je suis demeurée simple spectatrice, de l’extérieur.
Et en fait, c’était peut-être ça un peu le pari: parler d’un sujet si chaud, si intense, mais de façon très classique et même un peu froide? Si oui, mission accomplie!
Réal.: Arnaud et Jean-Marie Larrieu, France, 2005.

L’ere de glace 2 – La fonte

J’ai beaucoup aimé le premier, et je dois avouer avoir autant apprécié la suite, sinon plus! Plus, en fait.
Le premier volet venait installer un peu le contexte, les personnages, et nous racontait une aventure qui les avait tous rapprochés. Cette fois-ci, c’est une belle grande quête qu’ils vivront, ensemble et en parallèle. La quête de leur identité, leur appartenance, leur tribu mais aussi la quête de la reconnaissance, du respect, de l’amour. Avec, comme toile de fond, l’amitié et les liens étroits qui les unissent déjà.
Devant la fonte imminente des glaciers, le célèbre trio ainsi que leurs nouveaux amis doivent se résigner à quitter leur coin de pays pour vivre un grand périple, afin d’assurer, on l’espère, leur survie. Tout un suspense!
Ce qui me fascine toujours dans ce genre de film (d’animation), c’est la capacité des artisans qui les produisent de nous faire entrer complètement dans l’histoire et nous faire croire aux personnages, comme s’ils existaient vraiment.
Dans ce nouveau volet, moi, ce sont les frères opossum qui m’ont fait craquer. Leur arrogance, leur inépuisable énergie mais aussi leur côté si intense et dramatique. Et les traits de caractère, les mimiques qu’ont leur a données qui sont tellement visuelles et drôles, c’est incroyable.
Un film plein d’humour (toujours à deux niveaux, enfants et adultes), que l’on suit avec grand intérêt. C’est tout bon, vraiment. Le rythme, l’histoire, les dialogues, la trame sonore et la musique.
Et bien sûr, on retrouve à nouveau le délicieux petit écureuil, qui tente encore et toujours aussi désespérément -pour notre plus grand plaisir- d’attraper la démoniaque noix…
Réal: Carlos Saldanha, É.U., 2006.

Where the truth lies

Le dernier film de ce réalisateur que j’affectionne particulièrement.
Cette fois-ci, par contre, j’ai été un peu déçue. Pour la première fois, en fait, si ma mémoire est bonne.
Je n’y ai pas retrouvé sa touche habituelle ou sa signature, disons. Empreinte d’une certaine singularité, d’un certain trouble, d’une intensité palpable et dérangeante. Cette fois-ci, l’ensemble est plus convenu, plus traditionnel. Pas le même mélange de malaise, d’ambiguïté et de mystère diffus auquel il nous a habitué.
L’histoire d’un tandem de comédiens qui ont connu leurs heures de gloire aux États-Unis dans les années 1950 et qui font l’objet d’un projet de biographie mené par une jeune journaliste et admiratrice de longue date. La jeune femme s’intéresse particulièrement à un meurtre non résolu qui a eu lieu dans la suite d’hotel des comédiens.
Un scénario intéressant, mais avec certaines longueurs. Le rythme n’est pas constant et certains passages ou événements m’ont fait décrocher un peu. Pas autant de finesse dans le traitement ou le montage. La période est bien reconstituée.
Les comédiens sont bons, mais sans plus. Ils rendent bien leurs personnages, sont crédibles mais on a l’impression qu’ils sont restés en surface dans leur jeu. Avec Kevin Bacon, Colin Firth (le duo de comédiens) et Alison Lohman (la journaliste).
Réal.: Atom Egoyan, Canda, 2005.

Ellie Parker

Un film assez bizarre. Différent. Un peu l’équivalent d’assister à une projection dans une langue inconnue, certains passages avec sous-titres, et d’autres sans. Par moment, on est pas trop sûr d’avoir bien compris. En même temps, comme on a l’image pour guide, est-ce qu’il y avait tellement autre chose à comprendre??? Oui, je pense que la comparaison tient la route!
Un tout petit film (autour de 90 minutes, je crois), tourné avec très peu de moyen et de budget. Mettant en vedette l’excellente Naomi Watts. Qui est, comme toujours, très bonne. À mon avis, une très grande comédienne. Tout en subtilité, sensible, avec un grand registre et beaucoup de talent. Elle est également co-productrice du film.
Le film semble tourné en vidéo (ce qui m’apparait presque impensable, mais c’est vraiment l’effet que ça nous donne). Ce qui, à prime abord, dérange. Parce qu’il s’y émane un sentiment d’amateurisme, ou de manque de qualité, on dirait. Mais les plans, le montage, tout est bien fait.
Le sénario est intéressant. Une espèce de critique ou parodie du monde des acteurs/trices à Hollywood. Les auditions, les producteurs, les agents de castings, les relations superficielles. Les acteurs eux-mêmes, la difficulté de percer et d’y croire, les remises en question et le doute.
Un film plutôt drôle, très dérisoire, inattendu, parfois décousu.
Même Chevy Chase nous apparait à un moment, jouant l’agent de Ellie. Il est un peu déroutant, surprenant, mais assez crédible. Tellement drôle de le retrouver dans un tel film.
Au total, c’est quand même un peu trop long et le rythme est très inégal. Mais ça demeure un exercice, je l’ai dit, vraiment intéressant. Rafraîchissant, en tous cas.
Réal.: Scott Coffey, É.U., 2005.

A History of violence

Un autre film que je voulais voir depuis longtemps. Car j’en avais entendu beaucoup de bien mais que, surtout, je savais que, quoique dur/difficile, le sujet et le traitement n’étaient pas trop «fuckés» (quoique, on s’entend, rien de bien léger…). Une nouvelle approche pour ce réalisateur, donc, en quelque sorte.
Le rythme du film est vraiment intéressant. Un certain engourdissement, au départ, parmi et malgré des événements plutôt impressionnants et dérangeants. Une progression dans ce rythme qui colle bien à celle de l’intrigue et du récit. Un montage très sobre, à l’efficacité inversement proportionnelle. Les plans sont très percutants, nous amenant totalement dans l’action et dans cette violence qui est, on s’en doute, omniprésente.
C’est l’histoire de Tom Stall, propriétaire d’un «diner» dans sa petite ville tranquille, qui se fait attaquer un jour et qui réagit de troublante et violente façon. Qualifié de héros local par sa communauté qui se tient derrière lui, il aura la visite d’un malfrat venu de Philadelphie, qui le prend apparemment pour quelqu’un d’autre.
Les comédiens sont vraiment très bons. De Viggo Mortensen (Ton Stall), dans le rôle principal, sa femme, Edie, jouée par Maria Bello jusqu’à un certain dénommé Fogarty, interprété par le formidable Ed Harris. Sans oublier -désolée!, j’allais effectivement le faire malgré moi!- la très bonne prestation de Ashton Holmes, dans un premier rôle d’une telle importance (qui joue Jack, le fils de Tom). Même William Hurt, qui n’a pas un grand rôle au sens de «minutes à l’écran», mais qui en a tout un, au sens d’impact et d’importance de celui-ci. Aussi surprenant que déroutant, cela dit.
Un film sur la nature humaine, les travers et les traits fondamentaux qui nous caractérisent. Un sujet dur, difficile, qui aborde donc le thème (qui l’est tout autant) de la violence et des conséquences de celle-ci dans notre vie, celle des autres ainsi que notre quotidien. L’histoire d’un homme et de sa vie très personnelle, mais qui peut également s’étendre et être extrapolée à la nôtre, au fond, et pourrait devenir presque anecdotique en ce sens.
C’est également une histoire de confiance, de passé (résolu ou non), de la connaissance que nous avons de chacun, mais aussi et surtout de soi. Est-ce que l’on se connait jamais vraiment, au fond, et est-ce que, malgré les apparences, l’on connait jamais complètement les gens qui nous entourent, même ceux qui sont les plus proches?
Et finalement, est-ce qu’on peut vraiment changer, malgré (ou même avec) toute notre bonne volonté et notre bon vouloir!?! Je considère que le film, tout comme moi, répond plutôt par la négative, avec la nuance -qui est d’une extrême importance- et sur laquelle il nous laisse (la dernière scène) : qu’il y a, assurément, plein de petits changements qui sont possibles, et surtout, qu’il y a toujours de l’espoir. Quand on s’en donne la peine, et la chance.
Réal.: David Cronenburg, É.U., 2005.