Catégorie : De mes yeux vu

Dirty Dancing (hommage a Julie L. et Martine B.)

Oui, bon… Comment dire!?! En fait, je serai honnête (trop – fort probablement!) et puis tant pis!?! la vie est certainement trop courte pour s’en faire avec de si petites considérations, après tout! Donc, j’en viens au fait: deux (formidables???) copines (je vous laisse deviner leurs noms, si vous êtes un brin perspicace!) m’ont tout récemment mise au défi d’écrire un billet sur ce vieux film de fille par excellence.
Sur le coup, je leur ai effectivement avoué que je n’oserais jamais et puis finalement, en y repensant bien, ça m’a semblé un bel exemple d’humilité (nous avons tous nos côtés obscurs et pervers, non?!?) et un exercice de courage qui ne soit pas à dédaigner… Je dé-conne! En plus j’ai récemment avoué avoir écouté Top Gun alors vraiment, rien ne peut m’arrêter maintenant! (hihihi!)
J’ai moi aussi un bon côté fille, à mes heures, et un autre passablement k-taine (j’en ai déjà fait mention dans d’autres billets, d’ailleurs) avec en prime, un 3e, qui se veut le point de rencontre des deux premiers, soit: un côté super-fille et méga k-taine, les deux en même temps! C’est magnifique, et je l’assume!!! La preuve? J’ai, CHEZ MOI, la cassette vidéo (même pas le dvd, en plus!) de Dirty Dancing, un petit bijou de kétainerie féminine qui a le don et le pouvoir, à l’occasion, de me faire sourire, de me changer les idées, de me donner le goût de la musique et surtout celui de la danse (k-taine aussi, bien sûr!) et même, si accompagnée de copine(s) et/ou boisson alcoolisée (idéalement les 2!) de me faire divaguer complètement… parfois même jusqu’au fantasme! HA! Avouez que ce n’est pas rien!
Dirty Dancing c’est comme le (sempiternel) Cendrillon des (anciens) temps modernes! Anciens parce que ça fait déjà quelques années (je prends à témoins les vêtements et les coupes de cheveux, c’est vraiment trop drôle!). J’ai dit «le» Cendrillon parce que, dans cette version pseudo-révolutionnaire, Cendrillon est un homme (avec un corps de Dieu et 500 bananes sur le ventre) et se prénomme «Johnny» (campé par Patrick Swayze) et le prince est une mignonne jeune fille bouclée et naîve (au départ…), qui n’a pas froid aux yeux et se prénomme «Baby» (le seul rôle de Jennifer Grey, à ma connaissance? On ne se demande pas trop pourquoi, finalement! Je déconne encore! elle n’est pas si mal!). Le Château, pour sa part, est substitué par un camp de vacances familial, quelque part dans une verte campagne, pendant l’été de 1963.
Je vous épargne les détails, mais en gros, notre prince «Baby», jeune fille d’une riche famille américaine et bien-comme-il-faut viendra sauver l’honneur et la réputation (pour le reste, l’histoire ne le dit pas) d’un danseur pas-piqué-des-vers et gigolo-forcé-à-ses-heures. Ta-taaaaaaam! C’est ça qui est ça pour le scénario, en gros!
Mais ce qui est intéressant, c’est le beau Patrick (oui, oui, dans ce temps-là et surtout dans ce film-là, il est intéressant, il danse vraiment bien tout en restant un homme, un vrai)! Et ciel qu’il a le corps et le mouvement de l’emploi! C’est k-taine à souhait! Et quand il apprend à son prince (toujours la fameuse «Baby») à danser, c’est formidable et ça donne envie de se lever debout sur le divan, de crier d’enthousiasme (presque d’envie!) et de danser! Aaaaaaaah! En tous cas, moi, ça le fait! Et que dire, ma foi, de LA scène, la finale, où Cendrillon, qui a repris du poil de la bête et semble devenir sinon un prince, du moins un frondeur-à-belle-gueule, revient au Château chercher son prince qui, à son tour, retrouve tout à coup des petits airs de Reine-d’un-jour!!! En-le-vant! Si je n’ai pas imaginé 100 fois être à sa place…je ne pourrais ici en témoigner aujourd’hui!
Avec beaucoup de grosse morale bien américaine sur les principes, le respect, l’honnêteté et autres affaires ennuyeuses et complètement ININTÉRESSANTES DANS CE CONTEXTE! On veut voir des beaux gars qui dansent irrespectueusement avec des belles filles, sur des bonnes tounes lascives et bien k-taines! Point!
Vous savez tout (ou presque!), maintenant! L’histoire est donc vraiment ordinaire mais quelque peu charmante, la musique est k-taine et entraînante, la danse «dirty» et omni-présente (une grande partie de l’intérêt, selon moi!) et l’idylle amoureuse (et charnelle) aussi invraisemblable qu’emballante! Qu’est-ce que vous voulez de plus?
Réal. (oui, oui, il y en avait un!): Emile Ardolino (je l’apprends en l’écrivant!), É.U., 1987.
P.S. Je dédie donc ce billet à ma copine (de vice), celle qui m’a offert cette cassette, (encore) la belle Martine B.!

Dogville

Le film débute avec cet intéressant bris des conventions, celles de l’espace et des décors. Qui n’existent presque plus. Comme une grande scène de théâtre avec les repères tracés et écrits par terre, espaces artificiellement définis, avec quelques bribes de portes ou de murs, quelques objets disposés ici et là. Pour le reste, les comédiens et comédiennes font «comme si».
C’est d’abord surprenant, puis on s’y fait tranquillement, on l’accepte un peu inconsciemment et ensuite, à mesure que le récit avance et s’alourdit, ça devient un peu dérangeant parce que pouvant également signifier l’indifférence grandissante de la part des protagonistes se trouvant autour de l’action (malgré les drames qui se produisent). Ce n’est bien sûr pas le cas, puisque le film lui-même est conçu ainsi et tous les gens qui y prennent part adhèrent à ce canevas, mais disons que la trame dramatique est extrêmement bien faite en ce sens.
Une histoire qui commence tout doucement, qui est même un peu amusante au départ, on ne sait trop ce qui va se passer. Mais on est vraiment curieux de l’apprendre (en tous cas je l’étais!). Une jeune femme (Nicole Kidman) arrive dans un petit village éloigné, minuscule et tranquille. Elle fuit on ne sait quoi et donc demande asile aux gens de ce village. Une demande qui sera vite acceptée, puis remise en question, ré-acceptée, etc. Commence ainsi un long et arride récit qui parle d’intolérance, de xénophobie, de confiance et d’acceptation. Qui parle ensuite et très tristement de tout ce qui peut en découler, soit le manque de respect, l’exploitation, le rejet, les sévices même (physiques et moraux). Du fait que la nature humaine est souvent navrante.
Le jeu des comédiens est vraiment formidable, extrêment crédible. Il doit être tellement déroutant (et difficile) d’évoluer dans un tel canevas. Je mentionne ceux qui m’ont le plus marquée, Nicole Kidman, Paul Bettany, Patricia Clarkson, Lauren Bacall (qui a beaucoup vieillie, je ne l’avais pas reconnue).
C’est une histoire et un film longs, difficiles, tragiques. L’atmosphère est de plus en plus lourde et glauque, jusqu’à la limite du tolérable et le point de non-retour, quand cette limite elle-même a été dépassée. Tout a un prix, et lorsque celui-ci devient trop élevé, il dépasse alors la raison. Et même parfois celui (le prix) de la vie même.
J’ai beaucoup aimé cette façon de faire du réalisateur. Une pièce de théâtre qui n’en est pas une, filmée dans cet espace clos mi-imaginaire. Jouée en 9 actes, introduits par de longs titres explicites de ce qui s’en vient, comme si ce n’est pas tant l’action que tout ce qu’elle implique qui est important. Je suis fan de Von Trier, et ce film me confirme (une fois de plus) dans ce statut!
Réal.: Lars Von Trier, Danemark, 2003.

Ma vie en cinémascope

Je ne pensais pas voir ce film, encore moins au cinéma. Le sujet m’était plutôt étranger et ne me semblait pas d’un grand intérêt (et bien personnellement) malgré les bonnes critiques (de toute façon, moi, les critiques…!). Mais je l’avoue, j’étais quand même curieuse…
Ô surprise: je suis bien contente d’y être allée! J’ai été très impressionnée par la prestation et les performances chantées de Pascale Bussières. Wow! C’est définitivement ce qu’on appelle une artiste polyvalente (et quasi-caméléon!). La plupart des acteurs et actrices sont bons (même si Nathalie Malette est surtout drôle dans son rôle de composition!).
C’est le côté historique de ce film qui m’a le plus intéressée. Je ne connaissais pas bien le Montréal des années 40-50 ni le «showbusiness» de cette période. Je n’avais certes aucune idée de l’ampleur de la carrière d’Alys Robi. Ni qu’elle avait été la conjointe de Olivier Guimond, qu’elle avait débuté avec la Poune (pas que je les connaisse vraiment eux non plus, mais j’ai entendu parler des personnages!). Ne serait-ce que pour ça, ça vaut la peine.
Il y a également un bon rythme qui est maintenu tout au long du film. L’intérêt est accru par le montage croisé, qui commence par le début de son hospitalisation avec, en parallèle et en «flashbacks», le début de sa carrière (depuis sa tendre enfance). Les histoires se chevauchent ainsi, nous fournissant une belle démonstration de sa détermination et de son talent, mais de toute la solitude,la détresse et finalement la déchéance auxquelles elle a dû faire face par conséquent. Très émouvant comme histoire. Vraiment tragique comme destin.
Réal.: Denise Filiatrault, 2004.

Turtles can fly

Je serai honnête avec vous: âmes sensibles s’abstenir. En fait, je dis ça et je suis consciente d’en être (toute) une moi-même, pourtant j’ai tellement aimé ce film. Je rectifie un peu le tir, donc: âme trop sensible et dans une mauvaise journée s’abstenir, mais se reprendre dès que ça va mieux! Parce que même si c’est un film très difficile, il m’apparait tellement important car il est le reflet d’une société et de situations si loins de nous, mais si représentatives de la réalité de ces gens, de leurs conditions de vie (ou de survie). Qu’on peut choisir d’ignorer, ou de se dire que la conscience de ce qui nous entoure, même des pires choses, est parfois mieux que l’inconscience ou l’indifférence. Ou l’aveuglement volontaire. En tous cas, moi je le pense!
L’histoire se passe dans le Kurdistan, entre la frontière de la Turquie et de l’Iraq. Le principal protagoniste est un petit garçon très débrouillard, avec un côté «business» aussi drôle que déroutant. Les gens du village l’appellent Kak Satellite, parce qu’ils amène à eux les nouvelles du monde à travers la télévision et les soucoupes, qu’il installe pour capter les chaînes. Il est entouré de plusieurs enfants de ce village, qui le suivent comme on suit un guide, un sauveur presque. Qui ont en lui une confiance aveugle. On y fait la rencontre d’enfants de tous âges, incroyables de lucidité, de débrouillardise, souvent handicapés mais tellement plus fonctionnels, courageux et volontaires que nous le sommes nous-mêmes à l’occasion! C’est incroyable.
Ça parle de peur et d’espoir au beau milieu d’un conflit armé. De la dure réalité, des champs de mines, des enfants abandonnés et blessés, de leur quotidien, de leurs aspirations plus fortes que tout: l’amour, l’amitié, la vie… et parfois la mort aussi, lorsqu’elle devient l’ultime délivrance. Le portrait que j’en fais est très dramatique. Le film l’est aussi, mais il est également beau, souvent drôle, très touchant, émouvant. Et il nous fait réfléchir…
Réal.: Bahman Ghobadi (Un temps pour l’ivresse des chevaux), Iraq/Iran, 2004.

The Station Agent

Un tout petit film trouvé par un tout petit hasard à mon club vidéo. Comme c’est souvent le cas, mon plaisir et mon appréciation en furent inversement proportionnels…
Littéralement une petite tranche de vie, celles de trois personnes qui se retrouvent au même endroit (perdu) pour aucune raison apparente et dont les talents pour la vie sociale et l’amitié ne laissent guère présager d’affinités: un homme de petit taille passionné par les trains (Fin/Peter Dinklage), une femme, artiste, ex-épouse et ex-mère (Olivia/Patricia Clarkson) et un homme/fils responsable, d’origine latine et plutôt bavarde (Joe/Bobby Cannavale)! Dans le nulle part -Newfoundland/le New Jersey profond-, autour d’une ancienne gare. Prélude à trois solitudes, qui seront peut-être partagées…
Ce n’est que ça, l’histoire mais c’est aussi tout ça: leur rencontre, leur apprivoisement, leurs peines et leurs misères, leurs joies et leurs colères et un début de rapprochement à travers ceux-ci. C’est tout simple mais c’est vraiment touchant, c’est très beau. C’est triste et parfois drôle. Ça nous reste en tête (et en plein cœur) pendant un certain temps après…
C’est aussi ça, parfois, un bon film: c’est simple et courageux.
Réal.: (et scénariste) Tom McCarthy, É.U., 2003