Catégorie : De mes yeux frequente

L’Entrecote St-Jean

La 2e meilleure entrecôte qu’il m’a été donné de goûter (à ce jour, du moins!), après le Relais rue Marbeuf à Paris.
Et non, ce n’est pas pour faire «ma fraîche», comme on dit! C’est parce que j’en garde, depuis 15 ans, un délicieux souvenir! D’abord parce que j’ai triché et j’ai eu le bonheur et le plaisir d’y retourner à quelques occasions depuis, ensuite parce que, quoique on ne peut plus simple comme menu, c’est tout tout bon! La petite sauce à la moutarde, la toute simple salade laitue boston/noix de grenoble, le classique potage et les profitéroles cochons à souhait (pour les gros appétits). Tout bon, je vous dis!
Et la pièce de résistance, j’ai nommé la succulente entrecôte elle-même, cuite à notre goût, bien entourée de ses pommes allumettes aussi croustillantes, délectables que fondantes.
Avec un bon ptit rouge légèrement corsé pour faire descendre le tout derrière la cravate…. Aaaaaaaah! Simple et formidable!
Seule grande différence entre les deux endroits, qui me fait toujours sourire: le service. Raide et on ne peut plus expéditif à Paris. Efficace et agréable à Montréal.
Hé! On ne peut tout avoir!?!
Être à Paris ET être «roi», en tant que client, à la façon toute nord-américaine du terme (mais oui, je généralise. Avec un malin plaisir non dissimulé, j’ajoute!).
Deux PS, obligés:
1) Salutations toutes distinguées à Julie et Carl qui reviennent tout juste d’une petite visite à celui de Paris, mes chanceux. Et qui m’ont redonné le goût d’y retourner (comme si j’en avais besoin!).
2) Dr Sof, my dear, the second one is for you… for surviving the «frugal» meal (and the following hours) we shared there!

Mini soccer

Je viens d’assister à un enlevant match de soccer entre les «Gaulois» et les «Pokémon», deux jeunes équipes amateures qui s’affrontaient dans le coin de Lachenaie-by-the-beach.
Les favoris, les Gaulois (ben voyons…) comptent d’ailleurs quelques très bons joueurs dignes de mention, dont (tiré au plus pur des hasards – quelle chance!) mon beau petit neveu, Charles.
Charles, tout léger, qui court sans arrêt -et très vite-, comme porté par le vent. Et qui est constamment en train de rire (et même de rigoler), pendant cette longue course, comme s’il participait à une très drôle et très longue blague!
Ça doit être ça, aimer ce que l’on fait, ou alors le sport que l’on pratique, non? En tous cas, ça rend le match pas mal plus intéressant à regarder et à suivre.
J’aime beaucoup ce genre de rencontre, à mi-chemin entre le sport et la découverte commune de celui-ci. Pour voir évoluer et encourager mes petits chéris, bien sûr, mais aussi pour tous les délicieux moments qu’ils nous procurent.
Petit exemple: très difficile, à 5 ans (âge moyen, je dirais), de faire des passes et de tricoter ainsi, en équipe, jusqu’au but. Alors le jeune joueur qui attrape le ballon (souvent par pure chance) court, sort même du terrain, toujours en courant, sans s’arrêter, tourne et revient, jusqu’à le perdre, ou s’enfarger, ou compter un but.
Parlant de but, autre exemple assez cocasse: rien n’est plus difficile pour les joueurs que de se rappeler de quel côté il faut compter des buts. Alors il n’est pas rare, comme l’a si bien expliqué Charles après le match (l’air un peu incertain et faussement détaché): «Bon! J’ai quand même compté un but… mais de ce côté-là!» (en désignant, d’un vague geste de la main, son propre but). Et quel beau but, malgré tout, il faut l’avouer!

Pierre Lapointe voit rouge

… Pendant que moi j’ai vu, le temps d’une soirée, la vie en rose.
Bizarrement, après avoir acheté mes billets il y a déjà un bon bout de temps, j’étais un peu déçue de réaliser que j’avais la soirée «rouge» (plus rock, disons) versus la «bleue», qui se voulait plus intimiste. Mais qu’à celà ne tienne, j’avais quand même très hâte de retrouver ce talentueux artiste qui m’a tellement séduite jusqu’à présent.
Et malgré mes grande attentes, je ne fus pas déçue, loin de là. Nous avons passé une formidable soirée. Qui collait encore mieux à ce dont j’avais envie, finalement.
Pierre Lapointe était drôle, touchant, un peu pseudo-pédant, et toujours aussi bourré de talent. Il a su bien s’entourer pour cette soirée pleine d’énergie et d’agréables surprises. Et créer une belle chimie en partant de plusieurs éléments somme toute assez différents.
Un spectacle relativement simple, avec un bon rythme bien soutenu.
Il a commencé le spectacle par une interprétation (fort bonne) d’une chanson de Indochine. Puis a enchaîné avec ma chanson préférée de son 2e album, «Qu’en est-il de la chance». Il ne m’en fallait pas plus pour plonger corps et âme… et il a su maintenir ainsi mon intérêt, jusqu’à la fin.
Le chanteur du groupe Carquois (que je ne connaissais pas vraiment) est venu faire plusieurs chansons. C’était très bon. Idem pour le chanteur de Malajube, qui est venu nous interpréter la chanson qu’ils font avec Pierre Lapointe. Il y avait aussi (le DJ?) Ghislain Poirier (brièvement), les très colorés et «sexys» Geneviève et Mathieu (aux dires mêmes de Lapointe – fallait être là pour comprendre l’ampleur de l’image), d’énergiques et surprenants chanteurs rétro-pop et plutôt flyés. Avec une jeune chanteuse aux blondes tresses dont j’oublie le nom, très drôle, elle aussi.
Nous avons même eu droit -un grand moment en ce qui me concerne- à la chanson de Joe Dassin que Lapointe interprète merveilleusement bien, «Dans les yeux d’Émilie». Ce qui, à mon humble avis, n’est pas une mince affaire, ni un petit compliment.
Je suis toujours assez étonnée de l’effet et de l’engouement que provoque Lapointe sur scène, après si peu de temps d’abord, mais aussi de par sa simplicité et son originalité, je dirais. Une fois de plus, il lui suffisait d’entamer quelques notes pour nous faire bondir de joie, danser d’entrain ou retenir (un peu) notre souffle de plaisir. Ou tout simplement nous faire applaudir très fort, spontanément, d’un simple geste du bras. Et ça fonctionne, chaque fois!
Félicitations pour le beau programme, M. Lapointe. Une autre belle soirée passée en votre enlevante compagnie.
Et je termine en espérant qu’il y en aura encore beaucoup d’autres, à venir.
PS – Un gros merci bien personnel pour «Pointant le nord», interprétée au piano au premier rappel. Qui, une fois de plus, m’a complètement chavirée… Assurément ma préférée du premier album.

Le projet Andersen

Si je pouvais écrire en 165 points, avec une typo imitation d’ampoules argentées et faire clignoter le tout, voici ce que j’écrirais: ROBERT LEPAGE EST UN GÉNIE.
Bon! Cela dit et comme je ne peux donc m’exécuter, je me contenterai de l’affirmer, le plus simplement mais le plus sincèrement du monde. J’ai envie de me faire plaisir en ajoutant que, comme il est bien souvent vrai que l’intention vaut pour beaucoup, j’espère que l’hommage n’en sera pas moins grand. Et surtout, surtout, prière de ne pas s’arrêter à la forme ultra convenue et kitsch que j’aurais donné à ce témoignage (les ampoules clignotantes), l’effet recherché n’étant, au fond, que de clamer aussi haut et fort que possible (dans ce contexte) mon admiration profonde et absolue.
J’ai déjà assisté à quelques pièces de Lepage. Et chaque fois, C-H-A-Q-U-E F-O-I-S, je suis renversée par son imagination hallucinante et débordante, son génie de la mise en scène (désolée pour la redondance, mais c’est, à nouveau, LE mot approprié), son avant-gardisme, qui est bien souvent également empreint d’une efficace et surprenante simplicité.
Et quel fabuleux comédien…
Je me souviens de lui à la LNI il y a plusieurs années. Quel talent! Dans ses pièces (quoique le mot semble ici tellement réducteur) et au cinéma, il est tellement crédible, authentique, on dirait presque qu’il ne joue pas. C’est difficile à expliquer, mais c’est vraiment l’effet qu’il me donne, chaque fois. Comme si les personnages lui collent si bien à la peau qu’il semble les incarner, dans la vraie vie. En même temps, plusieurs de ces personnages sont à forte saveur autobiographique, me direz-vous… je sais, mais quand même!
Dans le projet Andersen, Lepage s’intéresse au célèbre écrivain Danois, qui nous donna d’encore plus célèbres contes pour enfants. À sa manière, il nous raconte autant la vie mouvementée et coloréee de cet homme, qu’il nous parle de ses contes et qu’il se sert de différents personnages plus ou moins fictifs pour nous dévoiler (nous raconter?) encore mieux l’homme derrière l’écrivain. Et il joue tous les rôles, bien sûr, de formidable façon. Que ce soit un écrivain albinos québécois ou un directeur d’opéra parisien, qu’il incarne réellement et parallèlement, ou les personnages qui gravitent autour d’eux et que nous comprenons/devinons par la projection qu’il en fait grâce à ses principaux protagonistes… c’est brillant!
Ce qui me fascine le plus chez Lepage, c’est l’attention portée à chaque détail, chaque sortie de scène, chaque entrée de scène, chaque façcon de représenter un objet, une 2e ou une 3e dimension, un effet quelconque, un contexte. Même un chien! Ceux qui auront vu la pièce vont se souvenir de ses délicieuses petites scènes dans les parcs de Paris, où l’écrivain va promener le chien dont il a la garde. Tellement drôle, visuel, ingénieux. Et tellement simple, en même temps, ce qui ajoute à mon humble avis à l’intérêt de la chose.
Lepage se sert de projections, d’accessoires anciens et nouveaux -qu’il actualise toujours-, de graffitis, d’effets sonores et visuels, d’enregistrements, de musique, d’ordinateur, et j’en passe (et sûrement, sûrement, des meilleurs).
Nous retrouvons, intacts, toute la passion et le romantisme de Lepage. Et son humour. Un humour qui me rejoint tellement, me ravit. Dérisoire, auto-dérisoire, absurde et cynique. Toujours drôle et intelligent. Lepage est aussi provocateur, parfois cru, parfois peut-être un peu déstabilisant, mais toujours pertinent.
Je vous laisse deviner ma conclusion… et je vous invite à partager vos impressions, par la suite, s’il y a lieu!
Au TNM, conception, mise en scène et interprété par Robert Lepage (2005).

Venise-en-Québec

J’ai vu cette pièce (la dernière de la saison) il y a quelques semaines déjà.
Mais j’avoue avoir eu -et encore, d’ailleurs- de la difficulté à en parler.
Parce que j’en suis ressortie tellement mitigée… La pièce m’a sidérée autant qu’elle m’a surprise, m’a fait rire autant qu’elle m’a un peu «agressée» (par la véhémence et le niveau de volume dans lequel sont prononcées les répliques), m’a stupéfaite autant qu’elle m’a, à certains moments, intéressée.
D’abord, les comédiens sont tous très bons. Christian Bégin, Violette Chauveau, Simone Chevalot, Yvon Dubé, Mathieu Gosselin, Johanne Haberlin, Michel Lavoie, Daniel Rousse… mais surtout, surtout, Vincent Bilodeau. Quel rôle intense, «heavy», même, pas très flatteur en fait mais ô combien rendu d’extraordinaire façon. Chapeau à ce formidable comédien, vraiment! Il y avait longtemps que j’avais eu le bonheur de le voir au théâtre, d’ailleurs.
Le décor et la mise en scène sont carrément surréalistes, comme le propos. Ou les propos. Que je serais bien en peine de rapporter ici! En gros, ça parle d’un homme qui débarque par un malencontreux hasard (mais qui n’en est peut-être pas un, finalement) dans cet inimaginable coin de pays, ce «trou» (dans tous les sens du terme, puisqu’il s’agit d’un genre de «mini-putt» géant…). Et là, ça crie, ça dérisionne, ça fabule et ça dégénère dans tous les sens. Et ça se relance, à qui mieux-mieux (ou pire-pire!?!).
Je pense que je n’ai pas vraiment réussi à capter l’essentiel de l’histoire. Moi je le vois comme une pseudo-fable sur cet endroit qui est probablement assez féérique (en réalité). Qui se réfère aussi à la confiance, la fierté, la peur et la vision des gens qui y habitent, ce qui peut certainement être extrapolé à l’ensemble d’un peuple, dans la vraie vie. Mais bon… je dois m’arrêter ici! (faute de pouvoir développer davantage, bien honnêtement et humblement).
Certainement tout un exercice de style et d’originalité. Au sens d’unique et de singulier.
Au Théâtre d’Aujourd’hui, texte de Olivier Choinière, mise en scène de Jean-Frédéric Messier.