Catégorie : Incontournable

La face cachée de la lune

J’ai vu ce film l’année dernière à Ex-Centris et j’avais (depuis) très envie de le revoir. Ce qui est déjà un très bon signe, non? (hihihi!)
Je me suis donc trouvé un petit moment en fin de semaine pour m’exécuter. Quel bon et surtout quel beau film. Les films de Robert Lepage sont toujours très élaborés et un peu complexes. Celui-ci (probablement mon préféré, mais j’aime pas mal tous ses films) est beaucoup plus qu’un film, c’est une œuvre. Du début à la fin.
Depuis le tout premier plan de l’intro, les images de la Lune, les parallèles avec l’homme et les repères historiques, j’étais sous son charme. Il y a une très belle histoire, celle de deux frères et de leur relation (ou plutôt manque de relation). Ça parle de contrastes, de recherche de soi, de mort, d’évolution, de différence, de rapprochement et d’acceptation. Et en même temps, de la Terre, de la Lune, de l’Univers, de la place que chacun occupe. Tout au long du film, les plans se succèdent, chaque fois différents, faisant le pont de façon magifique entre deux idées, deux séquences d’images. Le film est ainsi une suite de tableaux, tout en conservant le fil de l’histoire et nous guidant à travers elle. RL utilise tout plein d’icônes ou objets pour ce faire, comme la forme de la Lune, le hublot d’une fusée, celui d’une machine à laver, la lumière, les étoiles, etc. Il y a même plusieurs effets visuels assez réussis. C’est très beau et très recherché. Je suis convaincue que chaque plan a fait l’objet d’un grand travail, d’une recherche, du souci total du détail. Et le résultat est à la hauteur, tout comme la trame sonore qui complète bien le film.
C’est très drôle. Un humour tantôt absurde, souvent auto-dérisoire, caustique. RL joue les deux rôles principaux de façon magistrale. Je suis tellement impressionnée par tout le talent de cet artiste, c’est incroyable. Il campe aussi bien le frère aîné, éternel étudiant un peu déconnecté que son cadet, un homosexuel parvenu, égocentrique et menteur. Les dialogues, surtout ceux entre les deux frères, sont délicieux. Je n’ai pas vu la pièce de théâtre (malheureusement), mais je suis certaine que c’est une transposition vraiment réussie).
Les couleurs sont très belles, très vives. Et il joue à l’occasion avec le noir et blanc des (fausses) images d’archives versus la réalité. Mais chaque fois c’est pertinent, disons. Et c’est ce qui rend l’ensemble vraiment bon et intéressant.
Histoire apparemment en grande partie autobiographique. Je rie encore juste à penser au plus jeune frère, et sa célèbre «Je parle fort, et je ne suis pas ridicule»! (J’aimerais tellement que ça fasse partie des choses tirées de la réalité!!!).
Réal.: Robert Lepage, Canada, 2003.

Les freres Coen (Joel et Ethan)

Comme c’est le cas pour beaucoup de films… un billet qui commence bien et se termine, à ma plus grande tristesse (croyez-moi!), un peu mal. Du moins pour l’instant! J’espère vivement que le futur nous réserve de grandes et belles surprises, à la hauteur de ces deux frangins (réalisateur/scénariste et producteur) que j’affectionne particulièrement.
Petite note en commençant: ce billet n’est pas exhaustif. Je parle des films que j’ai vu ET qui m’ont marquée. Parce que j’ai l’goût, bon! hihihi!
Il y a eu d’abord «Raising Arizona» en 1987. Drôle, flyé, bien rythmé, avec Holly Hunter et Nicolas Cage, qui enlèvent un bébé d’une famille de quintuplés. «Barton Fink» en 1991, avec John Turturro (formidable) en écrivain torturé. J’avais bien aimé ce portrait assez cynique -et exubérant- de Hollywood. Et un autre film rigolo, satirique, à l’histoire intéressante (un jeune commis qui se rend au sommet grâce à une idée de génie) et au traitement plus conventionnel: «The Hudsucker Proxy» en 1994, avec Tim Robbins (wow!) et Paul Newman.
Mais mon premier vrai coup de coeur (et la plus grande de leur œuvre, pour moi) est définitivement «Fargo» en 1995. Avec un William H. Macy pathétiquement convaincant et une Frances McDormand fabuleuse, surtout dans un rôle aussi linéaire (en théorie). Quelle belle révélation… (elle a d’ailleurs gagné l’Oscar de la meilleure actrice en 1996 – j’étais debout sur mon divan à l’applaudir et me réjouir!). Ça pourrait tomber dans le gros drame «heavy», mais l’absurdité qui entoure le récit et le traitement désopilant nous fait rire, même si jaune le plus souvent. Avec un ton, une atmosphère qui sont fascinants. Et un scénario assez particulier (c’est un peu leur marque de commerce), celui d’un enlèvement assez suspect qui tourne plutôt mal. On ne sait jamais trop ce qui va se passer. Et c’est formidable!
Puis «The Big Lebowski» en 1997, un autre très bon film. Quelle histoire abracadrabrante, drôle, toujours aussi absurde et intense. Avec une fois des plus des comédiens fantastiques et délirants: Jeff Bridges, John Goodman, John Turturro et même Julianne Moore. Histoires de bowling et d’extorsion.
Plus récemment, «The man who wasn’t there» en 2001, en noir et blanc. Un film assez différent des précédents, surtout dans le traitement: plus en retenue et en suspense. Lent. Avec un très bon et très nuancé Billy Bob Thornton dans le rôle principal. L’atmosphère est tout aussi légère/lourde avec un savant mélange d’absurdité et de mystère.
Mais les quelques dernières expériences furent un peu décevantes à mon avis: «Ô Brother where are thou» (avec la délicieuse Holly Hunter). Le rythme était bon, la musique et le montage un peu farfelus et surprenants. Mais pouvez-vous me dire QUI a compris, sans l’avoir préalablement lu, qu’il s’agissait d’une adaptation très très libre de l’Odyssée d’Ulysse/Homère??? Eh bien pas moi!?!
Suivi de «Intolerable Cruelty» en 2003. Pas complètement inintéressant, mais plus commercial et sans grand charme ni intérêt plus profond, je dirais. Et pas très Coen, si je peux me permettre. En fait, j’ai été tellement déçue que je n’ai pas encore vu le dernier en liste, «Ladykillers» (2004) avec Tom Hanks. J’avoue avoir de plus en plus de misère à les suivre… dans tous les sens du terme!

Run Lola run

Ce film-là a un peu transformé ma vision du cinéma, ou plutôt ma définition de celui-ci. Il a élargi mes frontières. Je me souviens d’être entrée dans la salle et d’en être ressortie un peu différente. C’est fou, hein?
Quel excellent film. Les comédiens sont vraiment crédibles (dont Franka Potente et Moritz Bleibtreu que nous avons revu plusieurs fois depuis). Le scénario est génial: une histoire assez simple (une jeune fille doit trouver beaucoup d’argent en quelques minutes pour aider son copain), mais que nous revoyons trois fois, avec trois différentes suites d’événements, de répercussions et donc trois différentes fins. C’est vraiment innovateur, avant-gardiste (en tous cas, ça l’était au moment de sa sortie!). Il y a également de formidables transitions de plans, parfois en dessins animés, parfois à l’aide de photos polaroid, etc. Le montage est tellement bon, très rythmé, électrisant. La trame musical se fond à merveille avec le film, en devient presque un personnage en soi, du moins un complément essentiel. C’est un mélange très éclectique de techno, de pop, de rock, etc.
Est-ce que j’ai dit que j’avais VRAIMENT BEAUCOUP aimé? (je voulais juste être sûre!).
Réal.: Tom Tykwer, Allemagne, 1998.

Le Pere Noel est une ordure

Trois réactions possibles pour celui ou celle qui lira ce titre: primo, on ne connait pas et on est très incrédule quand à la possibilité que ce soit réellement le nom d’un film! Secondo, on connait et on a pas vu au complet ou on a complètement détesté ou du moins, on a VRAIMENT pas compris la CHOSE! Tertio -et c’est mon cas, vous l’aurez déjà deviné de façon tout à fait surprenante!-, vous l’avez vu et à la simple évocation du titre, de très bons et vifs souvenirs affluent à votre mémoire, accompagnés de moult répliques devenues «cultes» dans le genre et vous avouez -ou non!- qu’il s’agit là d’un de vos films fétiches. Moi, non seulement je l’avoue, mais je le proclame bien haut et avec une joie non dissimulée!
Et ne vous méprenez pas: je n’aime pas Noël. Ce qui, en partant, pourrait suffire à me refroidir sur le sujet. Mais au contraire: ce film est en fait une des grandes joies qui se pointe annuellement à l’horizon, avec le retour (obligé, celui-là!) de la fête en question. Et ce n’est donc pas tant le sujet (la vigile de Noël dans les bureaux de SOS J’écoute) que les personnages qui sont hallucinants, rendus par des comédien(ne)s qui le sont tout autant. Et l’humour absurde et délirant -du début à la fin- qui me fait craquer à tout coup.
«C’est s’la, oui! Il me manquait justement quelque chose pour sortir les poubelles», comme dit Pierre (Thierry Lhermitte), un homme plein de contradictions à Thérèse (Anémone), la femme au tronc long, qui le remercie ensuite pour son cadeau «Non, non…Je ne peux pas dire que je n’aime pas! Le village est gentil… mais, c’est l’arrivée de cette grosse femme… ça va très loin!». Le célèbre Père Noël en personne: Gérard Jugnot «…je vais prendre un morceau de cette chose longue et molle…». Avec une mention très spéciale pour l’exquise Mme Musquin, campée par Josiane Balasko «Minuterie!!! Mais dites-moi, Pierre, vous vous êtes fait mal!?!». Le caustique M. Dubrovsnick «C’est garniture… c’est doubitchous…! je ne vous en dis pas plus!», le chic pharmacien «Mais….qu’est-ce que c’est que cette matière?!!?!?… mais c’est d’la MERDE!?!». Sans oublier les célèbres compères: Christian Clavier, en travelo déprimé «Vous êtes myopes des yeux, myopes du cœur et myopes du cul!!?» et Josette, la jolie blonde au ventre rond (Marie-Anne Chazel) «Dis, Thérèse, est-ce qu’il a un gros kiki, Pierre!?!». Enfin… Faut vraiment le voir pour comprendre et surtout, apprécier à sa juste valeur cette désopilante comédie, du reste sur fond assez noir, quand on y pense… Mais ne vous en faites pas, on en est pas à un paradoxe près!
Réal.: Jean-Marie Poiré, France, 1982.

The Godfather (la trilogie)

Pour moi, un Grand moment de cinéma. De mémoire de femme, le seul cas où j’ai autant aimé –sinon plus!- la suite. Et un petit peu moins le dernier, mais comme la saga continue… j’ai craqué! Sûrement “ze next best thing to be in the mafia!”, non? Les acteurs sont tous tellement bons et crédibles, on embarque tellement dans l’histoire, on ressent une telle tension (oui, je l’avoue, j’ai même eu un peu peur, à l’occasion!) et on veut savoir à tout prix ce qui va se passer. On embarque complètement, on y croit. Et à mon grand dilemme, on prend même partie, des fois, dans toute cette vengeance et cette injustice. C’est dur et violent. Mais captivant. Et les bouts de gnoccis avec la cousine et le beau Andy viennent compenser pour toute cette violence, je trouve! (je déconne!). C’est l’atmosphère qui y règne du début à la fin -un savant mélange de non-dit/de tension/d’intensité/d’appartenance et de non-appartenance- qui font de ce film un incontournable pour moi. Bra-vo! Et à revoir, ce qui est une 2e chose très rare dans mon cas! Et je ne peux passer sous silence le magnifique Al Pacino. Magnifique au sens physique, j’entends. C’est aussi un acteur que j’aime, mais mon grand faible tout à fait avoué va pour son physique. Si la beauté et le charme masculin pouvaient tuer, il n’aurait pas pu faire cette trilogie! Et surtout les deux premiers… Du calme, du calme!!!
Réal.: Francis Ford Coppola, É.-U. 1972, 1974 et 1990.