Mois : mars 2006

Hosanna

D’entrée de jeu, la scène est intéressante. Très Michel Tremblay et son univers. Le décor un peu kitsch, vieillot, kétaine à souhait. Cette même scène, aux apparences un peu statiques, mais qui gagnera en intérêt -et même en déploiement- un peu plus tard.
Les deux comédiens, Benoît Brière et Normand D’Amour, sont très, très bons. Surtout dans de tels rôles de composition.
Le « vrai » Benoît Brière, on l’oublie complètement dès le départ, et on ne le verra apparaître que l’espace de quelques secondes, à un ou deux moments, pendant la pièce. Il créé et rend une magnifique Hosanna, dérisoire (et remplie d’auto-dérision), touchante, hautement et totalement quétaine. Formidable. Normand D’Amour nous livre un surprenant « Cuirette », vulnérable et dur à la fois, tendre et intransigeant.
C’est l’histoire de ces deux individus, en apparence si opposés par leurs natures respectives mais qui se rejoignent quand même et presque inévitablement dans la vie, dans leur relation si particulière et quasi « homme-femme ». Mais où l’homme n’est pas toujours celui que l’on pense, idem pour l’inverse. Beaucoup de nuances, de gris, de travers, aussi.
Mais c’est aussi beaucoup plus que ça. C’est une histoire d’amour, d’estime, de confiance, c’est une relation de couple à travers le temps et les événements. C’est une histoire de fragilité, d’acceptation de soi et de l’autre.
La mise en scène est simple et ingénieuse à la fois. De belles petites transitions, comme quand Hosanna est seule, au milieu de la nuit, et passe le temps. C’est habile et joli à la fois. L’utilisation de l’espace (dans ce petit décor presque clos) est bien faite. Des corps qui s’affrontent, s’opposent, se font face, au rythme des propos. Le ton, comme le rythme, est rapide, intense, souvent escessif, à l’image des personnages et de leur dynamique. Je pense que le mot est effectivement très approprié…
Il faut bien sûr aimer Michel Tremblay, pour apprécier.
Mon complice s’est demandé après coup si ce genre de pièce/sujet, ne contribuait pas encore et quelque part à maintenir un certain préjugé sur les couples homosexuels, de part son côté si gros, si caricatural, si excessif.
Moi, je préfère penser que non, puisqu’il s’agit de beaucoup plus que ça, d’abord, et qu’à mon sens ce couple n’est pas tant le symbole de l’homosexualité, que la représentation ou les témoins de la difficulté d’aimer, et d’être aimé en retour, à travers un couple.
au TNM, pièce de Michel Tremblay, mise en scène de Serge Denoncourt.

Gros bon sens

Misère que les gens en manquent souvent, et terriblement.
Autant je considère que les gens sont parfois bien cavaliers, trop peu gentils, polis et galants, cela dit, les uns envers les autres (hommes, femmes, enfant, etc.), tous genres confondus. Parce que ces critères ne sont pas réservés exclusivement aux hommes, malgré ce que certaines personnes peuvent penser.
Comme ce fut le cas ce midi…
Je suis allée porter un vêtement pour altération, dans un édifice à bureaux près du mien. Chose faite, je reprends l’ascenseur pour descendre.
Il y a déjà une femme qui s’y trouve, d’un certain âge, élégante, mais assez raide (qui ne répond pas à mon sourire). Et qui semble agacée. Un peu plus bas, deux hommes entrent également et nous nous dirigeons alors allègrement, tous quatre, vers le rez-de-chaussée.
Petites précisions qui s’imposent à ce stade:
1) L’ascenseur est minuscule, et à nous quatre, nous affichons déjà plus que complet, et sommes donc dans une proximité certaine et obligée.
2) Les deux hommes, qui nous ont saluées en entrant, sont tous deux de forte taille (ce qui, du reste, n’est pas plus de notre faute que de la leur, probablement), et se sont donc placés, tant bien que mal, devant/entre la dame et moi.
En arrivant en bas, les portes s’ouvrent et le premier homme, qui ne peut que sortir -sous peine de nous empêcher tous de le faire- s’exécute donc, puis le deuxième semble amorcer le même mouvement, tout à fait logique dans les circonstances, quand la femme, outrée et ma foi, prise d’une folie soudaine, le pousse (sur moi!), se taille avec force une place devant lui et sort en justifiant ainsi son geste: « LES FEMMES D’ABORD!», sur un ton incroyable de véhémence, d’agressivité et de … ri-di-cule.
J’étais dépassée. Dans tous les sens du terme.
Quel était donc le but ultime, la rationnalité et surtout la pertinence d’un tel geste??? (dois-je préciser que je parle de celui de la femme…!).
J’en fus, automatiquement, gênée. Pour moi, pour elle (surtout) mais aussi pour les femmes en général, puisque c’est en notre «nom» qu’elle a cautionné son attitude navrante.
J’ai ensuite esquissé un petit sourire mal à l’aise à l’intention des deux hommes, qui l’étaient tout autant et se confondaient maintenant en excuses et en explications maladroites, pour (tenter de) leur exprimer qu’ils n’avaient rien, absolument rien, à se reprocher. J’ai cru bon de leur confirmer en paroles, ce qui a semblé les rassurer un tant soit peu.
Puis je me suis demandé comment réagir avec la femme, qui me précédait jusqu’à la sortie de l’édifice. J’étais déchirée entre l’envie de lui cracher au visage (un trip «mental» que je n’aurais jamais osé faire et qui, du reste, n’aurait absolument rien arrangé, si ce n’est de me faire un peu plaisir!), celle de lui expliquer et condamner l’absurdité de son geste et finalement (l’option retenue), le regard ahuri et plein de mépris que je lui ai lancé quand elle s’est retournée.
Elle n’a probablement rien compris et considère peut-être même avoir bien agit. Moi, je me suis dit que c’était peine (et salive) perdues. Que quand on a ce genre de réaction, quelque chose ne tourne vraisemblablement pas rond, et que je n’avais vraiment pas envie qu’elle me le confirme davantage.
J’espère que j’ai bien fait. Des fois qu’elle récidiverait… et que ça nous passerait sur le dos, à nous toutes, les (autres) femmes. Quelle honte, vraiment!

A History of violence

Un autre film que je voulais voir depuis longtemps. Car j’en avais entendu beaucoup de bien mais que, surtout, je savais que, quoique dur/difficile, le sujet et le traitement n’étaient pas trop «fuckés» (quoique, on s’entend, rien de bien léger…). Une nouvelle approche pour ce réalisateur, donc, en quelque sorte.
Le rythme du film est vraiment intéressant. Un certain engourdissement, au départ, parmi et malgré des événements plutôt impressionnants et dérangeants. Une progression dans ce rythme qui colle bien à celle de l’intrigue et du récit. Un montage très sobre, à l’efficacité inversement proportionnelle. Les plans sont très percutants, nous amenant totalement dans l’action et dans cette violence qui est, on s’en doute, omniprésente.
C’est l’histoire de Tom Stall, propriétaire d’un «diner» dans sa petite ville tranquille, qui se fait attaquer un jour et qui réagit de troublante et violente façon. Qualifié de héros local par sa communauté qui se tient derrière lui, il aura la visite d’un malfrat venu de Philadelphie, qui le prend apparemment pour quelqu’un d’autre.
Les comédiens sont vraiment très bons. De Viggo Mortensen (Ton Stall), dans le rôle principal, sa femme, Edie, jouée par Maria Bello jusqu’à un certain dénommé Fogarty, interprété par le formidable Ed Harris. Sans oublier -désolée!, j’allais effectivement le faire malgré moi!- la très bonne prestation de Ashton Holmes, dans un premier rôle d’une telle importance (qui joue Jack, le fils de Tom). Même William Hurt, qui n’a pas un grand rôle au sens de «minutes à l’écran», mais qui en a tout un, au sens d’impact et d’importance de celui-ci. Aussi surprenant que déroutant, cela dit.
Un film sur la nature humaine, les travers et les traits fondamentaux qui nous caractérisent. Un sujet dur, difficile, qui aborde donc le thème (qui l’est tout autant) de la violence et des conséquences de celle-ci dans notre vie, celle des autres ainsi que notre quotidien. L’histoire d’un homme et de sa vie très personnelle, mais qui peut également s’étendre et être extrapolée à la nôtre, au fond, et pourrait devenir presque anecdotique en ce sens.
C’est également une histoire de confiance, de passé (résolu ou non), de la connaissance que nous avons de chacun, mais aussi et surtout de soi. Est-ce que l’on se connait jamais vraiment, au fond, et est-ce que, malgré les apparences, l’on connait jamais complètement les gens qui nous entourent, même ceux qui sont les plus proches?
Et finalement, est-ce qu’on peut vraiment changer, malgré (ou même avec) toute notre bonne volonté et notre bon vouloir!?! Je considère que le film, tout comme moi, répond plutôt par la négative, avec la nuance -qui est d’une extrême importance- et sur laquelle il nous laisse (la dernière scène) : qu’il y a, assurément, plein de petits changements qui sont possibles, et surtout, qu’il y a toujours de l’espoir. Quand on s’en donne la peine, et la chance.
Réal.: David Cronenburg, É.U., 2005.

Option Beaute

Je ne prétends nullement avoir choisi, dans la vie, l’option d’être belle. Loin de là mon propos! D’ailleurs, comme si c’était possible que je sois devenue prétentieuse, du jour au lendemain!?! Franchement!
J’ai simplement envie de m’étendre, allègrement, sur l’un des grands plaisirs d’être une femme (entre autres). Celui des soins esthétiques, communément appelés soins de beauté.
Plaisir, que j’ai découvert il y a quelques années seulement (sur le tard, donc!, mais ce qui ne fait qu’ajouter à mon plaisir, je le constate et le confirme chaque fois). Sous la forme d’un salon nommé « Option Beauté » (vous l’aurez deviné), et de sa propriétaire -professionnelle et experte- nommée Carole.
Je m’y rends donc à l’occasion, question de m’abandonner complètement entre ses mains habiles, pour un soin du visage. Ça dure une heure trente, et c’est tout bon! Incluant peeling, exfoliation, traitement purifiant aux huiles essentielles, massage (pour ceux et celles qui doutent, je le confirme avec véhémence: OUI! On peut masser un visage… et quand on s’y connait un peu, je vous le dit, c’est vraiment fantastique). Massage qui s’étend jusqu’aux épaules (incluses)… Hmmmm-hmmm! Et qui se termine par un masque (et dans mon cas) une mini-sieste tellement relaxante.
Carole est également dépositaire des produits français Phytomer, qui me ravissent. Des produits de grande qualité, naturels, à base d’algues et autres produits marins. Je ne peux croire que je vais l’avouer… mais, tant qu’à faire, why not! : en plus d’être efficaces et agréables à utiliser, ces produits sont magnifiques. De beaux petits pots et tubes bleus et blancs. Ça vous fait tout un beau «display» dans une pharmacie de salle de bain, ça! Rien à redouter des visiteurs curieux qui oseraient l’explorer en cachette (mais là, je dis ça comme ça! Je ne parle pas de toi, Julie P, ni même de toi, Guy…). Des produits qui dégagent cette qualité, donc, ainsi qu’une fraîcheur réparatrice. Tiens, je devrais peut-être songer à en vendre, moi aussi, finalement… Me semble que je serais bonne?!?
Tout ça peut sembler un peu futile, mais je vous assure que ce ne l’est pas. Même si je l’ai appris plus tard que tôt -et comme dirait si bien mon esthéticienne- la peau, il faut en prendre bien soin, car nous n’en avons qu’une! Bon, bon, oui, je vous l’accorde, ceci est également un genre de «slogan marketing» dans son cas, mais si je me fie aux résultats, j’ose dire qu’elle a (un tant soit peu) raison. Et que c’est important de prendre soin de notre peau, pour maintenant et pour demain (au sens très lointain du terme).
Et parce que c’est plaisant.
D’ailleurs, ce plaisir n’est même plus réservé exclusivement aux femmes, maintenant. Carole me le confirme: de plus en plus d’homme y ont recours. La peau, c’est unisexe, non? Ou assexué??? En tous cas, dans ce contexte, vous voyez ce que je veux dire!?!
Esthétique Option Beauté, 5160 St-Denis, Montréal, un peu au nord de Laurier, 514-272-1113.

Open Hearts

FINALEMENT, je l’ai vu! Ce film que j’avais manqué au FCMM il y a déjà quelques années et qui est maintenant disponible en location.
Un film réalisé selon les règles du Dogme, le 28e en titre.
Une histoire qui commence si bien… celle d’un jeune couple, très amoureux, qui est si subitement et brusquement séparé par le destin, suite à un grave accident. Le jeune homme en restera paralysé. La jeune femme, elle, se liera d’amitié avec le médecin et mari de la responsable de l’accident.
La caméra est souvent en mouvement, lentement, utilisant de longs plans. Un montage et un traitement simples, efficaces, qui nous plongent dans une atmosphère très réaliste et des émotions presque palpables. Les plans ralentis et flous, insérés à travers le récit, nous permettent de comprendre les envies et les désirs profonds (et cachés) des protagonistes. J’aime bien ce genre de parallèles, qui nous rendent presque complice.
Un film d’amour et de déchirement. Une histoire de laisser-aller, de recommencement. Où l’on apprend à regarder, toujours, en avant. Et à trouver -peut-être- l’amour, là où on s’y attend (mais alors là, vraiment!) le moins… et où l’égoïsme peut prendre de surprenantes facettes.
Les comédiens sont très bons, très crédibles, parfois dérangeants. Le formidable Nikolaj Lie Kaas, qui joue Niels, l’amoureux qui subira l’accident, Sonja Richter, douce et émouvante, qui joue sa compagne, Cecilia, de même que l’excellent Mads Mikkelsen dans le rôle du médecin et Paprika Steen, qui incarne avec conviction sa femme. De très belles prestations, qui semblent souvent relever du documentaire, tellement on y croit, et malgré la grande singuliarité des événements.
Qu’est-ce que j’aime ce genre de films. Qui me confirment, chaque fois, pourquoi j’avais tellement envie de les voir. Et depuis si longtemps, dans ce cas précis. Du cinéma vrai, touchant, sans artifice.
Réal: Susanne Bier, Danemark, 2002. 
P.S. C’est plus fort que moi, il faut que j’en parle!: je ne savais pas que «Paprika», cette pseudo-épice si mystérieuse et méconnue (tiens! on dirait presque un titre d’article du célèbre Reader’s Digest), était également un prénom Danois. Hmmmmmm!