Catégorie : Un bon film, un!

Joyeux Noel

Un film basé sur des événements réels survenus la veille de Noël pendant la Première Guerre Mondiale.
En peu de mots, un film très émouvant. Difficile de savoir ce qui est réellement arrivé vs les parties plus romancées, mais au total, une histoire vraiment touchante.
Où même dans l’absurdité de la guerre (et de la religion), l’humanité et le respect existent toujours entre les hommes qui la font, de gré ou de force, par principe ou par obligation.
On se retrouve dans une tranchée en France opposant deux clans alliés, les Écossais et les Français, contre les Allemands. Les combats habituels se déroulent donc jusqu’au soir du 24 décembre, où, presque spontanément, ou peut-être par instinct (ou volonté) de survie, généraux et soldats décideront de suspendre, l’espace de quelques heures, les hostilités. Et ils fraterniseront, contre toute logique et surtout, toute attente. Mais avec tellement de volonté, de sincérité. Une belle histoire d’amour, aussi, entre deux chanteurs d’opéra, entre pères et fils, entre frères de sang ou de conviction.
Les comédiens sont enlevants, spécialement Daniel Brühl («Goodbye Lenin» et «The Edukators») ainsi que Guillaume Canet. Ils arrivent à nous rendre crédible leur rôle dur et intransigeant de général dans leurs armées respectives, de même que celui d’homme, de père et/ou de mari, qui est sous-jacent mais si présent par ces temps difficiles. La musique (principalement de l’opéra), vient ficeler le récit et permet d’exprimer une grande partie de l’émotion qui en ressort.
Seul vrai petit «hic», à mon avis: les deux comédiens qui jouent le rôle du couple de chanteur d’opéra mais qui font très visiblement du simple «lipsync», ce qui est énervant, je trouve. Je me demande toujours pourquoi ils n’ont pas pris de vrais chanteurs mais bon, qu’est-ce que je connais là-dedans!?!
Un film qui redonne tout simplement confiance en la race humaine, qui est parfois capable de belles et grandes choses, quand elle s’en donne un tant soit peu la peine.
Bien sûr tout ceci ne sera qu’un bref intermède, qu’une toute petite lumière dans toute l’horreur de la guerre qui continue encore aujourd’hui, mais un intermède qui aura fait histoire et dont on aura longtemps envie, je l’espère, de se souvenir.
Réal.: Christian Carion, France/Allemagne/Angleterre, Belgique/Roumanie, 2005.

Brodeuses

Un autre film issu de la cuvée 2004 du FCMM, maintenant disponible en location.
L’histoire de deux femmes à la croisée inverse de leurs chemins respectifs: la plus jeune, Claire (Lola Naymark), une toute jeune femme célibataire qui apprend qu’elle est enceinte et Mme Mélikian (Ariane Ascaride), une femme d’âge mûr qui vient de perdre son fils. L’une n’a plus rien à perdre et l’autre, pas très envie de gagner quoi que ce soit.
Malgré ces oppositions, plusieurs choses les rapprochent déjà. Leur passion commune pour la broderie, d’abord, mais aussi leur grand talent, leur force tranquille. Bientôt, naîtra entre elles une belle complicité, à l’image et au rythme des œuvres qu’elles confectionnent, d’abord en parallèle puis à quatre mains.
Les comédiennes sont un pur ravissement. Cousues de retenue, de nuances, de regards si intenses. De silence, aussi, ce qui n’est certes pas la chose la plus facile à rendre tout en les empreignant de sens.
La musique et leur art forment la trame sonore et la toile de fond de leurs échanges. C’est plein de sous-entendus, de tendresse, d’affection, malgré d’austères apparences.
Ce film m’a beaucoup charmée, tout comme les magnifiques œuvres des deux principales protagonistes, qui sont une réelle découverte sur l’évolution de ce métier artisanal et traditionnel.
Une très belle ode à la vie, l’amour et la filiation.
Et un bel exemple qu’on peut encore réaliser et produire de bons films, avec peu de moyens et sans artifice aucun.
Réal.: Éléonore Faucher, France, 2004.

Crash

Ça doit bien faire un an, jour pour jour, que je tente par différents moyens de voir ce film, chaque fois (de façon évidente!), sans succès. Mais cette fois-ci fut la bonne. Et je n’ai rien perdu pour avoir attendu, comme le veut l’expression consacrée.
À prime abord et de mémoire, je m’attendais à un film sur le racisme. En fait, il s’agit davantage d’un film sur les préjugés et les multiples et insidieuses formes qu’ils prennent. Chez tous et chacun, sans exception j’ajoute, car personne n’est malheureusement à l’abri de son propre jugement et de celui des autres.
C’est également un habile chassé-croisé d’histoires assez imprévisibles, qui nous démontre de façon très percutante l’effet que les gens peuvent avoir les uns sur les autres, de façon volontaire ou non, consciente ou non, préméditée ou non. On y prend également conscience à quel point la ligne est mince entre «tout va bien» et «tout bascule» subitement…
Il y a un tel climat de tension qui est habilement maintenu tout au long du film. Et à moins d’être voyant(e), je pense que l’on peut difficilement prévoir ce qui va se passer ensuite, car aucune logique n’est à l’origine de ces événements, tout comme les préjugés qui en sont généralement (et totalement) dépourvus.
Tous les comédiens sont bons, sont convaincants, nous entraînent dans le récit tête -et coeur- premiers. Comme je viens de dire tous, je dois donc préciser que ceci s’applique même à Sandra Bullock, qui n’est pas ma comédienne préférée, disons, dans un rôle assez inusité versus son registre habituel. Don Cheadle (qui joue un détective), Matt Dillon (un policier) et Thandie Newton (l’épouse d’un réalisateur) tiennent respectivement tous -et de très belle façon- des personnages remplis de nuances et de contradictions, ce qui fait partie intégrante de l’intérêt du scénario.
Le genre de film qui, pour mon plus grand plaisir, nous laisse un peu déstabilisé, qui nous remet en question et nous donne beaucoup de matière à réfléchir. Troublant, on peut le dire!
Réal.: Paul Haggis, É.U., 2004 (il a beaucoup écrit pour la télé précédemment, dont plusieurs épisodes de «Thirtysomething» et «Due South» et c’est également lui qui a écrit le scénario de «Million Dollar Baby»).

Corpse Bride

Le dernier film de Tim Burton, dont j’affectionne particulièrement l’imagination débridée et l’immense talent de direction artistique (valant généralement, à lui seul, le déplacement).
Une histoire que j’ai suivie avec curiosité et intérêt, malgré le certain malaise ressenti au départ: quand, après le générique, les personnages se sont subitement mis à chanter, au lieu de parler! Je n’avais pas lu sur le sujet, comme je fais généralement avant de voir un film. Je ne savais donc pas qu’il s’agissait d’un film d’animation virtuelle avec, en prime, plusieurs chansons et un traitement de style comédie musicale. Mais finalement on s’habitue, et ce ne sont que des prestations ici et là. D’ailleurs, la trame musicale est très bonne et très variée.
Comme c’est souvent le cas pour des films d’animation (les bons, j’ajouterais), le «casting» est impeccable. On dirait même que les personnages finissent par ressembler aux comédiens qui les animent par leurs voix. Johnny Depp tient le rôle principal du fiancé, Victor, Helena Bonham Carter est Emily, la «mariée cadavérique» et Emily Watson, qui complète le tableau, dans celui de Victoria, la fiancée en titre, en chair et en os.
L’histoire est simple (quelque peu farfelue) et intéressante: un fiancé, à la maladresse aussi grande que le cœur (qui est énorme, je précise en passant), se retrouve tout à coup plusieurs pieds sous terre, après avoir malencontreusement pratiqué ses vœux de mariage et ayant, du même coup, réveillé les ardeurs (et aspirations déçues) d’une défunte et dévastée fiancée. Un scénario assez original, sympathique, malgré le macabre sujet apparent. Très bien produit et réalisé. C’est tellement bien fait. Les dessins, l’animation, le style si caractéristique de Burton, les couleurs. Vraiment très beau.
Bizarrement -et ça m’a intriguée tout au long du film-, j’ai trouvé que le personnage féminin principal, «la mariée», ressemblait comme deux gouttes d’eau à une actrice bien connue. Mais qui? MAIS QUI??? Finalement, j’ai trouvé: Émanuelle Béart!!! Bon, c’est peut-être mon imagination, mais vraiment, je lui trouve de grands airs de famille (surtout les yeux et la bouche).
Mine de rien, un sujet qui nous réconcilie un tout petit peu avec le difficile concept de la mort, qui en profite même pour nous causer d’amour, d’intégrité, de respect et donc aussi, à l’inverse, de sentiments beaucoup moins enlevants tels que la méchanceté, la trahison, etc.
Réal.: Tim Burton, U.K., 2005.

De battre mon cœur s’est arrete

Le dernier film que j’ai vu dans ma cuvée 2005 du FNC.
Il s’agit d’abord de toute une prestation de la part de Romain Duris (Tom), surtout pour un premier rôle aussi dramatique et intense. Tom est un jeune homme dans la fin vingtaine qui est déchiré entre suivre les traces de son père et continuer ses magouilles dans le monde de l’immobilier et entreprendre une nouvelle carrière comme pianiste, à l’image de sa défunte mère qui lui a apparemment légué une bonne partie de son talent. Duris est tellement convaincant dans son rôle, il nous donne l’impression de le connaître, presque.
Le film est très violent. De la violence crue, car réaliste et remplie de proximité. J’ai souvent eu le réflexe de me fermer les yeux et même de me recroqueviller un peu, comme pour éviter un coup.
L’histoire est intéressante et nous accroche dès les premiers instants du film. La tension et l’atmosphère sont maintenues tout au long. On ne sait trop ce qui va arriver, et on craint le pire. Nous suivons Tom dans ses choix, ses déchirements et ses rêves.
Tous les comédiens sont bons. Niels Alestrup, qui joue le père de Romain Duris, est d’un pathétisme et d’une mauvaise foi navrante. Il nous démontre avec style (je ne peux utiliser le mot « grâce » dans les circonstances) qu’alors que certains vendraient leur mère pour un peu d’argent, d’autres, pourraient en faire tout autant, même avec leur progéniture chérie … Enfin! C’est MON interprétation! Les deux comparses et amis de Tom, Fabrice (Jonathan Zaccaï) et Sami (Gilles Cohen) lui donnent une réplique mordante et percutante, à l’image de leurs rôles respectifs.
J’ai particulièrement aimé les jeux de pouvoir, la fine ligne entre honnêteté et escroquerie, parfois, la volonté et le courage des individus qui peuvent être plus forts que leurs propres ambitions, même démesurées. Et la place de la vengeance -et de la loyauté- dans tout ça. La caméra suit simplement les acteurs dans leurs aventures. Le rythme y est soutenu, rapide, plein de mouvements et rebondissements. Efficace.
La musique tient également une grande place dans l’histoire, à travers Tom et son retour au piano, ce qui fait un formiable contraste à la dureté des propos et des événements. Idem pour sa professeure, une jeune virtuose chinoise récemment arrivée en France, et la relation qu’il entretiendra avec elle qui sera tout sauf facile, et à l’opposé de ce qu’il connait généralement.
Il s’agit d’un remake d’un film américain de 1978, « Fingers » de James Toback. Que je n’ai pas vu. Alors je n’aurai pas le loisir d’en dresser un parallèle, quel qu’il soit. Ce qui est tant mieux, ou tant pis, que sais-je moi?, dans les circonstances… Mais comme il est très rare que les remakes soient faits par des Français (vs des Américains, en plus), j’y vais d’un coup de dé -et d’une énorme généralité- en pariant que celui-ci est meilleur! Juste pour le plaisir de la chose!
Réal.: Jacques Audiard, France, 2005.