Je l’ai assurément déjà écrit, j’aime beaucoup le cinéma –et la folie/l’imaginaire- de Tarantino.
Mais cette fois, j’avais vu la bande-annonce et le popcorn m’était un peu resté coincé dans la gorge, à cause de l’intense violence qui s’en dégageait.
Et je m’étais, tout bêtement, convaincue que je n’irais pas voir son dernier film. Car il m’apparaissait trop violent, trop gratuit. Et que je ne m’en sentais donc pas capable.
Qu’est-ce que je suis contente d’être revenue sur ma décision. J’aurais manqué un grand moment de cinéma.
Merci à MH, au bureau, qui m’a témoigné son intérêt pour le film, malgré la grande violence. Et qui m’a suffisamment intriguée pour me donner le goût de m’y rendre à mon tour, ayant pris bonne note de ses mises en garde (tel que la scène du soldat au ‘bat de baseball’).
Dès le générique, je suis happée par l’histoire, l’univers graphique et ‘cartoonesque’ de Tarantino (ses sous-titres, la présentation de ses personnages, ses enchaînements). Et malgré la longueur du film (2h33 min), je n’ai pas décroché deux secondes, complètement rivée à l’écran, inconfortablement assise sur le bout de mes fesses, malgré moi. Et faute à Tarantino.
Rarement film n’est plus captivant, du début à la fin. Et que dire de ce début: cette interminable scène où l’on fait la connaissance du ‘Jew Hunter’, hallucinant Christoph Waltz, sur les épaules duquel repose en grande partie la crédibilité du film, je dirais.
En gros, un chassé-croisé qui se passe en France, pendant la 2e guerre mondiale, entre des nazis allemands qui font la rencontre d’un bataillon juif-américain -sans peur et sans regret- qui a décidé de semer la panique et de les faire souffrir, et mourir. Ou l’un ou l’autre, à leur propre choix d’ailleurs.
Brad Pitt y est également excellent de drôlerie, dans l’improbable rôle du sudiste lieutenant Aldo Raine. L’homme qui veut des scalps. Beaucoup, de scalps. Et qui a le plus délicieux, mais ô combien grotesque, accent.
On y fait la rencontre de personnages satellites tels que la belle Shosanna (très bonne Mélanie Laurent), jeune juive sortie miraculeusement indemne des griffes des nazis (mais dont la famille n’a pas eu la même chance), et qui décide de refaire sa vie en France, avec des grandes ambitions cinématographiques –et graphiques- devant elle.
Et la belle Diane Kruger, très convaincante dans le rôle d’une cantatrice allemande. Et de plusieurs autres personnages aussi colorés qu’animés par leurs causes respectives, qu’elle soit allemande, anglaise, américaine ou simplement personnelle. Dont le talentueux Daniel Brühl, qui crevait l’écran dans ‘Good Bye Lenin!’ et le fait encore cette fois-ci, dans un tout autre rôle, cette fois.
Des scènes d’anthologie… Celle du début, bien sûr, celle de Brad Pitt et ses amis du bataillon de ‘basterds’ qui expliquent à un lieutement nazi fait prisonnier les ‘choix’ qu’il a, puis sa rencontre avec l’homme au célèbre ‘bat de baseball’, celle du restaurant, avec Mélanie Laurent et son strudel au pomme, celle du petit bistro souterrain avec le petit jeu de devinette, celle du film du ‘héros de guerre’ et bien sûr, bien sûr, le fantasme ultime de la 2e guerre mondiale: la dernière scène. Qui nous en donne, à elle seule, bien plus que pour notre humble pécule. Et tant d’autres…
Autre plaisir: les dialogues, qui passent de l’anglais au français, puis à l’allemand, et retour au français et à l’anglais, pour ensuite nous faire dans l’italien. Certains comédiens maîtrisant d’ailleurs TOUTES ces langues, tel Christoph Waltz. Vraiment impressionnant, Er Mister…
Un film puissant. À l’humour toujours aussi cynique et cinglant, efficace, à la caméra volontairement perverse et habile, au rythme incroyable –et soutenu- malgré la durée.
C’est très, très violent. On ne s’en sort pas. Mais l’intérêt du scénario, des dialogues, du montage et du rythme, du jeu des acteurs, nous permet de passer un peu par-dessus. Je dis bien un peu. Mais en même temps, comme c’est un film de guerre, et de la 2e guerre mondiale, en plus… le contraire serait aussi surprenant que de maigrir et/ou retrouver la santé en mangeant du fast-food, non?
Quentin Tarantino, É.U./Allemagne, 2009.

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