Catégorie : De mes yeux vu

The Assassination of Richard Nixon

Autre film tout droit sorti du dernier FCMM.
Sean Penn est un de mes acteurs fétiches. Une fois de plus, avec ce film, il confirme et même, en rajoute! Il y campe ici Samuel Bicke, un homme déçu, un vendeur désabusé, troublé, perturbé, malheureux qui perdra tout (famille, emploi, logement) et qui blâmera son patron, la société, le système tout entier -à travers son ultime responsable-: le Président, Richard Nixon.
Penn est fascinant de justesse, d’intensité, de complexité aussi. Quel grand acteur… Il nous fait subtilement glisser, avec son personnage, sur la dangeureuse pente de la paranoïa et de la folie, gagnant d’abord notre sympathie puis nous le faisant regretter lentemement par la suite. On est triste pour lui, déçu, puis navré. La trame dramatique est très habilement maintenue par le rythme constant mais lent, par les longs plans d’attente, par l’attitude tellement changeante et instable de Bicke. On suit tranquillement mais sûrement sa dégringolade, par des retours en arrière (et un bon montage). L’atmosphère lourde et un peu glauque, qui nous maintient dans un espèce de malaise, est incroyable.
Naomi Watts (qui joue son ex-femme) est elle aussi toujours aussi bonne comédienne. Que de talent réuni dans ce seul couple! (dans le film, je veux dire). Elle, pour sa part, essaie de refaire sa vie avec leurs enfants tout en ménageant son ex-mari, qui, on le devine, continue encore et toujours de lui faire des promesses… et de ne pas les tenir.
On apprend également plusieurs choses sur cette période, aux plans économique, social, politique. La reconstitution est bien faite et intéressante. Les scènes où Bicke se fait enseigner les rudiments de la vente (à coups de bouquin et cassettes de motivation) par son patron et l’employé-vedette de celui-ci sont surréalistes. Et les réactions de Penn, en conséquence.
Même si le film se passe en 1974, déjà, les thèmes du terrorisme et de la guerre sont présents. De même que celui de la démocratie et de la place réelle qu’elle prend ( ou la nature qu’elle revêt?) dans cette société et encore aujourd’hui. On ne peut plus actuel, vraiment!
Réal.: Niels Mueller, É.U., 2004.

Les Choristes

Énoncé de façon concise et simple: un très joli film.
Joli parce qu’il nous raconte une histoire relativement positive et touchante. Et parce qu’il parle de choses pas très «sexy», pas très commerciales mais tellement importantes et universelles: le besoin d’amour (toutes origines confondues), le sentiment d’appartenance, le besoin de reconnaissance, la compassion, la passion, la gentillesse, mais aussi la méchanceté, la suffisance, la frustration, le mal-être. Et ce que tous ces choses peuvent avoir comme répercussions dans la vie d’une personne.
Gérard Jugnot, que j’aime bien comme comédien, m’a semblé encore meilleur dans ce rôle. Il est posé, émouvant, intègre, modeste dans ce très beau rôle de musicien n’ayant pas officiellement réussi (c’est ma version des faits), mais en individu et en professeur ayant on ne peut plus maîtrisé l’art de communiquer ses passions ainsi que ses formidables valeurs. En pensant à son personnage, on se dit que c’est vraiment quelqu’un de bien. Et qu’on aurait aimé l’avoir comme professeur, nous aussi!
Clément Mathieu (Jugnot) est un suppléant arrivant dans un collège pour jeunes enfants ayant des troubles de comportement (et quelques-uns étant abandonnés ou orphelins). Le collège est dirigé par un homme dur et intransigeant, sous le signe de la répression la plus totale («action/réaction», comme il explique lui-même). C’est donc l’histoire de l’arrivée de cet homme, son impact sur les enfants, le collège, de même que les autres enseignants.
Presque tous les enfants sont très bons, crédibles, attachants. Même ceux qui ont des personnages plus difficiles, disons, arrivent à nous communiquer leurs sentiments de toutes sortes et à nous atteindre à travers ceux-ci. Parce que la vie n’est jamais toute blanche ou toute noire, comme on le sait, et que la façon dont évoluent les gens a généralement beaucoup à voir avec leurs environnements familial, social, leur éducation, etc.
La trame musicale est tellement belle, presque lyrique. Quelles voix ont ces enfants, c’est vraiment impressionnant. On ressort du film rempli de toutes ces voix, avec plusieurs images et petits sourires en tête, le coeur un peu serré, mais somme toute léger…
Réal.: Christophe Barratier, France, 2004.

Vera Drake

Un autre film tout droit sorti de la cuvée FCMM 2004, que j’avais manqué à ce moment. Mais que j’avais hâte de voir… avec raison puis-je ajouter maintenant!
C’est le genre de film qui vient vraiment vous chercher… L’histoire d’une femme d’une bonté si entière et si authentique (à faire pleurer, même, dans mon cas!), une mère de famille adorable et une épouse attachante, toujours prête à aider les autres, toujours de bonne humeur, que tout le monde aime (comment faire autrement)?!? Mais à qui toute cette bonté coûtera cher… malheureusement et tellement ironiquement.
Le film aborde le difficile sujet de l’avortement dans l’Angleterre des années 50 (sujet encore d’actualité, d’ailleurs), à travers la vie connue et la vie cachée de cette femme, Vera Drake. Deux réalités, deux pôles d’activités mais une seule protagoniste et un même but: celui d’aider les autres.
Un film tout en émotion, pendant lequel on retient notre souffle à quelques reprises. Par peur de ce qui peut se passer, par tristesse de confirmer, tranquillement, les différents événements. On voudrait tellement que cette femme soit traitée et reconnue à sa juste valeur. On en arrive même à oublier les gestes qu’elle a posés et les conséquences possibles (et graves) de ceux-ci.
Imelda Staunton est tout simplement grandiose dans ce rôle. Grandiose de simplicité, de nuances, de dignité, de douceur et de calme. Phil Davis, qui campe son mari, est également formidable et très convaincant. Comme on aimerait les avoir dans notre famille, ces deux-là… (même si j’adore la mienne -en passant- rien à voir!). La reconstitution de la période est très bonne. Les personnages sont tous intéressants et typés.
Un très beau film, qui met en lumière, du même coup, plusieurs autres dualités sous-jacentes: la douceur du rythme et la dureté des événements, les classes sociales qui se côtoient et leurs réalités propres, l’amour et la désillusion, la vérité et le mensonge, les choix et leurs conséquences. Vraiment touchant.
Réal.: Mike Leigh, Royaume-Uni, 2004.

Sideways

Couronnée meilleure comédie aux Golden Globe cette année. Une comédie somme toute dramatique (au sens de «ça parle des vraies affaires»), avec de très bons acteurs. Thomas Haden Church et Paul Giamatti sont vraiment formidables dans leurs rôles respectifs d’acteur/tombeur qui est sur le point de se marier (Jack) et d’écrivain-amateur-de-vin-en-plein-divorce-et-crise-existentielle (Miles). Mention spéciale pour le 2e, qui porte en grande partie le récit -et le film- sur ses pauvres épaules déjà très chargées et même un peu tombantes (je parle de son personnage, bien sûr!).
Une semaine dans la vie de deux amis. Un «road movie» en terre fertile, avec croisée des chemins: la célèbre route des vins de cette région, l’amour du vin et des bonnes choses, l’amour tout court et finalement, l’amitié. Et la place de chacun dans la vie de ces deux hommes… et de deux femmes qu’ils rencontreront au passage (mais certes pas au hasard!). L’histoire est intéressante, mais un peu tirée par les cheveux, je trouve, ou disons un peu arrangée avec l’autre (le fameux gars des vues), parfois. Un sujet des plus réaliste, traité sans prétention.
Les dialogues sont vraiment drôles et intéressants. L’humour est bon et efficace. Sarcastique et ironique, comme je l’aime. Je me suis même esclaffée tout haut à quelques reprises… malgré ma Jani-de-copine, qui dormait allègrement sur le divan d’à côté! (est-ce que ça se peut, ça, dormir allègrement… je vous le demande!?!). Les paysages de Californie et les images de vignobles sont très belles.
Tout en douceur, on réfléchit, une fois de plus, puisqu’il s’agit de thèmes on ne peut plus récurrents actuellement au cinéma. Entendre les relations homme-femme, et plus particulièrement les problèmes ou les fins de relation. En passant par la fidélité et la loyauté. Ce qui peut s’appliquer tant à l’amour qu’à l’amitié, apparemment.
J’ai déjà mentionné ne pas aimer les fins qui n’en sont pas, qui nous laissent l’obligation de décider, comme si le réalisateur n’avait pu trancher lui-même, ou alors de façon trop obscure ou un peu «pseudo». Dans ce cas-ci, disons que l’ouverture est voulu, franche et même agréable. Du moins à mon humble avis!
Réal.: Alexander Payne, É.U., 2004.

Un air de famille

J’ai eu le grand plaisir de revoir ce film lors de mon périple en Gaspésie, en compagnie de ma copine Nathalie, de surcroît. Je le dis et je le répète: un petit bonheur arrive rarement seul!
Un film comme je les aime tant. Selon un scénario d’un de mes duo préféré, j’ai nommé Jaoui-Bacri (en collaboration avec le réalisateur). Ils sont également de la distribution, bien sûr, ce qui n’enlève rien à l’affaire, bien au contraire. J’ai rarement connu de scénaristes aussi brillants, et de comédiens aussi talentueux en même temps.
Une histoire toute simple, donc: une famille, les Menard, qui se réunit tous les vendredis au café d’un des fils (Bacri), puis vont manger ensemble. Ce vendredi, c’est en plus la célébration de la fête de Yolande (délicieuse Catherine Frot), l’épouse et la belle-soeur de service. Jean-Pierre Darroussin est aussi efficace qu’effacé en serveur du café et ami non-officiel de Jaoui. Chacun a ses inquiétudes, ses petits et grands problèmes, qui viendront teinter tout autrement les festivités et la soirée. Beaucoup de discussions, d’argumentations, de jugements et de remises en question. Et quelques petites évolutions et constats, tranquilles mais touchants, à travers tout ça.
Comme toujours, c’est filmé très simplement. Des dialogues mordants, intelligents, dérangeants, savoureux. Ce duo a, depuis toujours, cette manière incroyable de nous montrer les gens et les relations, les travers de ceux-ci. Mais de façon tout aussi simple que percutante. L’humour est grinçant et omniprésent. Mention spéciale pour la scène où Yolande développe ses cadeaux, quelques verres et quelques heures plus tard dans la soirée. Un grand moment!
Même si le film date de plusieurs années déjà, il est toujours aussi intéressant et d’actualité. En théorie, une soirée dans la vie d’une famille, mais qui nous permet de comprendre presque toute leur histoire et leurs enjeux. À découvrir ou revoir!
Réal.: Cédric Klapish, 1996, France.