Catégorie : De mes yeux vu

La Mala Educacione

Encore un parmi la cuvée 2004 du FCMM. Deux incontournables, donc!: le festival et Pedro Almodóvar. Que j’aime d’amour…
Son dernier et probablement son plus «traditionnel» aussi. Pas de le sens «traditionnel» du terme (si vous voyez ce que je veux dire?) et si vous connaissez un peu le réalisateur. Disons que le film est un peu plus «conventionnel» dans le montage, la façon dont il est présenté. Pas dans les sujets ni la passion avec laquelle ils nous sont racontés, ni même à travers les personnages. Le cinéma d’Almodóvar est toujours aussi intense et rempli d’excès de toutes sortes (amour, haine, sexualité, sensualité, travestissement, passion, etc.). Dans ce cas-ci, on sent une certaine note autobiographique, une dénonciation aussi. Un passé assez lourd. Des événements déchirants et marquants.
C’est l’histoire de deux jeunes hommes qui se retrouvent après plusieurs années, s’étant connus et découverts mutuellement à la petite école. Les souvenirs qui refont surface, l’idylle commencée qui se continue mais de façon inattendue, incompréhensible, pour l’un comme pour l’autre. Beaucoup de drames qui se continuent dans le temps, nous en dévoilant de plus graves. Mélange de genres et d’identité, amour, trahison, vengeance et religion. Un cocktail troublant et explosif, s’il en est un.
Gael García Bernal est vraiment fabuleux dans ce rôle (Ignacio), tant en homme qu’en femme. À ma plus grande surprise, il est aussi belle que beau (ce qui n’est pas peu dire, et certainement pas donné à tout le monde non plus!). Avec quelques autres acteurs-trices chers-ères à Almodóvar.
Comme pour la plupart de ses films je suis entrée complètement dans le récit, je l’ai vécu en même temps que les protagonistes, j’ai ri beaucoup (pas toujours de joie), j’ai été tour à tour émue et même révoltée. Almodóvar est pour moi le cinéaste des excés, de la passion, de l’intégrité aussi. Celle des êtres et des sentiments. Celle des choix… Si proche elle-même (bien souvent) de la folie. De sa belle et intense folie.
Réal.: Pedro Almodóvar, Espagne, 2004.

Top Gun

Ouuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii! Finalement, je l’ai vu! Je suis certainement la DERNIÈRE fille AU MONDE à me le taper, mais voilà: c’est fait! Mission accomplie!!! Depuis le temps que j’en entendais parler, de ce classique et top-k-taine film de fille, qui a rendu si célèbre la chanson « Take my breath away »… Bon! Si ça ne l’a pas vraiment fait pour moi, ça m’a quand même permis de fantasmer un peu, soyons honnête!?! Un beau petit fanstasme aussi k-taine que viril. Des fois, ça fait du bien. HA!
Un film de 1986… trop drôle! On reconnait trop bien la mode (vestimentaire et capillaire) des années 80. D’ailleurs j’ai eu pendant quelques temps la coiffure de Kelly McGillis (mais malheureusement ni la job ni le pilote qui est venu avec dans son cas!) (pouet-pouet-pouet???). Et Tom Cruise en Maverick, avec sa brosse, en top-fendant de première classe. Mais avec un top-body, abdos-bananes et tout! Ouuuuuuhlalaaaaa! Je l’avoue humblement, j’étais un peu sous le charme par moment! Non mais!?! Admettons que, dans le genre top-testostérone, avec super-jet, moto et tout, on peut difficilement trouver mieux!
Un gros « trip de gars », j’imagine?, et une « belle petite ride » pour une fille. Certes pas un grand film (loin de là). Plutôt une savante adaptation pseudo-contemporaine à mi-chemin entre Cendrillon, La Belle au Bois Dormant et Ulysse. Ça s’peut, j’trouve!?! Avec la belle morale sur la confiance en soi et celle des autres, l’acceptation de la perte d’autrui et la capacité d’aller -toujours- de l’avant (et de plus en plus haut)! W-o-w! Comme quoi on ne réinvente définitivement pas la roue, hein?
En passant, aviez-vous remarqué et/ou vous souvenez-vous que Tim Robbins (un de mes acteurs préférés) faisait partie de la distribution? (assez garnie, d’ailleurs). J’ai failli en avaler mon petit «drink post-Noël» avec le verre! Il jouait le co-pilote de Tom Cruise, en tout dernier, après que « Goose » soit mort. Goose que nous devions d’ailleurs revoir, beaucoup plus tard, en top-médecin dans ER! Et Meg Ryan dans le rôle de sa femme (incroyable comme elle n’a pas changé d’un cheveux, elle! Ou si peu!) Que dire de Val Kilmer en autre apprenti-pilote fendant, mais à la bonne conduite, celui-là?. Trop, trop drôle!
Un gros merci à Geni pour l’impressionnante mémoire et le bon moment qui en a découlé! (j’ai levé mon verre à ta santé, ma belle!).
Une bonne chose de faite, une!
Réal.: Tony Scott, É.U., 1986.

Effroyables jardins

Ce film-là piquait ma curiosité depuis quelques temps, mais le nez de clown sur la pochette finissait par me décourager chaque fois! Parce que j’haïs les clowns. C’est pas personnel, c’est pas ma faute, c’est comme ça! Une haine totale, universelle, entière. Voilà, c’est dit. Ça fait du bien! Et je sais ne pas être la seule: plusieurs personnes de mon entourage haïssent les clowns aussi, dont mon meilleur ami François. Mais comme il avait vu et aimé ce film… pourquoi pas!?!
Eh bien c’est peut-être la fatigue et les excès du temps des fêtes, mais j’ai bien aimé moi aussi. Un beau petit film, que j’ai même trouvé émouvant. Avec Jacques Villeret et André Dussolier (tous deux assez crédibles – sauf pour la perruque de Dussolier!) en duo comique qui décident de se mêler de la résistance (2e guerre) et dont le coup d’éclat tourne très mal. Avec Thierry L’Hermite (que j’ai trouvé très moyen) et Benoit Magimel (très bon et surtout très très beau! hihihi!).
Une Énième variation sur le thème de la 2e guerre. Une variation originale, qui aborde principalement le côté humain de celle-ci. Ou plutôt l’absurdité et le manque d’humanisme. Et dont un soldat allemand au grand coeur et aux talents pour la comédie en fera les frais. Un film qui parle d’amitié aussi, de solidarité. Que voulez-vous, toutes des qualités qui me tiennent à coeur! (on a tous nos points faibles, non!?!). Le prétexte est un peu exagéré mais somme toute intéressant: le fils de Villeret, qui n’apprécie pas le côté clownesque de son papa apprendra toute l’histoire à l’origine de celui-ci et verra les choses autrement. Moi aussi, je l’avoue, j’ai eu un cœur mou pour un clown! (mais c’est déjà fini!).
Le «making of» du dvd m’a confié qu’il s’agissait de plus d’une vraie histoire de famille, ce film, entre Jean Becker (réalisateur) et son fils (pouet! j’ai oublié son nom!) qui est à l’origine du projet (il avait lu le livre l’avait offert à son père).
Ça m’a fait plaisir!
Réal.: Jean Becker, France, 2002.

Un long dimanche de fiancailles

Un autre beau et bon film à l’Ex-Centris, avec super Julie!
J’avais doublement hâte de le voir, celui-là. Parce que j’aime beaucoup Jean-Pierre Jeunet et que j’attendais son prochain avec hâte. Mais aussi parce que c’est l’adaptation d’un roman d’un de mes auteurs préférés, Japrisot. Et comme j’avais beaucoup aimé ce roman…
Au début, comme le soulignait Julie, il semble y avoir plusieurs similitudes avec la fameuse Amélie Poulain (en fait, dans l’intro du film et la mise en situation), mais cela s’estompe très vite. Parce que l’histoire en est une, ici, de longue quête, d’effroyable guerre, de multiples drames… sur trame de fond d’espoir et d’amour. L’histoire d’amour -depuis toujours- entre Mathilde et Manech, celle de la mort annoncée de ce dernier avec quatre de ses compatriotes et le refus de Mathilde de s’y résigner. Une belle histoire, mais très dure. La trame sonore et la musique contribuent fortement (dans les sens de «beaucoup» et de «haut niveau sonore») à l’atmosphère dramatique.
Les images, la caméra et plus particulièrement les couleurs sont toujours aussi belles. Bouleversantes. Beaucoup plus en nuances, faites de jaune, de sépia et d’un peu de vert. Des couleurs moins franches, plus diluées, diffuses, qui ajoutent à la reconstitution historique. Justement, de ce côté, c’est vraiment très bien réussi. Il est presque magique de retourner dans le Paris de la fin des années ’10, avec Audrey Tautou en plus!
Une autre magnifique prestation de Audrey en Mathilde, infatiguable amoureuse et héroïne malgré elle. Je souligne aussi les rôles de la tante et de l’oncle, formidablement rendus par Chantal Neuwirth et Dominique Pinon. Ils sont si gentils et attachants, on a envie de les avoir nous aussi dans notre vie! On a même une belle surprise en la personne de… je ne le dirai pas, pour ceux et celles que ça intéresse et qui ne le savent pas! (Ils devineront bien!). Nous assistons au dernier rôle de Ticky Holgado, décédé en janvier 2004. Une révérence qu’il nous tire de très belle façon.
C’est une grande fresque, majestueuse, émouvante, captivante. Ce n’est pas un film révolutionnaire (sans jeu de mot!), mais c’est un très bon long métrage, une réalisation impressionnante et soignée. Du vrai Jean-Pierre Jeunet.
Réal.: Jean-Pierre Jeunet, France, 2004.

Comme une image

Un autre formdiable scénario (primé à Cannes) d’un de mes duos préférés, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri. Réalisé par Jaoui. Que j’ai eu le grand plaisir de visionner au FCMM cette année avec ma super complice Julie (mais c’est souvent comme ça, les bonnes nouvelles: quand ça commence, ça n’arrête plus!).
JPB à son meilleur et donc, à son pire! Ce qui n’est pas rien, quand on connait un peu le comédien et ses rôles-types. Dans ce film, il campe un écrivain reconnu, archi-imbu de lui-même, méga-égocentrique et ultra-condescendant. Comme quoi, quand on se donne la peine et qu’on veut vraiment, tout est possible! Et pour une seule personne, faut le faire! Et Bacri le fait très bien. Toutes les occasions sont bonnes -et meilleures les unes que les autres- pour lui permettre de lâcher une vacherie ou pour manquer de considération.
Sa fille est jouée par Marilou Berry (celle de Josianne Balasko dans la vraie vie). Elle est très crédible. Très convaincante dans un rôle assez difficile et paradoxal: celui de Lolita, la fille plutôt ronde et complexée de l’écrivain célèbre, avec tout ce que cela comporte comme poids mais aussi comme avantage (qui devient alors doublement difficile à porter, vous me suivez?) , en plus de l’amour paternel, inconditionnel et même maladif. Comme il est vrai que la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre… elle n’est pas au bout de ses peines, la pauvre! Mais heureusement, elle fera la rencontre d’un jeune homme extraordinaire (de candeur et de patience).
Agnès Jaoui est vraiment ex-qui-se. J’aime le côté nuancé, un peu hypocrite mais sincère, avec le recul et le regard critique (de plus en plus aiguisé) que son personnage a tout le long du film. Elle campe la femme d’un écrivain en devenir qui est également la prof de chant de Lolita. Et qui cheminera beaucoup, par la force des choses et la faiblesse des individus qu’elle cotoie.
Plusieurs histoires qui se croisent, se mêlent, mêlent également les cartes. Celles de tous ces personnages et leurs démêlés amoureux et professionnels, étroitement liés les uns aux autres (bien sûr). D’où l’intérêt premier, cet espèce d’art que maîtrise de plus en plus le duo Jaoui/Bacri: celui de nous provoquer, nous faire réagir puis réfléchir, en nous lançant comme ça, en plein visage, tous nos petits comme nos pires travers. Avec les peurs et les espoirs qui les accompagnent généralement. Relations humaines au quotidien, sans la censure et surtout le politiquement correct. Avec toujours de très bons dialogues, crus, corrosifs, émouvants, toujours dérangeants de lucidité.
J’aime, j’aime, j’aime! (mais vous l’aviez probablement deviné?)
Réal.: Agnès Jaoui, France, 2004.